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"Alors j'ai bien peu de conseils à vous prodiguer," dit Severus Rogue.

Le garçon hocha la tête d'un air distrait. "De la part de Hermione, merci de l'avoir aidée avec les brutes. Elle vous dirait que c'était la bonne chose à faire. Et maintenant, je vous serais fort gré si vous pouviez leur dire de me laisser tranquille."

Le maître des potions se tourna vers la porte, et quand son visage cessa d'être visible, sa voix parvint à Harry comme un chuchotement. "Je suis véritablement navré de votre perte."

Severus Rogue partit.

Le garçon le regarda faire, essayant de se souvenir, du mieux qu'il puisse à une telle distance, de mots prononcés quelques temps auparavant.

Vos livres vous ont trahi, Potter. Ils ne vous ont pas dit la seule chose que vous deviez savoir. Vous ne pouvez apprendre ce que c'est que de perdre la personne que vous aimez en lisant un livre. C'est une chose que vous ne pourrez connaître avant de l'avoir vécue vous-même.

Ça avait été quelque chose d'approchant, songea le garçon, s'il s'en souvenait correctement.

Des heures s'étaient maintenant écoulées dans la section de l'infirmerie dont la porte était fermée et derrière laquelle un corps allongé se trouvait.

Harry continua de regarder sa baguette, posée sur ses genoux. De regarder les petites écorchures et taches sur les vingt-huit centimètres de houx, défauts qu'il n'avait auparavant jamais observés d'assez près pour les remarquer. Un rapide calcul mental lui indiqua qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter puisque, si cela représentait six ou sept mois de dommages accumulés, alors son utilisation le temps d'une vie moyenne ne l'userait pas entièrement. Sur le coup, il se serait probablement inquiété de voir son Retourneur de Temps lui être enlevé s'il avait ouvertement crié : 'Quelqu'un a-t-il un Retourneur de Temps ?' dans la grande salle, mais il aurait été assez simple de s'engager à l'avance à attendre la fin du déjeuner puis à trouver quelqu'un pour envoyer un message au professeur Flitwick deux heures dans le passé, et le professeur Flitwick aurait alors pu aller directement vers Hermione ou lui envoyer son corbeau Patronus longtemps avant que le troll ne s'approche d'elle. Ou ce Harry alternatif aurait-il déjà appris qu'il était trop tard - aurait-il entendu l'annonce de la mort de Hermione après le déjeuner et avant de pouvoir envoyer des messages dans le passé ? Peut-être qu'un conseil d'utilisation général des voyages dans le temps était de s'assurer de ne jamais prendre le risque d'apprendre qu'on était arrivé trop tard si on n'était pas encore retourné en arrière. Il y avait maintenant une petite brûlure chimique au bout de sa baguette, probablement à cause du contact avec l'acide en lequel il avait partiellement métamorphosé le cerveau du troll, mais la baguette semblait être relativement à l'épreuve de pertes de petites quantités de bois. Vraiment, l'idée qu'une 'baguette magique' soit requise devenait de plus en plus étrange à mesure qu'on y réfléchissait. Quoique si les sortilèges étaient toujours inventés de quelque mystérieuse façon, que de nouveaux rituels étaient conçus comme autant de nouveaux leviers sur la machine inconnue, peut-être que les gens continuaient juste d'inventer des rituels à base de mouvements de baguettes, tout comme ils inventaient des phrases comme 'Wingardium Leviosa'. Il semblait vraiment que la magie devait, en un sens, être presque arbitrairement puissante, et il aurait certainement été pratique pour Harry de pouvoir juste ignorer la restriction conceptuelle qui empêchait les gens d'inventer des sortilèges comme 'Que tout aille bien pour toujours' mais, étrangement, rien n'était si facile dans le monde de la magie. Harry regarda de nouveau sa montre, mais l'heure n'était toujours pas venue.

Il avait tenté de lancer le Patronus dans le but de lui dire d'aller voir Hermione Granger. Juste au cas où c'était un mensonge, un sortilège de Faux Souvenir ou l'un des qui-savait-combien de moyens de faire fermer les yeux d'un sorcier et de le faire rêver. Juste au cas où la vraie Hermione Granger serait en vie et détenue quelque part, malgré le fait qu'il avait senti la vie de cette dernière la quitter. Juste au cas où il y avait un au delà et que le Vrai Patronus pouvait l'atteindre.

