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Il y avait des endroits en terre Moldue où les choses fonctionnaient encore de cette façon, des pays où ce genre de noblesse existait encore et pensait encore cela, et d'autres terres encore plus sinistres où ce n'était pas réservé à la noblesse. C'était ainsi dans tous les temps et tous les lieux qui ne descendaient pas directement des Lumières. Une descendance qui, semblait-il, n'incluait pas l'Angleterre magique, puisqu'ici les seules contaminations interculturelles avaient été des choses comme les canettes de soda.

Et si Draco ne change pas d'avis sur son envie de vengeance et que je ne gâche pas ma chance d'être heureux dans la vie en épousant une pauvre fille folle, alors tout ce que j'ai fait c'est de gagner du temps, et pas beaucoup...

Pour une fille. Pas pour toutes.

Je me demande à quel point ce serait difficile de juste faire une liste des plus grands Puristes du Sang et de les tuer.

C'était exactement ce qu'ils avaient essayé lors de la Révolution Française, plus ou moins - faire une liste de tous les ennemis du Progrès et enlever tout ce qui était au-dessus du cou - et ça n'avait pas très bien marché, du peu que s'en souvenait Harry. Peut-être qu'il avait besoin de dépoussiérer quelques uns des livres d'Histoire que son père lui avait acheté et de voir si ce qui avait mal tourné lors de la Révolution Française était facile à corriger.

Harry fixa le ciel, ainsi que la pâle forme de la Lune, visible ce matin à travers l'air sans nuages.

Le monde est cassé et imparfait et fou et cruel et sanglant et noir. C'est une nouvelle ? Tu l'avais de toute façon toujours su...

"Tu as l'air bien sérieux," dit Draco. "Laisse moi deviner, tes parents Moldus t'ont dit que ce genre de choses est mal."

Harry hocha la tête, ne faisant pas vraiment confiance à sa voix.

"Eh bien, comme dit Père, il y a peut-être quatre maisons, mais à la fin tout le monde appartient soit à Serpentard soit à Poufsouffle. Et franchement, tu n'es pas du genre Poufsouffle. Si tu décides de t'allier secrètement aux Malfoys... notre pouvoir et notre réputation... te permettraient des choses que même moi je ne peux pas faire. Tu veux essayer pendant quelques temps ? Voir comment c'est ?

Ne voilà-t-il pas un intelligent petit serpent. Onze ans et déjà à amadouer ta proie hors de sa cachette. Est-il trop tard pour te sauver, Draco ?

Harry réfléchit, étudia, et choisit son arme. "Draco, pourrais-tu m'expliquer toute cette histoire de pureté du sang ? C'est assez nouveau pour moi."

Un grand sourire s'étira sur le visage de Draco. "Tu devrais vraiment rencontrer Père et lui demander, c'est notre chef."

"Donne moi juste le discours de l'ascenseur. La version qui tient en trente secondes, je veux dire."

"D'accord," dit Draco. Il prit une profonde inspiration, et sa voix devint légèrement plus grave, et prit une cadence. "Nos pouvoirs ont faibli génération après génération alors que la souillure Sang-de-Bourbe grandit. Là où Salazar et Godric et Rowena et Helga ont un jour érigé Poudlard grâce à leurs pouvoirs, créant le Médaillon et l'Épée et le Diadème et la Coupe et le Choixpeau, aucun sorcier moderne n'a jamais tenté de faire mieux. Nous disparaissons, nous nous transformons en Moldus en nous croisant avec leur engeance et en laissant nos Cracmols vivre. Si la souillure n'est pas arrêtée, bientôt nos baguettes se briseront et notre art cessera, la lignée de Merlin s'achèvera et le sang d'Atlantis échouera. Nos enfants devront gratter la terre pour survivre comme de simples Moldus et la Ténèbre recouvrira le monde entier pour toujours." Draco prit une autre lampée de sa canette, l'air satisfait. Ça semblait être l'argument final en ce qui le concernait.

