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Le visage de Harry se tordit d'amertume. "Exactement ce que vous pensez, Professeur McGonagall. Exactement ce que vous pensez. J'en conclus que vous êtes un autre adulte fou auquel je ne peux pas parler, et je commence à élaborer une façon de mettre la main sur un kit de soin."

"Je suis votre gardien pour cette sortie," dit McGonagall avec une nuance de danger dans la voix. "Je ne vais pas vous permettre de me bousculer."

"Je comprends," dit Harry. Il garda la rancoeur hors de sa voix, et ne dit aucune des autres choses qui lui venaient à l'esprit. McGonagall lui avait dit de penser avant de parler. Il ne s'en souviendrait probablement pas demain, mais il pouvait au moins s'en souvenir pendant cinq minutes.

La baguette de McGonagall eut un mouvement sec, et les bruits du Chemin de Traverse revinrent. "Très bien, jeune homme," dit-elle. "Allons acheter ce kit de soin."

La mâchoire de Harry tomba de surprise. Puis il se dépêcha à sa suite, trébuchant presque dans sa précipitation.

Le magasin était tel qu'ils l'avaient laissé, avec des objets reconnaissables et d'autres incompréhensibles, disposés sur l'étal de bois incliné, la lueur grise les protégeant toujours et la vendeuse de retour à sa position originale. Elle les regarda alors qu'ils s'approchaient, son visage exprimant de la surprise.

"Je suis désolée," dit-elle quand ils s'approchèrent, et Harry dit presque au même instant : "Je vous demande pardon pour -"

Ils s'interrompirent et se regardèrent, puis la vendeuse eut un petit rire. "Je ne voulais pas vous causer d'ennuis avec le Professeur McGonagall," dit-elle. Sa voix baissa et prit un ton de conspiratrice. "J'espère qu'elle n'a pas été trop terrible avec vous."

"Della !" dit McGonagall, scandalisée.

"Sac d'or," dit Harry à sa bourse, et il s'adressa à nouveau à la vendeuse pendant qu'il comptait ses cinq Gallions. "Ne vous en faites pas, je comprends bien que si elle est aussi terrible avec moi c'est seulement parce qu'elle m'aime."

Il donna les Gallions à la vendeuse pendant que McGonagall pulvérisait un objet sans importance. "Un Pack de Soins d'Urgence Plus, s'il vous plaît."

C'était assez inquiétant, en fait, de voir l'Ouverture Élargissante avaler le kit médical qui avait la taille d'une mallette. Harry ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qui se passerait si il essayait de grimper dans la bourse lui-même, étant donné que seule la personne qui y avait mit quelque chose était censée pouvoir le récupérer.

Lorsque la bourse eut finit de ... manger... son achat durement gagné, Harry jura avoir entendu un petit rot. Ça devait avoir été ensorcelé ainsi à dessein. L'hypothèse alternative était trop horrifiante pour être contemplée... en fait Harry ne pouvait même pas imaginer une hypothèse alternative. Harry regarda McGonagall à nouveau. "Où allons nous ensuite ?"

McGonagall pointa du doigt un magasin qui semblait être fait de chair plutôt que de briques et couvert de fourrure plutôt que de peinture. "Les petits animaux sont autorisés à Poudlard - vous pourriez avoir une chouette pour envoyer des lettres, par exemple -"

"Pourrais-je payer une noise ou quelque chose et louer une chouette quand j'aurai besoin d'envoyer du courrier ?"

"Oui," dit McGonagall.

"Alors absolument pas."

McGonagall hocha la tête, comme si elle cochait une case. "Pourrais-je vous demander pourquoi ?"

"J'avais un rocher de compagnie. Il est mort."

"Vous ne pensez pas pouvoir prendre soin d'un animal domestique ?"

"Je pourrais," dit Harry, "mais je me vois déjà, obsédé à longueur de journée, me demandant si je me suis bien souvenu de le nourrir ou si il meurt lentement de faim dans sa cage, ne sachant ni où est son maître ni pourquoi il n'y a pas de nourriture."

"Pauvre chouette," dit McGonagall d'une voix douce. "Abandonnée comme ça. Je me demande ce qu'elle ferait."

