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Pour la première fois, Harry put enfin enfourcher son Éclair de Feu et décoller.

C’était encore mieux que tout ce qu’il avait pu imaginer. À la moindre caresse, l’Éclair de Feu virait avec une précision incomparable. C’était comme s’il avait obéi à ses pensées plutôt qu’à ses gestes. Harry traversa tout le terrain à une telle vitesse que le stade autour de lui se transforma en un mélange confus teinté de vert et de gris. Il prit ensuite un virage si serré qu’Alicia Spinnet poussa un cri de terreur, puis il descendit en piqué jusqu’à frôler l’herbe du bout des pieds avant de remonter en chandelle jusqu’à une hauteur de quinze mètres.

– Harry ! Je lâche le Vif d’or ! cria Dubois.

Harry vira et fit la course avec un Cognard qu’il n’eut aucun mal à dépasser. Il vit alors le Vif d’or filer dans les airs et ne mit pas plus de dix secondes à l’attraper au creux de sa main.

Les acclamations enthousiastes de ses coéquipiers retentirent dans le stade. Harry relâcha le Vif d’or, lui laissa prendre une minute d’avance, puis se lança à sa poursuite en se faufilant entre les autres joueurs. Il le repéra près du genou de Katie Bell, fondit sur elle, la contourna aisément et attrapa à nouveau le Vif d’or.

Ce fut leur meilleure séance d’entraînement. L’équipe, galvanisée par la présence de l’Éclair de Feu, se surpassa et lorsque tout le monde fut redescendu sur la pelouse, Dubois n’adressa pas la moindre critique à ses joueurs, ce qui était bien la première fois, comme le fit remarquer George Weasley.

– Je ne vois pas ce qui pourrait nous arrêter demain ! s’exclama Dubois. À moins que… Harry, tu as réglé ton problème avec les Détraqueurs ?

– Oui, répondit Harry, en pensant à son maigre Patronus qu’il aurait souhaité plus consistant.

– Les Détraqueurs ne reviendront pas, Olivier. Dumbledore serait fou furieux, assura Fred.

– Espérons que tu as raison, dit Dubois. En tout cas, vous avez fait du bon travail, tous… On retourne au château. Couchez-vous de bonne heure…

– Je reste encore un peu, dit Harry. Ron voudrait essayer l’Éclair de Feu.

Et tandis que les joueurs rentraient au vestiaire, Harry alla rejoindre Ron qui était redescendu sur le terrain. Madame Bibine, elle, s’était endormie sur son gradin.

– Vas-y, dit Harry en tendant l’Éclair de Feu à Ron.

Avec une expression extatique sur le visage, Ron enfourcha le balai et s’éleva dans le crépuscule sous le regard de Harry. Lorsque Madame Bibine s’éveilla en sursaut, la nuit était tombée. Elle était furieuse qu’ils ne l’aient pas réveillée avant et insista pour qu’ils rentrent immédiatement au château.

Harry, son balai sur l’épaule, quitta le stade en compagnie de Ron, tous deux rivalisant d’éloges sur les performances de l’Éclair de Feu.

Ils étaient à mi-chemin du château lorsque Harry aperçut soudain sur sa gauche quelque chose qui lui fit l’effet d’un coup de poing à l’estomac : une paire d’yeux qui brillaient dans l’obscurité.

Il se figea sur place, le cœur battant à tout rompre.

– Qu’est-ce qu’il y a ? s’étonna Ron.

Harry tendit le doigt. Ron sortit sa baguette magique et murmura : « Lumos ! »

Un rayon de lumière traça un sillon dans l’herbe et illumina un arbre. Accroché à une branche, Pattenrond se tenait à l’affût.

– Fiche le camp de là, toi ! rugit Ron.

Il se pencha pour ramasser une pierre mais, avant qu’il ait pu faire quoi que ce soit, le chat avait disparu dans un éclair orangé.

– Tu as vu ? dit Ron en laissant tomber la pierre. Elle le laisse aller où il veut. Il va sans doute croquer un ou deux oiseaux en guise de dessert après avoir dévoré Croûtard.

Harry resta silencieux. Il se contenta de pousser un long soupir de soulagement. Pendant un instant, il avait cru que ces yeux brillants étaient ceux du Sinistros. Ron et lui reprirent le chemin du château. Un peu honteux de s’être laissé aller à ce moment de panique, Harry ne dit rien à Ron et garda les yeux fixés droit devant lui jusqu’à ce qu’ils aient atteint la lumière rassurante du hall d’entrée.