Mais le sortilège n'avait pas fonctionné, donc ce test en particulier n'avait apporté aucun élément de preuve et l'avait laissé avec l'à priori défavorable.

Du temps passa, puis encore plus de temps passa. De l'extérieur, vous n'auriez vu qu'un garçon, assis, regardant sa baguette avec un air contemplatif, jetant un coup d'œil à sa montre environ toutes les deux minutes.

La porte de cette partie de l'infirmerie s'ouvrit à nouveau.

Le garçon assis là leva les yeux avec un regard mortel, glaçant.

Puis son visage s'emplit de désarroi, et il se releva tant bien que mal.

"Harry", dit l'homme en chemise boutonnée jusqu'au col, une veste noir jetée par-dessus. Sa voix était rauque. "Harry, qu'est-ce qui se passe ? Le directeur de ton école - il est arrivé dans ces robes ridicules à mon bureau et il m'a dit que Hermione Granger était morte !"

Un instant plus tard, une femme suivit l'homme dans la pièce ; elle semblait moins troublée que l'homme, moins déconcertée et plus effrayée.

"Papa," dit le garçon d'un voix faible. "Maman. Oui, elle est morte. Ils ne vous ont rien dit d'autre ?"

"Non ! Harry, qu'est-ce qui se passe ?"

Il y eut un silence.

Le garçon appuya son dos contre le mur. "Je ne p-peux, je ne peux, je ne peux pas faire ça."

"Quoi ?"

"Je ne peux pas faire semblant d'être un petit garçon, j'ai j-juste pas l'énergie pour ça maintenant."

"Harry," dit la femme d'un ton hésitant. "Harry…"

"Papa, tu vois tous ces livres de fantasy où le héros doit tout cacher de ses parents parce qu'ils, qu'ils ne comprendraient pas, qu'ils réagiraient de façon stupide et se mettraient en travers de son chemin de héros ? C'est une technique narrative, bien sûr, pour que le héros doive tout résoudre lui-même au lieu d'en parler à ses parents. S-s'il vous plaît, ne sois pas cette technique narrative, Papa, et toi non plus, Maman. Juste… ne jouez juste pas ce rôle. Ne soyez pas les parents qui refusent de comprendre. N-ne me criez pas dessus, ne m'imposez pas des exigences parentales que je ne suivrai pas. Parce que je me suis égaré dans un roman de fantasy vraiment débile et maintenant Hermione est… j-je n'ai juste pas assez d'énergie pour gérer ça."

Lentement, comme si ses membres n'étaient à qu'à moitié en mouvement, l'homme dans sa veste noire s'agenouilla là où Harry se tenait afin que ses yeux soient au niveau de ceux de son fils. "Harry," dit l'homme. "J'ai besoin que tu me dises tout ce qui s'est passé, tout de suite."

Le garçon prit une profonde inspiration et déglutit. "Ils m-me disent que le Seigneur des Ténèbres que j'ai vaincu pourrait encore être en vie. Comme si ce n'était pas la t-trame de cent satanés romans, hein ? Donc il se pourrait aussi que le directeur de mon école, qui est le sorcier le plus puissant du monde, est devenu fou. Et, et Hermione a été victime d'une machination et accusée à tort de tentative de meurtre juste avant ça, non pas que quelqu'un en aurait parlé à ses parents. L'élève qu'on l'a accusée à tort de vouloir tuer est le fils de Lucius Malfoy, qui est le politicien le plus puissant d'Angleterre magique, et qui était le second du Seigneur des Ténèbres. Le poste de professeur de Défense de cette école est maudit, personne ne tient plus d'une année, ils ont un proverbe qui dit que le professeur de Défense est toujours suspect. Cette année le professeur de Défense est secrètement un mystérieux sorcier qui s'est opposé au Seigneur des Ténèbres pendant la dernière guerre et dont on ignore s'il est lui-même méchant. Aussi, le maître des potions se languit de Lily Potter depuis des années et pourrait être derrière tout ça pour quelque raison psychologique tordue." Les lèvres du garçons se serrèrent avec amertume. "Je crois que c'est presque toute l'intrigue débile."