"Eh bien, elle commencerait à avoir vraiment faim et à essayer de becqueter une ouverture hors de sa boîte ou de sa cage, mais ça ne fonctionnerait probablement pas -" Harry s'arrêta net.

McGonagall continua, toujours de cette voix douce : "Et que se passerait-il ensuite ?"

"Excusez-moi," dit Harry, et il prit McGonagall par la main, gentiment mais fermement, et la tira vers une autre ruelle ; après avoir évité tant de sympathisants le procédé était, presque imperceptiblement, devenu une routine. "Jetez le truc de Sourdinam s'il vous plaît."

"Sourdinam"

La voix de Harry tremblait. "Cette chouette ne me représente pas, mes parents ne m'ont jamais enfermé dans un placard ni laissé affamé, je n'ai pas de peurs d'abandon et je n'aime pas votre fil de pensée, Professeur McGonagall !"

La sorcière le regarda. "Et quelles seraient ces pensées, M. Potter ?"

"Vous pensez que j'ai subi," Harry avait du mal à le dire, "que j'ai subi des abus ?"

"En avez-vous subi ?"

"Non !" cria Harry. "Non, jamais ! Pensez-vous que je suis stupide ? Je connais le concept d'abus infantile, je sais ce que sont des attouchements inappropriés et si quoi que ce soit de ce style arrivait j'appellerais la police ! Et j'en parlerais au principal de l'école ! Et je chercherais le numéro des bureaux gouvernementaux dans l'annuaire ! Et j'en parlerais à grand-mère et grand-père et de Mme Figg ! Mais mes parents n'ont jamais fait quoi que ce soit de ce genre, jamais jamais jamais ! Comment osez-vous suggérer une chose pareille !"

McGonagall le fixait d'un oeil solide. "Il est de mon devoir en tant que Directrice Adjointe d'enquêter sur tout signe d'abus possible chez les enfants dont je prends soin."

La colère de Harry tournoyait hors de contrôle et devenait une furie noire et pure. "N'ayez jamais l'audace de souffler un mot de ces, de ces insinuations à qui que ce soit ! Personne, vous m'entendez, McGonagall ? Une accusation comme celle là peut briser des gens et détruire des familles même lorsque les parents sont totalement innocents ! J'ai lu des choses à ce sujet dans les journaux !" La voix de Harry montait et devenait un cri aigu. "Le système ne sait pas s'arrêter, il ne croit pas les parents ni les enfants lorsqu'ils disent que rien ne s'est passé ! Ne vous avisez pas de menacer ma famille avec ça ! Je ne vous laisserai pas détruire mon foyer !"

"Harry," dit doucement McGonagall, et elle tendit sa main vers lui -

Harry fit un rapide pas en arrière, sa main jaillit et il repoussa la sienne -

McGonagall se figea, puis retira sa main, et fit elle aussi un pas en arrière. "Harry, tout va bien," dit-elle. "Je vous crois."

"Vous me croyez," siffla Harry. La furie grondait toujours dans ses veines. "Ou vous attendez juste de vous être éloignée de moi pour aller remplir des formulaires ?"

"Harry, j'ai vu votre maison. J'ai vu vous parents. Ils vous aiment. Vous les aimez. Je vous crois lorsque vous dites que vous parents n'ont pas abusé de vous. Il fallait que je pose la question, car il y a quelque chose de très étrange à l'oeuvre."

Harry la fixa froidement. "Comme quoi ?"

McGonagall prit une profonde inspiration. "Harry, j'ai vu de nombreux enfants victimes d'abus durant mon temps à Poudlard, ça vous briserait le coeur de savoir combien. Et quand vous êtes joyeux, vous ne vous comportez pas comme l'un de ces enfants, pas du tout. Vous souriez aux étrangers, vous faites de câlins aux gens, j'ai mis ma main sur votre épaule et vous n'avez pas bronché. Mais parfois, seulement parfois, vous dites quelque chose qui vous fait fort ressembler à... quelqu'un qui aurait passé les premières onze années de sa vie enfermé dans une cave. Pas dans la famille aimante que j'ai vue." McGonagall inclina sa tête, son expression devenant à nouveau perplexe.