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Derrière Harry, la porte se déverrouilla et s'ouvrit grand.

Harry partit.

Nous étions le vendredi 10 avril 1992.

*Chapter 87*: Sensibilité hédonique

[NdT: Version légèrement remaniée par rapport à la première traduction]

Jeudi 16 avril 1992

L'école était maintenant presque déserte. Les neuf dixièmes des élèves étaient rentrés chez eux pour les vacances de Pâques et presque tous ceux qu'elle connaissait n'étaient plus là. Susan était restée car sa grande-tante était assez occupée ; Ron était resté aussi, mais elle ne savait pas pourquoi - peut-être la famille Weasley était-elle assez pauvre pour ne pas souhaiter avoir plus de bouches d'enfants à nourrir pendant une semaine ? Ça l'arrangeait plutôt, car Ron et Susan étaient à peu près les seuls qui voulaient encore bien lui parler. (Ou du moins les seuls à qui elle voulait répondre. Lavande était encore gentille avec elle, et Tracey était, euh, Tracey, mais passer une heure avec l'une des deux n'aurait pas été tout à fait reposant ; quoi qu'il en soit, aucune des deux n'était restée pour les vacances de Pâques).

Si elle ne pouvait pas rentrer chez elle - et elle n'en avait pas le droit, on avait menti à ses parents en leur disant qu'elle avait la lumiole - alors une école de Poudlard quasiment vide était ce qu'il y avait de mieux.

Elle pouvait même se rendre à la bibliothèque sans que les gens la regardent, puisqu'il n'y avait plus de cours et que personne n'essayait de travailler.

Ç'aurait été une erreur de penser que Hermione déambulait abattue dans les couloirs en pleurnichant à longueur de journées. Oh, elle avait beaucoup pleuré les deux premiers jours, bien sûr, mais deux jours avaient suffit. Des passages de livres empruntés à Harry parlaient de ça, de la façon dont les gens paralysés dans des accidents de voitures se retrouvaient, six mois plus tard, loin d'être aussi tristes qu'ils s'étaient attendus à l'être, tout comme les gagnants du loto étaient loin d'être aussi heureux que ce à quoi ils s'étaient attendus. Les gens s'adaptaient, leurs niveau de bonheur revenait à leur point d'ancrage et la vie continuait.

Une ombre s'abattit au-dessus du livre qu'elle lisait. Elle tournoya, sa baguette dissimulée sur ses genoux directement braquée sur le visage surpris de …

"Pardon !" dit Harry Potter, montrant ses paumes en hâte pour révéler sa main gauche, vide, et sa main droite contenant une petite bourse de velours rouge. "Pardon. Comptais pas t'effrayer."

Il y eut un terrible silence, son rythme cardiaque accéléra, ses paumes commencèrent à suer et Harry Potter se contentade la regarder. Elle lui avait presque parlé, à l'aube du premier jour du reste de sa vie, mais lorsqu'elle s'était rendue au petit déjeuner Harry Potter avait eu l'air si mal en point… alors elle s'était assise à côté de lui à la table du petit déjeuner et avait silencieusement mangé dans sa petite bulle de il-n'y-a-personne-à-coté-de-moi, et ça avait été horrible, mais Harry n'avait pas été la voir et… elle ne lui avait tout simplement pas parlé depuis (ce n'était pas difficile d'éviter tout le monde quand on évitait la salle commune de Serdaigle et qu'on déguerpissait à la fin de cours avant que quiconque puisse vous parler).

Et depuis, elle s'était demandé ce que Harry pouvait bien penser d'elle - s'il la détestait parce qu'il avait perdu tout son argent - s'il était vraiment amoureux d'elle et que c'était pour ça qu'il avait agi - s'il avait abandonné tout espoir qu'elle reste à sa hauteur parce qu'elle ne pouvait pas effrayer les Détraqueurs. En cet instant, elle ne pouvait pas lui faire face, elle en était incapable, elle avait passé des nuits d'insomnies à se demander ce qu'il pensait d'elle, et elle avait peur, car elle avait évité le garçon qui avait dépensé tout son argent pour la sauver ; Elle n'était qu'une horrible ingrate, qu'une misérable ingrate, etc…

Puis ses yeux s'abaissèrent pour découvrir que Harry avait plongé sa main dans la bourse rouge en velours, il en tira une confiserie en forme de cœur enrobée d'un papier métallique rouge et son cerveau fondit comme du chocolat laissé au soleil.

