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Harry prit une profonde inspiration. "Maman, tes parents n'étaient pas des sorciers ?"

"Non," dit Pétunia, l'air perplexe.

"Alors aucun membre de ta famille ne connaissait l'existence de la magie avant que Lily ne reçoive sa lettre. Comment ont-ils été convaincus ?"

"Ah..." dit Pétunia. "Ils n'ont pas fait qu'envoyer une lettre. Ils ont aussi envoyé un professeur de Poudlard. Il -" Les yeux de Pétunia s'orientèrent brièvement vers Michael. "Il nous a fait une démonstration de magie."

"Alors vous n'avez pas à vous disputer." dit fermement Harry. Espérant contre toute logique que cette fois, juste cette fois, ils l'écouteraient. "Si c'est vrai, nous n'avons qu'à amener un professeur de Poudlard ici et à voir sa magie à l'œuvre, et Papa admettra que c'est bien réel. Et si rien ne se passe, alors Maman acceptera que la magie n'existe pas. C'est à ça que sert la méthode expérimentale, à résoudre les problèmes sans avoir à débattre."

Le professeur pivota et baissa les yeux sur lui, dédaigneux comme toujours. "Oh, voyons, Harry. Vraiment, de la magie ? Je pensais que tu en savais assez pour ne pas prendre ça sérieusement, fils, même si tu n'as que dix ans. La magie est la chose la moins scientifique qui soit au monde !"

Harry se tordit la bouche avec amertume. Il était bien traité, probablement mieux que la plupart des pères génétiques ne traitaient leurs propres enfants. Harry avait été envoyé à la meilleure des écoles primaires - et quand un événement avait rendu cela impossible, on lui avait donné des précepteurs tirés du réservoir infini qu'étaient les étudiants en doctorat affamés. Harry avait toujours été encouragé à étudier ce qui captivait son attention, on lui avait acheté tous les livres qui avaient saisi son imagination, on l'avait soutenu à chaque compétition de mathématique ou de science à laquelle il participait. On lui donnait tout ce qu'il pouvait raisonnablement désirer, mis à part, peut-être, la moindre trace de respect. On ne pouvait pas demander à un professeur titulaire de biochimie à Oxford de prêter la moindre attention aux conseils d'un petit garçon. Il fallait écouter pour Montrer son Intérêt, bien sûr ; c'était ce qu'un Bon Parent aurait fait, et donc si vous vous considériez un Bon Parent, vous écoutiez. Mais prendre un enfant de dix ans au sérieux ? Certainement pas.

Parfois Harry voulait hurler contre son père.

"Maman," dit Harry. "Si tu veux gagner ce débat contre Papa, consulte le chapitre deux du premier livre du Cours de Physique de Feynman. On peut y trouver une citation au sujet des philosophes qui disent beaucoup de choses au sujet des prérequis absolus de toute entreprise scientifique, et qui ont tous tort, parce que la seule règle de la science est que l'arbitre final est l'observation - qu'il suffit d'observer le monde et de décrire ce qu'on voit. Hm... je n'arrive pas à me souvenir d'où je pourrais trouver quelque chose disant que c'est un des idéaux de la science que de tout régler par l'expérimentation plutôt que par le débat -"

Sa mère baissa les yeux sur lui et sourit. "Merci, Harry. Mais -" elle releva sa tête et regarda son mari. "Je ne veux pas gagner un débat contre ton père. Je veux que mon mari... je veux qu'il écoute sa femme qui l'aime, et qu'il lui fasse confiance, au moins cette fois -"

Harry ferma brièvement les yeux. Sans espoir. Ses deux parents étaient sans espoir.

Et maintenant ses parents commençaient une de ces disputes, une de celles où sa mère faisait tout pour que papa se sente coupable, et où son père faisait tout pour que maman se sente stupide.

"Je vais dans ma chambre," annonça Harry. Sa voix tremblait un peu. "Essayez de ne pas trop vous disputer, Maman, Papa, on saura bien assez tôt qui a raison."

