Il ouvrit alors la porte de sa chambre et descendit les escaliers. Son père était assis dans le salon et lisait un livre de mathématiques avancées, pour montrer à quel point il était intelligent ; et sa mère était dans la cuisine et préparait un des plats favoris de son père, pour montrer à quel point elle l'aimait. Ils n'avaient pas l'air de discuter. Aussi effrayantes que soient les disputes, ne pas se disputer était en quelque sorte bien pire.
"Maman," dit Harry dans ce silence énervant, "je vais tester l'hypothèse. Selon ta théorie, comment puis-je envoyer une chouette à Poudlard ?"
Sa mère se détourna de l'évier et le dévisagea avec un air choqué. "Je - Je ne sais pas, je pense qu'il faut juste que tu aies une chouette magique."
Cela aurait dû être hautement suspicieux, oh, alors il n'y a aucun moyen de tester ta théorie, mais l'étrange certitude en Harry semblait prête à aller un cran plus loin.
"Eh bien, la lettre est arrivée ici d'une façon ou d'une autre," dit Harry. "alors je vais juste la brandir en l'air et crier 'Lettre pour Poudlard !', et je verrai bien si une chouette vient l'attraper. Papa, tu veux venir regarder ?"
Son père secoua la tête avec minutie et continua de lire. Bien sûr, se dit Harry. La magie était une chose disgracieuse en laquelle seuls les gens stupides croyaient ; si son père allait jusqu'à tester l'hypothèse, ou même observait le test, cela reviendrait à s'associer avec cette théorie...
Ce n'est que lorsque Harry atteignit la porte de derrière d'un pas lourd et pénétra dans le jardin qu'il lui vint à l'esprit que si une chouette descendait réellement et attrapait la lettre, il allait avoir quelques difficultés à le dire à son père.
Mais - bon - ça ne peut pas vraiment se produire, n'est-ce pas ? Peu importe ce que mon cerveau semble croire. Si une chouette descend vraiment et attrape cette enveloppe, je vais avoir des soucis bien plus importants que l'opinion de Papa.
Harry prit une profonde inspiration, et leva l'enveloppe en l'air.
Il avala sa salive.
S'écrier Lettre pour Poudlard ! tout en tenant une enveloppe en l'air au milieu de votre jardin était à vrai dire... plutôt embarrassant, maintenant qu'il y songeait.
Non. Je vaux mieux que Papa. J'utiliserai la méthode scientifique même si ça me donne l'air stupide.
"Lettre -" dit Harry, mais cela sonna plutôt comme un coassement chuchoté.
Harry trempa sa volonté dans de l'acier et cria en direction d'un ciel vide : "Lettre pour Poudlard ! Je pourrais avoir une chouette par ici ?"
"Harry ?" demanda la voix d'une femme perplexe qui était l'une des voisines.
Harry redescendit sa main comme si elle était en flammes et cacha l'enveloppe derrière son dos comme si c'était de l'argent de la drogue. Son visage entier brûlait de honte.
Le visage d'une vieille femme apparut par-dessus la palissade du jardin, des cheveux grisonnants s'échappant de sa résille. Mme. Figg, la babysitter occasionnelle. "Harry, que fais-tu ?"
"Rien," répondit Harry d'une voix étranglée. "Juste... je teste une théorie vraiment idiote -"
"As-tu reçu ta lettre d'acceptation à Poudlard ?"
Harry se pétrifia.
"Oui," dirent les lèvres de Harry un moment plus tard. "J'ai reçu une lettre de Poudlard. Ils disent qu'ils veulent recevoir ma réponse par chouette avant le 31 juillet mais -"
"Mais tu n'as pas de chouette. Pauvre petit ! Je ne peux pas imaginer ce qu'ils pensaient en t'envoyant seulement la lettre standard."
Un bras ridé s'étira au-dessus de la palissade, et ouvrit une main quémandante. Ses pensées presque totalement arrêtées, Harry lui donna l'enveloppe.