"J'allais te donner plus d'espace," dit Harry Potter, "sauf que je lisais les théories de Critch sur l'hédonisme, sur la meilleure façon d'entraîner le pigeon qu'on a en nous, sur la façon dont les petits retours négatifs et positifs immédiats contrôlent vraiment la majorité de ce qu'on fait et je me suis dit que tu m'évitais peut-être parce que me voir déclenchait des associations négatives et je ne voulais vraiment pas laisser ça continuer plus longtemps sans y faire quelque chose donc j'ai mis la main sur un sac de chocolat des jumeaux Weasley et je vais juste t'en donner un à chaque fois que tu me verras pour créer un renforcement positif si ça ne te pose pas de problème…"

"Respire, Harry," dit Hermione sans même y penser.

C'était la première chose qu'elle lui avait dite depuis le jour du procès.

Ils se regardèrent l'un l'autre.

Les livres sur les étagèrent les regardèrent.

Ils se regardèrent encore un peu.

"Tu es censée manger le chocolat," dit Harry en tendant la confiserie en forme de cœur comme un Valentin. "À moins que le fait de recevoir le chocolat soit assez agréable pour constituer un renforcement positif, auquel cas tu devrais probablement le mettre dans ta poche."

Elle savait que si elle essayait de parler à nouveau elle échouerait et n'essaya donc pas.

La tête de Harry s'affaissa un peu. "Est-ce que tu me détestes maintenant ?"

"Non !" dit-elle. "Non, tu ne devrais pas penser ça, Harry ! Juste… juste… juste tout !" Elle se rendit compte que sa baguette était toujours pointée vers Harry et elle l'abaissa un peu. Elle essayait très fort de ne pas éclater en sanglots. "Tout !" répéta-t-elle, sans pouvoir trouver une meilleure façon de le dire, bien qu'elle fut certaine que Harry voulait qu'elle soit plus précise.

"Je pense que je comprends," dit prudemment Harry. "Qu'est-ce que tu lis ?"

Avant qu'elle ne puisse l'arrêter, Harry se pencha sur la table de lecture pour voir le livre qu'elle lisait et avança la tête avant qu'elle ne pense à l'écarter…

Harry regarda la page à laquelle le livre était ouvert.

"Les sorciers les plus riches et comment ils y sont parvenus," lut Harry à haute voix en regardant le haut de celle-ci. "Numéro soixante-cinq, Sire Gareth, propriétaire de l'entreprise"Shipping Ltd", gagnante les guerres de transport du 19ème siècle… monopole sur les otétés… je vois."

"J'suis sûre que tu vas me dire que je dois pas m'inquiéter et que tu vas t'occuper de tout ?" Son ton fut dur qu'elle ne l'avait voulu et elle sentit venir une autre vague de culpabilité à l'idée d'être une personne aussi horrible.

"Nan," dit Harry, étrangement enjoué. "Je peux suffisamment bien me mettre à ta place pour savoir que si tu avais payé une grosse somme pour me sauver, je serais en train d'essayer de te rembourser. Je saurais que c'est en idiot, en un sens, mais j'essaierais quand même de tout te rembourser. Ça, je peux parfaitement le comprendre, Hermione."

Le visage de cette dernière se tordit et elle sentit de l'humidité au coin de ses yeux.

"Je t'avertis quand même," continua Harry, "je résoudrai peut-être le problème de la dette envers Lucius Malfoy moi-même si je découvre un moyen de le faire avant toi. C'est plus important de résoudre le problème tout de suite que de savoir lequel d'entre nous l'a résolu. Tu as déjà trouvé quelque chose d'intéressant ?"