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"1-3-5."

"Oui."

"Moins 3, moins 1, plus 1."

"Oui."

Hermione était à court d'idées. "La règle est que les nombres doivent augmenter de deux à chaque fois."

"Maintenant suppose que je te dise," dit le garçon, "que ce test est plus dur qu'il n'y paraît, et que seulement 20% des adultes le réussissent."

Hermione fronça les sourcils. Qu'avait-elle manqué ? Puis, soudain, elle pensa à un test qu'elle avait encore besoin de faire.

"2-5-8 !" dit-elle, triomphante.

"Oui."

"10-20-30 !"

"Oui."

"La vraie réponse est que les nombres doivent augmenter de la même quantité à chaque fois. Ça n'a pas besoin d'être 2."

"Très bien," dit le garçon, "prends le papier et regarde si tu as réussi."

Hermione prit le papier hors de sa poche et le déplia.

Trois nombres réels en ordre croissant, du plus petit au plus grand.

La mâchoire de Hermione s'affaissa. Elle avait la distincte sensation que quelque chose de terriblement injuste venait d'être commis à son encontre, que le garçon était un sale petit menteur tricheur pourri, mais lorsqu'elle chercha dans ses souvenirs elle ne put trouver une seule mauvaise réponse parmi celles qu'il avait données.

"Ce que tu viens de découvrir est appelé 'biais positif', dit le garçon. "Tu avais une règle en tête, et tu as continué à penser à des triplets qui feraient dire 'Oui' à la règle. Mais tu n'a pas essayé de tester autant de triplets que possible qui feraient dire 'Non' à la règle. En fait, tu n'a pas eu un seul 'Non', donc 'trois nombres, n'importe lesquels' aurait tout aussi bien pu être la règle. C'est comme quand les gens imaginent des expériences qui pourraient confirmer leurs hypothèses au lieu d'essayer d'imaginer des expériences qui pourraient les falsifier - ce n'est pas exactement la même erreur, mais presque. Tu dois apprendre à regarder le côté négatif des choses, à regarder dans les ténèbres. Lorsque cette expérience est réalisée, seuls 20% des adultes trouvent la bonne réponse. Et nombreux sont ceux parmi les autres qui inventent des hypothèse fantastiquement compliquées et accordent beaucoup de confiance à leurs mauvaises réponses, puisqu'ils ont fait beaucoup d'expériences et que tout s'est déroulé comme ils s'y attendaient."

"Maintenant,", "dit le garçon, "veux-tu t'essayer à nouveau au problème initial ?"

Ses yeux étaient très attentifs à présent, comme si c'était là le vrai test.

Hermione ferma les yeux et essaya de se concentrer. Elle suait sous ses robes. Elle avait l'étrange sensation qu'on ne lui avait jamais demandé de réfléchir aussi dur pour un test, ou peut-être même que c'était la première fois qu'on lui avait jamais demandé de réfléchir pour un test.

Quelle autre expérience pouvait-elle réaliser ? Elle avait une Grenouille en Chocolat, pouvait-elle essayer de la frotter un peu sur la robe et de voir si ça disparaissait ? Mais ça ne ressemblait toujours pas à la façon de penser tordue et négative que le garçon demandait d'elle. Comme si elle demandait toujours un 'Oui', si la tache de Grenouille en Chocolat disparaissait, alors qu'elle aurait dû demander un 'Non'.

Donc... selon son hypothèse... quand le soda devrait-il... ne pas disparaître ?

"J'ai une expérience à faire," dit Hermione. Je veux verser un peu de soda par terre, et voir si il ne disparaît pas. As-tu quelques mouchoirs en papier dans ta bourse, pour que je puisse éponger le soda si ça ne marche pas ?"

"J'ai des serviettes," dit le garçon. Il avait toujours un air neutre.

Hermione prit le soda, et en versa un peu sur le sol.

Quelques secondes plus tard, il disparut.

"Eurêka," dit Hermione doucement. C'était comme une compulsion, elle devait le dire. A vrai dire, elle voulait le crier, mais elle était un tout petit peu trop inhibée pour ça. Puis la prise de conscience lui vint, et elle eut envie de se frapper. "Bien sûr ! Tu m'as donné le soda ! Ce n'est pas la robe qui est ensorcelée, c'était le soda depuis le début !"