"Laisse-moi m'en occuper, cher petit," dit Mme. Figg, "j'enverrai quelqu'un en un rien de temps."
Et son visage disparut derrière la palissade.
Il y eut un long silence dans le jardin.
Et la voix d'un garçon dit, calmement et doucement : "Quoi."
*Chapter 2*: Tout ce que je crois est faux
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"Bien sûr que c'était ma faute. Il n'y a personne d'autre ici qui pourrait être responsable de quoi que ce soit."
"Donc, juste pour être bien clair, " dit Harry, "Papa, si le professeur te fait vraiment léviter, alors que tu sais que tu n'as été attaché à aucun fil, ce sera une preuve suffisante. Tu ne vas pas changer d'avis et dire que c'était un truc de magicien. Ce ne serait pas jouer franc jeu. Si tu te penses que tu pourrais réagir comme ça, tu devrais le dire maintenant, et nous pourrons trouver une autre expérience qui remplacera celle-ci."
Le père de Harry, le Professeur Michael Verres-Evans, leva les yeux au ciel. "Oui, Harry."
"Et toi, Maman, ta théorie dit que le professeur devrait en être capable, et si ça n'est pas le cas, tu admettras avoir eu tort. Pas d'excuses comme quoi la magie ne fonctionne pas lorsque les gens n'y croient pas, ou quoi que ce soit du genre."
Madame la Directrice Adjointe Minerva McGonagall regardait Harry avec perplexité. Elle avait pas mal l'air d'une sorcière avec ses robes noires et son chapeau pointu, mais lorsqu'elle parlait, c'était d'un ton formel et Écossais qui n'allait pas du tout avec son apparence. Au premier abord, elle ressemblait à quelqu'un qui devrait ricaner et mettre des bébés dans des chaudrons, mais l'effet était gâché à la seconde où elle ouvrait la bouche. "Est-ce assez, M. Potter ?", dit-elle. "Puis-je à présent opérer la démonstration ?"
"Assez ? Probablement pas, " dit Harry. "mais au moins ça aidera. Allez-y, Madame la Directrice Adjointe."
"Professeur suffira," dit-elle, puis, "Wingardium Leviosa."
Harry regarda son père.
"Huh, " dit Harry.
Son père le regarda à son tour. "Huh, " dit-il en écho.
Puis le Professeur Verres-Evans regarda le Professeur McGonagall. "Très bien, vous pouvez me faire descendre maintenant."
Son père fut précautionneusement descendu jusqu'au sol.
Harry s'ébouriffa les cheveux. Peut-être était-ce à cause de l'étrange partie de lui qui avait déjà été convaincue, mais... "Voilà qui est un peu décevant, " dit Harry. "Vous penseriez qu'il y aurait une sorte d'événement mental spectaculaire au moment d'une mise à jour au sujet d'une probabilité infinitésimale -" Harry s'interrompit. Maman, McGonagall, et même Papa lui jetaient à nouveau ce regard. "Je veux dire au moment où on se rend compte que tout ce qu'on croit est faux."
Sérieusement, ça aurait dû être plus spectaculaire. Son cerveau aurait dû être en train d'évacuer à grande eau tout son stock d'hypothèses sur l'univers, aucune d'entre elle ne permettant à cette lévitation d'avoir eu lieu. Au lieu de ça, son cerveau semblait dire : Très bien, j'ai vu le professeur de Poudlard agiter sa main et faire voler ton père dans les airs. Et maintenant ?
La femme sorcière leur souriait et semblait s'amuser. "Souhaiteriez-vous une démonstration supplémentaire, M. Potter ?"
"Vous n'avez pas à faire ça, " dit Harry. "Nous venons de réaliser une expérience décisive. Mais..." Harry hésita. Il ne pouvait pas s'en empêcher. En fait, dans ces circonstances, il ne devrait pas s'en empêcher. Il était convenable et justifié d'être curieux. "Que pouvez vous faire d'autre ?"