"Persuasif," dit Harry, utilisant le mot de façon descriptive plutôt que normative. Classique, classique modèle. La Chute après la Grâce, le besoin de protéger ce qui restait de la pureté contre la contamination, le passé en courbe ascendante et le futur en courbe uniquement descendante. Et le modèle avait aussi un contre... "Je dois cependant te corriger sur un fait. Ton information au sujet des Moldus est un peu obsolète. Nous ne grattons plus vraiment la terre."

La tête de Draco fit un mouvement sec vers Harry. "Quoi ? Qu'est ce que tu veux dire, nous ?"

"Nous. Les scientifiques. La lignée de Francis Bacon et le sang des Lumières. Les Moldus ne sont pas restés assis à pleurer parce qu'ils n'avaient pas de baguettes, nous avons nos propres pouvoirs maintenant, avec ou sans magie. Si tous vos pouvoirs échouent alors nous aurons perdu quelque chose de très précieux, car votre magie est la seule chose qui nous donne un indice sur la façon dont l'univers doit vraiment fonctionner - mais vous ne vous retrouverez pas à gratter la terre. Vos maisons seront toujours fraîches en été et chaudes en hiver, il y aura toujours des docteurs et de la médecine. La science peut vous maintenir en vie si la magie échoue. Ce serait une tragédie et nous devrions tous vouloir l'empêcher, mais ce ne serait pas littéralement la fin de toute la lumière du monde. Je dis ça comme ça."

Draco avait reculé d'un bon mètre et son visage était un mélange entre la peur et l'incrédulité. "Par Merlin, mais de quoi parles-tu, Potter ?"

"Eh, j'ai écouté ton histoire, tu ne veux pas écouter la mienne ?" Maladroit, se semonça Harry, mais Draco arrêta bien de reculer et sembla écouter.

"Bien," dit Harry, "Je dis que tu n'as pas l'air d'avoir prêté attention à ce qui se passe dans le monde Moldu." Probablement parce que tout le monde magique semblait considérer le reste de la Terre comme étant un bidonville méritant autant d'attention que le Financial Times n'en accordait à la misère quotidienne du Burundi. "Bon. Rapide vérification. Les sorciers sont-ils jamais allés sur la Lune ? Tu sais, ce truc ?" Harry pointa du doigt en direction de l'énorme globe lointain.

"Quoi ?" dit Draco. Il était assez clair que cette pensée ne s'était jamais présentée au garçon. "Aller sur la - c'est juste un -" Son doigt pointa en direction de la petite chose pâle dans le ciel. "On ne peut pas Transplaner à un endroit où on est jamais allé et comment qui que ce soit irait sur la Lune la première fois ?"

"Attends," dit Harry à Draco, "Je voudrais te montrer un livre que j'ai apporté avec moi, je crois me souvenir dans quelle boîte il se trouve." Harry se leva et s'agenouilla et sortit les escaliers qui menaient au niveau caverne de sa malle, puis descendit les escaliers à la cavalcade, souleva une boîte qui était posée sur une autre boîte, s'approcha périlleusement du moment où il traiterait ses livres avec irrespect, arracha la couverture de la boîte et, avec rapidité mais précaution, extirpa une pile de livres -

(Harry avait hérité de la capacité quasi-magique des Verres à se souvenir d'où tous ses livres se trouvaient, même après ne les avoir vus qu'une fois, ce qui était assez mystérieux étant donné l'absence de lien génétique.)

Et Harry courut en haut des escaliers et fourra la cage d'escalier dans la malle d'un coup de talon, puis, haletant, tourna les pages de son livre jusqu'à ce qu'il ait trouvé l'image qu'il voulait montrer à Draco.

Celle avec le terrain blanc, sec et couvert de cratères, et les gens en combinaison, et le globe blanc-bleu suspendu au-dessus.

Cette image.

L'image, si une seule image devait jamais survivre.

"Ça,", dit Harry, sa voix tremblante parce qu'il ne pouvait contenir sa fierté, "c'est à ça que la Terre ressemble depuis la Lune."