"Bien sûr Harry", dit son père, et sa mère lui envoya un baiser rassurant, et ils continuèrent à se disputer pendant que Harry grimpait les escaliers jusqu'à sa chambre.

Il ferma la porte derrière lui et essaya de réfléchir.

Le plus drôle, c'était qu'il aurait être du coté de son père. Personne n'avait jamais vu le moindre élément de preuve que la magie existait, et selon maman, il y avait tout un monde magique caché, là, dehors. Comment qui que ce soit pourrait garder un secret pareil ? Avec encore plus de magie ? C'était une excuse pour le moins suspicieuse.

Ça aurait dû être une alternative simple entre : Maman faisait une blague, Maman mentait, Maman était folle ; par ordre d'horreur croissant. Si Maman avait envoyé la lettre elle-même, cela expliquait comment elle était arrivée à la boîte aux lettres sans timbre. Un peu de folie était beaucoup, beaucoup moins improbable qu'un univers où la magie existait.

Mais une partie de Harry était fermement convaincue que la magie était réelle, et cette conviction existait depuis l'instant où il avait vu la lettre putative de l'École de Magie et de Sorcellerie de Poudlard.

Harry se massa le front, puis grimaça. Ne crois pas à tout ce que tu penses, avait dit un de ses livres.

Mais cette étrange certitude... Harry se rendit compte qu'il s'attendait à ce que, oui, un professeur de Poudlard apparaisse et remue une baguette et que de la magie en sorte. Cette étrange certitude ne faisait aucun effort pour se protéger d'une possible falsification - elle n'inventait pas à l'avance des excuses expliquant pourquoi il n'y aurait aucun professeur, ou pourquoi le professeur ne pourrait rien faire d'autre que de tordre des cuillères.

D'où viens-tu, étrange petite prédiction ? Harry émit cette pensée en direction de son cerveau. Pourquoi est-ce que je crois ce que je crois ?

Harry était généralement doué pour répondre à cette question, mais dans ce cas particulier, il n'avait pas la moindre idée de ce que son cerveau pouvait bien penser.

Harry se secoua mentalement. Un plaque de métal sur une porte est faite pour être poussée, une poignée sur une porte est faite pour être tirée, et la chose à faire avec une hypothèse testable était d'aller la tester.

Il prit une feuille de papier à carreaux et commença à écrire.

Chère directrice adjointe

Harry marqua une pause et réfléchit ; puis il écarta la feuille et en prit une autre tout en faisant sortir un nouveau millimètre de graphite de son porte-mine. Cette lettre demandait une calligraphie attentive.

Chère directrice adjointe Minerva McGonagall,

Où à qui que ce soit de droit :

J'ai récemment reçu votre lettre d'acceptation à Poudlard, adressée à M. H. Potter. Vous ne savez peut-être pas que mes parents génétiques, James Potter et Lily Potter (anciennement Lily Evans) sont morts. J'ai été adopté par la sœur de Lily, Petunia Evans-Verres, et par son mari, Michael Verres-Evans.

Je désire ardemment aller à Poudlard, à condition qu'un tel lieu existe. Seule ma mère Pétunia dit connaître l'existence de la magie, et qu'elle ne peut l'utiliser. Mon père est extrêmement sceptique. Je suis moi-même incertain. De plus, je ne sais où me procurer ni les livres ni l'équipement listés dans la lettre d'acceptation.

Ma mère a mentionné que vous avez envoyé un représentant de Poudlard à Lily Potter (alors Lily Evans) afin de démontrer à sa famille que la magie était réelle, et, je présume, afin d'aider Lily à obtenir ses fournitures scolaires. Il serait d'une grande aide que vous fassiez de même pour ma famille.

Sincèrement,

Harry James Potter-Evans-Verres.

Harry ajouta leur adresse, puis plia la lettre et la glissa dans une enveloppe qu'il adressa à Poudlard. Un moment de réflexion supplémentaire l'amena à dénicher une bougie et à faire couler de la cire sur le plis de l'enveloppe, dans laquelle il grava les initiales H.J.P.E.V. au moyen de la pointe d'un couteau de cuisine. Si il allait sombrer dans la folie, autant le faire avec style.