Le garçon se leva et s'inclina solennellement. Il avait un énorme sourire. "Dans ce cas... pourrais-je t'aider dans tes recherches, Hermione Granger ?"

"Je, euh..." Hermione ressentait toujours l'effet de l'euphorie, mais elle ne savait pas bien comment répondre à ça.

Ils furent interrompus par un coup frappé à la porte avec faiblesse, timidité, et même avec réticence.

Le garçon se détourna, regarda par la fenêtre, et dit : "Je ne porte pas mon écharpe, tu peux y aller ?"

C'est à ce moment là que Hermione comprit pourquoi le garçon - non, le Garçon-qui-avait-survécu, Harry Potter - avait commencé à porter l'écharpe sur sa tête, et elle se sentit un peu idiote de ne pas s'en être rendue compte plus tôt. C'était en fait assez étrange, car elle aurait cru que Harry Potter était le genre de garçon qui se montrerait fièrement au monde entier ; et l'idée lui vint qu'il pourrait être en réalité plus timide qu'il n'en avait l'air.

Lorsque Hermione ouvrit la porte, elle fut accueillie un jeune garçon tremblant qui ressemblait exactement à la façon dont il avait frappé à la porte.

"Excuse-moi," dit le garçon d'une petite voix, "Je suis Neville Londubat. Je cherche ma tortue de compagnie, je, je n'arrive à la trouver nulle part dans sa wagon... tu aurais vu ma tortue ?"

"Non," dit Hermione, et c'est là que sa nature serviable s'alluma plein gaz. "As-tu regardé dans les autres compartiments ?"

"Oui," murmura le garçon.

"Alors nous devrons vérifier tous les autres wagons," dit vivement Hermione. "Je t'aiderai. Mon nom est Hermione Granger, au fait."

On aurait dit que le garçon allait s'évanouir de gratitude.

"Attends," fit la voix de l'autre garçon - Harry Potter. "Je ne suis pas certain que ce soit la meilleure façon de faire."

Sur ce Neville sembla être au bord des larmes, et Hermione pivota, énervée. Si Harry Potter était le genre de personne qui était prêt à abandonner un petit garçon juste parce qu'il n'aimait pas être interrompu... "Quoi ? Pourquoi pas ?"

"Eh bien," dit Harry Potter, "Ça va prendre un moment de vérifier tout le train manuellement, et on pourrait quand même rater la tortue, et si on ne la trouve pas d'ici à Poudlard il aura des ennuis. Ça serait beaucoup plus sensé d'aller directement à la voiture de tête, où se trouvent les préfets, et de demander leur aide directement. C'est la première chose que j'ai faite quand je t'ai cherchée, Hermione, bien qu'ils n'aient pas su où te trouver. Mais peut-être qu'ils ont des sorts ou des objets magiques qui faciliteraient grandement la recherche de la tortue. Nous ne sommes qu'en première année.

Cette idée... était beaucoup plus sensée.

"Penses-tu pouvoir te rendre seul à la voiture des préfets par toi même ?" demanda Harry Potter. "J'ai plusieurs raisons de ne pas vouloir trop montrer mon visage."

Neville s'étrangla soudain et fit un pas en arrière. "Je me souviens de cette voix ! Tu es l'un des Seigneurs du Chaos ! Tu es celui qui m'a donné des bonbons !"

Quoi ? Quoi quoi quoi ?

Harry Potter se détourna de la fenêtre et se leva dans un élan théâtral. "Jamais !" dit-il, la voix pleine d'indignation. "Est-ce que je ressemble à quelqu'un qui donnerait des bonbons à un enfant ?"

Les yeux de Neville s'agrandirent. "Tu es Harry Potter ? Le Harry Potter ? Toi ?"

"Non, juste un Harry Potter, nous sommes trois à bord de ce train -"

Neville poussa un petit cri aigu et s'enfuit. Il y eut un crépitement de bruits de pas frénétiques suivis du son d'une porte de wagon s'ouvrant et se refermant.