"C'est génial, Hermione !" le garçon leva rapidement sa baguette, dit "Sourdinam," puis poursuivit lorsque le bruissement des livres les plus chahuteurs se fut tut. "Même si la Pierre Philosophale n'est qu'un mythe, cette technique pourrait marcher pour d'autres alchimies difficiles…"
"Eh bien ça ne peut pas marcher," dit Hermione. Elle avait traversé toute la bibliothèque pour trouver le seul livre sur l'alchimie qui n'était pas dans la section interdite. Et alors… elle se souvenait de l'écrasante déception, de l'espoir soudain qui s'était dissipé comme un brouillard. "Parce que tous les cercles alchimiques doivent être 'de la finesse d'un cheveu d'enfant', ce n'est pas plus fin pour certaines alchimies ou pour d'autres. Et les sorciers ont des Multiplettes, et je n'ai entendu parler d'aucun sortilège permettant d'utiliser des Multiplettes pour agrandir les choses et être plus précis. J'aurais dû m'en rendre compte !"
"Hermione," dit Harry avec sérieux en replongeant la main dans sa bourse rouge en velours, "ne te punis pas quand une idée intelligente ne fonctionne pas. Tu dois avoir beaucoup d'idées imparfaites pour en trouver une qui peut fonctionner. Et si tu envois des retours négatifs à ton cerveau en fronçant les sourcils quand tu as une idée imparfaite au lieu de te rendre compte que la suggestion d'idée est un bon comportement de ton cerveau qui devrait être encouragé, tu n'auras bientôt plus aucune idée." Harry posa deux chocolats en forme de cœur à côté du livre. "Tiens, prends un autre chocolat. Je veux dire en plus de celui que je t'ai donné plus tôt. Celui là est pour encourager ton cerveau parce qu'il a généré une bonne stratégie potentielle."
"J'imagine que tu as raison," dit Hermione d'une petite voix, mais elle ne toucha pas au chocolat. Elle commença à revenir à la page 167 qu'elle était en train de lire avant que Harry ne vienne.
(Hermione Granger n'avait pas besoin de marque-pages, bien sûr).
Harry se penchait légèrement, sa tête touchait presque l'épaule de Hermione, il regardait les pages à mesure qu'elle les tournait, comme s'il aurait pu obtenir quelque information de valeur en les regardant pendant un quart de secondes. Il avait petit-déjeuné peu de temps auparavant et elle pouvait clairement identifier, à la légère odeur de son haleine, qu'il avait mangé du gâteau à la banane pour le dessert.
Harry parla de nouveau. "Donc tout cela étant dit… et s'il te plaît prends ça comme un renforcement positif… est-ce que tu as vraiment essayé d'inventer un moyen de faire de la production de masse d'immortalité pour que je puisse rembourser ma dette envers Lucius Malfoy ?"
"Oui," dit-elle d'une voix encore plus petite. Même quand elle essayait de penser comme Harry, il semblait qu'elle n'avait pas encore saisit le truc. "Et qu'est-ce que tu as fait pendant tout ce temps, Harry ?"
Harry prit un air dégoûté. "Essayé de récolter des preuves sur ce mystère de 'Qui a piégé Hermione Granger'".
"Je…" Hermione leva les yeux vers Harry. "Est-ce ça ne devrait pas plutôt être moi… qui essaie de résoudre mon propre mystère ?" Ça n'avait pas été sa première idée, sa première priorité, mais maintenant que Harry le mentionnait…
"Dans ce cas, ça ne fonctionnerait pas," dit froidement Harry. "Il y a trop de gens qui acceptent de parler à moi mais pas à toi… et je suis aussi navré de te dire que certains m'ont fait promettre de ne répéter à personne ce qu'ils m'ont dit. Désolé, je ne pense pas que tu puisse beaucoup aider sur ce coup là."
"D'accord," dit Hermione d'un ton las. "Très bien. Tu fais tout. Tu récoltes tous les indices et tu parles à tous les suspects pendant que je reste assise ici, dans la bibliothèque. Préviens-moi quand tu découvres que c'est le professeur Quirrell qui était derrière tout ça."
"Hermione…" dit Harry. "Pourquoi est-ce qui c'est si important de savoir qui fait quoi ? Est-ce que ça ne devrait pas être plus important de tout résoudre que de savoir qui a tout résolu ?"
"J'imagine que tu as raison," dit Hermione. Elle leva les mains et les pressa contre ses yeux. "J'imagine que ça n'a plus d'importance. Tout le monde va penser - je sais que ce n'est pas ta faute Harry, tu as été - tu as été Bon, tu as été un parfait gentleman - mais peu importe ce que je fais, ils penseront tous que je suis juste - une fille bonne à sauver." Elle s'interrompit et dit d'une voix tremblante, "et peut-être qu'ils ont raison, Harry."
"Woah, woah, attends une seconde.."
"Je ne fais pas peur aux Détraqueurs. Je peux avoir un Très Bien en sortilèges, mais je ne fais pas peur aux Détraqueurs."
"J'ai un mystérieux côté obscur !" siffla Harry après avoir tourné la tête pour inspecter la bibliothèque. (Il y avait un garçon dans un coin, loin, qui regardait parfois vers eux, mais il aurait été trop distant pour entendre quoi que ce soit, même sans la barrière de Sourdinam). "J'ai un côté obscur qui n'est certainement pas un enfant ; et qui sait quel autre truc magique complètement dingue se passe dans ma tête - le professeur Quirrell a dit que je deviens qui je crois être - c'est de la triche, tu ne comprends pas, Hermione ? L'administration et moi avons un accord dont je ne suis pas censé parler qui permet au Survivant d'étudier plus longtemps que les autres, tous les jours, je triche et tu me bats quand même en cours de sortilèges. Je ne… je ne suis probablement pas… le Survivant n'est probablement même pas quelque chose qu'on pourrait raisonnablement appeler un enfant - et tu rivalises quand même avec ça. Est-ce que tu ne te rends pas compte que si les gens ne faisaient pas attention à moi tu apparaîtrais comme la sorcière la plus puissante depuis un siècle ? Que tu peux combattre trois brutes plus âgées toute seule et gagner ?"
"Je ne sais pas," dit-elle en appuyant ses mains sur ses yeux, d'une voix vacillante "Tout ce que je sais, c'est… que même si tout ça est vrai - personne ne me verra jamais pour qui je suis, plus jamais."
"Très bien," dit Harry au bout d'un moment. "Je vois ce que tu veux dire. Au lieu de la fameuse équipe de recherche Potter et Granger, il y aura Harry Potter et son assistante de laboratoire… Euh… voilà une idée. Et si je ne me concentrais pas sur comment gagner de l'argent pendant un moment ? Après tout la dette ne doit pas être remboursée avant que je finisse mes études à Poudlard. Donc tu peux y arriver toi-même et montrer au monde de quoi tu es capable. Et si par hasard tu découvres en chemin le secret de l'immortalité, on dira juste que c'est un bonus."
L'idée que Harry se repose sur elle pour trouver une solution semblait… être une responsabilité écrasante lâchée sur une pauvre fille de douze ans déjà traumatisée, et elle voulait en même temps le prendre dans ses bras pour le remercier de lui avoir offert un moyen de retrouver sa dignité d'héroïne, et c'était ce qu'elle méritait après avoir été horrible, après lui avoir parlé sèchement pendant tout ce temps alors que depuis le début il s'était comporté comme un meilleur ami, alors qu'elle ne l'avait jamais fait pour lui, et heureusement elle se sentait encore capable d'accomplir quelque chose et…