Выбрать главу

Pour l'instant, les vêtements marrons de M. Rusard étaient en désordres et trempés de sueur, ses épaules tanguaient visiblement au rythme de sa respiration, et son chat omniprésent manquait à l'appel.

"Troll…" s'étrangla M. Rusard. "Dans les donjons…"

Minerva McGonagall se leva de la grande table si vite que sa chaise tomba derrière elle.

"Argus !" s'écria-t-elle. "Qu'est-ce qui vous est arrivé ?"

Argus Rusard s'avança en chancelant, les immenses portes dans son dos. Le haut de son corps était parsemé de traits et de petits points cramoisis, comme si quelqu'un avait éclaboussé de la tabasco sur son visage. "Troll… gris… deux fois ma taille… il… il…" Argus Rusard se couvrit le visage de ses mains. "Il a mangé Mlle. Teigne… mangée toute crue, d'une bouchée…"

Minerva ressentit une pointe de désarroi dans son autre soi, elle n'avait pas beaucoup aimé ce chat, mais ils étais tous les deux félins.

Un grondement se leva dans la grande salle. Severus se leva de la grande table en se débrouillant pour, sembla-t-il, ne pas attirer l'attention, et il sortit à grands pas sans prononcer un mot.

Bien sûr, songea Minerva, le couloir du troisième étage… ça pourrait être une distraction…

Elle relégua mentalement toutes ces préoccupations au bon soin de Severus, sortit sa baguette, la leva bien haut et laissa échapper cinq jets de feu violet.

Il y eut un silence stupéfait, exception faite des sanglots hachés d'Argus.

"Il semble qu'une créature dangereuse est en liberté dans Poudlard," dit-elle aux professeurs assis à la grande table. "Je vais vous demander à tous d'aider à la chercher dans les couloirs." Elle se tourna alors vers les élèves stupéfaits et attentifs et leva la voix : "Préfets - menez vos maisons aux dortoirs immédiatement !"

Percy Weasley bondit de la table Gryffondor. "Suivez-moi !" dit-il d'une voix aiguë. "Restez ensembles, les première année ! Non, pas vous…" mais les autres préfets élevaient déjà la voix et un babillage renouvelé prenait vie.

Puis une voix claire et froide parla sous le bruissement soudain.

"Madame la directrice adjointe"

Elle se retourna.

Le professeur de Défense essuyait calmement ses mains avec sa serviette tout en se levant de la grande table. "Avec tout monde respect," dit l'homme dont l'identité était inconnue, "vous n'êtes pas experte en tactiques de combat, madame. Dans cette situation, il serait plus sage de …"

"Je vous prie de m'excuser, professeur," dit le professeur McGonagall en se tournant vers les grandes portes. Filius et Pomona s'étaient déjà levés pour la suivre, de même que le demi-géant Rubeus Hagrid, qui les surplomba en se levant. Elle en était au stade où elle n'avait déjà eu des expériences semblables que trop souvent. "Ma triste expérience m'a apprise qu'en de telles occasions, ce n'est pas le moment d'écouter quelque conseil que ce soit venant d'un professeur de Défense. Je pense d'ailleurs qu'il serait sage que nous cherchions le troll ensemble afin qu'aucun soupçon ne puisse être porté sur vous dans l'éventualité où de fâcheux événements se produiraient pendant ce temps."

Sans aucune hésitation, le professeur de Défense bondit élégamment sur la table Gryffondor et claqua des mains, faisant un bruit qui ressemblait à celui d'un plancher qui se brisait.

"Michelle Morgan, de Gryffondor, commandante en second de l'armée de Pinnini," dit-il calmement dans le silence qui s'était installé. "Conseillez s'il vous plaît la directrice de votre maison."

Michelle Morgan grimpa sur son banc et parla, la petite sorcière semblait beaucoup plus sûre d'elle que dans le souvenir, datant du début de l'année, que Minerva avait d'elle. "Des élèves marchant dans les couloirs seraient éparpillés et impossibles à défendre. Tous les élèves doivent rester dans la grande salle et former un groupe au centre de la pièce… pas entourés par des tables, un troll sauterait juste par-dessus… avec le périmètre défendu par des étudiants en septième année. Uniquement parmi ceux venus des armés, peu importe leur talent de duelliste, afin qu'ils ne traversent pas leurs lignes de mire respectives." Michelle hésita. "Je suis désolée, M. Hagrid, mais… ça ne serait pas sûr pour vous, vous devriez rester derrière avec les élèves. Et le professeur Trelawney ne devrait pas faire face à un Troll seule non plus," Michelle semblait beaucoup moins désolée de prodiguer ce conseil, "mais si elle fait équipe avec le professeur Quirrell, ils pourraient ensemble former une unité de combat supplémentaire digne de confiance. Ceci conclut mon analyse, professeur."

"Acceptable, pour une réponse sur le vif," dit le professeur de Défense. "Vingt points Quirrell pour vous. Mais vous négligez un argument encore plus simple : chez soi ne veut pas dire en sécurité, et un Troll est assez puissant pour arracher une porte à portrait de ses gonds…"

"Assez," lâcha Minerva d'un ton sec. "Merci, Mlle. Morgan." Elle regarda les tables, qui attendaient. "Tous les élèves, faites ce qu'elle a dit." Elle se retourna vers la grande table. "Professeur Trelawney, vous accompagnerez le professeur de Défense…"

"Ah," dit Sibylle d'une voix faible et hésitante. Sous son maquillage excessif et son fatras de châles, la femme semblait plutôt pâle. "J'ai peur… j'ai peur de ne pas me sentir très bien aujourd'hui… en fait je me sens plutôt mal…"

"Vous n'aurez pas à vous battre contre le troll," dit Minerva d'un ton dur, sa patience à l'épreuve, comme à chacune de ses interactions avec cette femme. "Restez juste avec le professeur de Défense et ne le laissez pas un instant hors de votre champ de vision, vous devrez ensuite pouvoir témoigner que vous étiez avec lui en permanence." Elle se tourna vers Rubeus. "Rubeus, je te laisse, tu es le responsable ici. Protège-les." L'immense homme se redressa en entendant ceci, perdit son air abattu et hocha fièrement la tête.

Puis Minerva regarda les élèves et éleva la voix. "Il va évidemment sans dire que toute personne quittant la grande salle pour quelque raison que ce soit sera exclu. Aucune excuse ne sera acceptée. Me suis-je faite comprendre ?"

Les jumeaux Weasley, qu'elle avait regardés dans les yeux, opinèrent respectueusement du chef.

Elle se retourna sans dire un mot et marcha vers les grandes portes, les autres professeur derrière elle.

Loin, sur un mur à l'autre bout de la pièce, inaperçue, une horloge indiquait 12h14.

…et il ne s'en rendait toujours pas compte.

Tic.

Alors que Harry regardait, les yeux étroits, les professeur qui s'éloignaient, en se demandait ce qui se passait vraiment, ce que cela signifiait, alors que les élèves s'assemblaient en une masse plus facile à défendre, que des baguettes s'agitaient pour faire léviter des tables hors du passage, il ne s'en rendait toujours pas compte.

Tic.

"Les professeur ne devraient-ils pas tous s'être mis en équipes de deux ?" dit un élève de Gryffondor dont Harry ignorait le nom. "Enfin… ça serait plus lent, mais ça serait plus sûr, je pense…"