Le lendemain, Harry descendit prendre son petit déjeuner en compagnie de ses camarades de dortoir qui estimaient que l’Éclair de Feu méritait une sorte de garde d’honneur. Lorsqu’il entra dans la Grande Salle, tous les regards se tournèrent vers l’Éclair de Feu et des murmures enthousiastes s’élevèrent de toutes parts. Harry constata avec satisfaction que les Serpentard paraissaient comme foudroyés.

– Tu as vu sa tête ? dit Ron d’un ton ravi en se retournant vers Malefoy. Il a l’air de ne pas y croire ! C’est parfait !

Dubois, lui aussi, prenait sa part de la gloire qui s’attachait à l’Éclair de Feu.

– Mets-le ici, Harry, dit-il en posant le balai au milieu de la table de telle sorte que le nom de la marque soit bien visible.

Les élèves de Serdaigle et de Poufsouffle s’approchèrent pour contempler l’objet. Cedric Diggory vint féliciter Harry d’avoir si avantageusement remplacé son Nimbus 2000 et Pénélope Deauclaire, la petite amie de Percy, demanda la permission de prendre le balai entre ses mains.

– Attention, Pénélope, pas de sabotage ! dit Percy d’un ton amusé tandis qu’elle examinait l’Éclair de Feu. Pénélope et moi, on a fait un pari, expliqua-t-il à l’équipe des Gryffondor. Dix Gallions d’or sur le résultat du match !

Pénélope reposa l’Éclair de Feu, remercia Harry et retourna à la table des Serdaigle.

– Harry, débrouille-toi pour gagner, chuchota précipitamment Percy. Je n’ai pas dix Gallions d’or. J’arrive, j’arrive, Penny !

Et il courut la rejoindre à sa table pour partager un toast avec elle.

– Tu es sûr que tu sauras piloter ce balai, Potter ? dit une voix traînante et glaciale.

Drago Malefoy s’était approché pour jeter un coup d’œil au balai, suivi de Crabbe et de Goyle.

– Je pense que oui, répondit Harry d’un ton dégagé.

– Il a beaucoup d’accessoires, n’est-ce pas ? dit Malefoy, les yeux pétillants de malveillance. Dommage qu’il n’ait pas de parachute… Au cas où un Détraqueur passerait par là…

Crabbe et Goyle ricanèrent.

– Dommage que tu ne puisses pas te greffer un troisième bras, répliqua Harry. Il pourrait peut-être attraper le Vif d’or à ta place.

Les joueurs de Gryffondor éclatèrent d’un rire sonore. Malefoy plissa ses petits yeux délavés et tourna les talons. Il rejoignit l’équipe des Serpentard qui se rassembla aussitôt autour de lui, sans doute pour lui demander si le nouveau balai de Harry était bien un véritable Éclair de Feu.

À onze heures moins le quart, les joueurs de Gryffondor prirent la direction des vestiaires. Le temps avait complètement changé depuis leur match contre Poufsouffle. Le ciel était à présent clair et frais et une petite brise soufflait par instants. Cette fois, il n’y aurait plus aucun problème de visibilité et Harry, malgré son trac, ressentait l’excitation que seule la perspective d’un match de Quidditch pouvait provoquer en lui. Pendant que les élèves de Poudlard envahissaient les gradins du stade, Harry ôta sa robe noire et glissa sa baguette magique sous son T-shirt en espérant de toutes ses forces qu’il n’aurait pas à s’en servir. Il se demanda soudain si le professeur Lupin avait pris place dans les tribunes.

– Vous savez ce qu’on a à faire, dit Dubois lorsqu’ils furent prêts à quitter les vestiaires. Si nous perdons ce match, nous ne serons plus dans la course. Soyez aussi brillants qu’à l’entraînement d’hier et tout ira bien !

Ils entrèrent alors sur le terrain sous les acclamations du public. Les joueurs de Serdaigle, vêtus de bleu, étaient déjà là. Cho Chang, qui jouait au poste d’Attrapeur, était la seule fille de leur équipe. Elle avait une tête de moins que Harry et celui-ci, malgré sa nervosité, ne manqua pas de constater qu’elle était particulièrement jolie. Lorsque les deux équipes se firent face, alignées derrière leurs capitaines, elle adressa à Harry un sourire qui lui donna une étrange sensation au creux de l’estomac. Et cette fois, le trac n’y était pour rien.