McGonagall se retourna lentement et regarda Harry avec une expression froide. "Je vous laisse seul pendant cinq minutes. Cinq minutes, M. Potter, dixit cette horloge."
"Je ne faisais que plaisanter", protesta Harry, alors que les rires hystériques continuaient non loin.
"Draco Malfoy a dit face à son père qu'il souhaitait être trié à Gryffondor ! Plaisanter ne suffit pas à en venir là !" McGonagall pausa, respirant lourdement. "Quelle partie de 'se faire prendre ses mesures' avez-vous interprété comme voulant dire s'il vous plaît jetez un sort de Confusion à l'univers entier !"
"Il était dans un contexte situationnel où ses actions avaient un sens de son point de vue -"
"Non. N'expliquez pas. Je ne veux pas savoir ce qui s'est passé ici. Jamais. Il y a certaines choses que je ne suis pas censée savoir, et c'est une de ces choses. Quelle que soit la force de chaos de démoniaque qui vous habite, elle est contagieuse, et je ne veux pas finir comme ce pauvre Draco Malfoy, cette pauvre madame Malkin, ou ses deux pauvres assistantes."
Harry soupira. Il était clair que le Professeur McGonagall n'était pas d'humeur à prêter l'oreille à des explications raisonnables. Il regarda Madame Malkin, qui s'appuyait toujours contre le mur, et ses deux assistantes, qui étaient maintenant toutes deux à genoux, et finalement son propre corps entouré de mètre ruban.
"Je n'ai pas encore fini avec les mesures," dit Harry avec gentillesse. "Pourquoi ne retourneriez-vous pas prendre un autre verre ?"
*Chapter 6*: L'illusion de la planification
Bla bla avertissement bla bla Rowling bla bla droits de propriété.
La partie "Après-coup" de ce chapitre fait partie de l'histoire et n'est pas omake.
Vous pensez que votre journée était surréaliste ? Essayez la mienne pour voir.
Certains auraient attendu jusqu'à après leur premier voyage au Chemin de Traverse.
"Sac de l'élément 79," dit Harry, et il retira sa main vide de la bourse en peau de Moke.
La plupart des gens auraient au moins attendu d'avoir leur baguette magique.
"Sac d'okane," dit Harry. Le lourd sac d'or apparut dans sa main.
Harry sortit le sac, puis le plongea à nouveau dans la bourse. Il sortit sa main, la remit à l'intérieur, et dit : "Sac de gages d'échange économique." Cette fois-ci sa main ressortit vide.
Harry Potter avait mis la main sur au moins un objet magique. Pourquoi attendre ?
"Professeur McGonagall," dit Harry à la sorcière perplexe qui marchait à ses côtés, "pourriez-vous me donner deux mots, un qui signifie or, et un autre signifiant autre chose n'étant pas de l'argent, le tout dans une langue que je connais pas ? Mais ne me dites pas lequel est lequel."
"Ahava et zahav," dit McGonagall. "C'est de l'Hébreu, et l'autre mot veut dire amour."
"Merci, Professeur. Sac d'ahava." Vide.
"Sac de zahav." Et il apparut dans sa main.
"Zahav veut dire or ?" s'enquit Harry, et McGonagall hocha la tête.
Harry contempla les données expérimentales qu'il avait recueillies. C'était un effort des plus bruts et des plus préliminaires, mais c'était suffisant pour soutenir au moins une conclusion :
"Aaaaaarrrgh ça n'a aucun sens !"
La sorcière a ses côtés souleva un noble sourcil. "Des problèmes, M. Potter ?"
"Je viens de falsifier chacune des hypothèses que j'avais ! Comment la bourse peut-elle savoir que "sac de 115 Gallions" est valide, mais pas "sac de 90 plus 25 Gallions" ? Elle peut compter mais elle ne peut pas additionner ? Elle peut comprendre les noms, mais pas les syntagmes nominaux de même sens ? La personne qui l'a créée ne parlait probablement pas Japonais et je ne parle pas Hébreux, donc ça n'utilise pas son savoir ni mon savoir -" Harry agita une main avec impuissance. "Les règles paraissent en gros cohérentes mais elles ne veulent rien dire ! Et je ne vais même pas commencer à m'interroger sur la façon dont une bourse peut être équipée d'une reconnaissance vocale et d'une compréhension du langage naturel, alors qu'après trente-cinq ans de dur labeur les meilleurs programmeurs en Intelligence Artificielle ne peuvent faire réaliser cette prouesse aux superordinateurs les plus rapides," Harry haleta, à la recherche d'oxygène, "mais qu'est ce qui se passe ?"
"Magie," dit le professeur McGonagall. Elle haussa les épaules.
"C'est juste un mot ! Même après m'avoir dit ça, je ne peux pas faire de nouvelles prédictions. C'est exactement comme de dire 'phlogiston' ou 'élan vital' ou 'émergence' ou 'complexité' !"
Le Professeur McGonagall rit à haute voix. "Mais c'est de la magie, M. Potter."
Harry s'effondra un peu. "Avec tout mon respect, Professeur McGonagall, je ne suis pas tout à fait sûr que vous compreniez que ce j'essaie de faire ici."
"Avec tout mon respect, M. Potter, je suis tout à fait sûre de ne pas le comprendre. A moins que - c'est juste une supposition, dites-vous bien - vous ne soyez en train d'essayer de conquérir le monde ?"
"Non ! Je veux dire oui - enfin, non !"
"Je pense que je devrais probablement être alarmée par le fait que vous avez quelque difficulté à répondre à cette question."
Harry se remémora sombrement la Conférence de Dartmouth sur l'Intelligence Artificielle de 1956. Ça avait été la première conférence jamais organisée sur ce sujet, celle qui avait créé l'expression "Intelligence Artificielle". Ils avaient identifié les problèmes clés, tels que faire en sorte que les ordinateurs comprennent le langage, apprennent, et s'améliorent eux-mêmes. Ils avaient suggéré, avec un parfait sérieux, que des progrès significatifs pourraient être accomplis par dix scientifiques travaillant ensemble pendant deux mois sur ces problèmes.
Non. Relève la tête. Tu commences juste à démêler les secrets de la magie. Tu ne sais pas vraiment si ça va être difficile à faire en deux mois.
"Et vous n'avez vraiment pas entendu parler d'autres sorciers posant ce genre de questions ou faisant ce genre d'expériences scientifiques ?" demanda à nouveau Harry. Ça lui semblait tellement évident.
Mais après tout, il avait fallu attendre plus de deux cents ans après l'invention de la méthode scientifique pour qu'un scientifique Moldu pense à étudier de façon systématique ce qu'un humain de quatre ans pouvait et ne pouvait pas comprendre. Ils auraient pu découvrir ça au dix-huitième siècle mais personne n'avait jamais pensé à regarder avant le vingtième. Donc vous ne pouviez pas vraiment blâmer le monde magique, qui était bien plus petit, si ils n'avaient pas encore étudié le sort de Récupération.
McGonagall, après avoir pincé ses lèvres pendant un moment, haussa les épaules. "Je ne suis toujours pas certaine de ce que vous voulez dire par 'expérience scientifique', M. Potter. Comme je l'ai dit, j'ai vu des étudiants nés-Moldus essayer de faire fonctionner la science Moldue à Poudlard, et les gens inventent de nouveaux Charmes et de nouvelles Potions chaque année."