Le Survivant
douleur
Harry Verres marchait lourdement, seul
ça fait mal
Harry continua d'avancer dans les couloirs silencieux.
"Comment va M. Potter ?" s'enquit le professeur Quirrell. Il y avait une tension chez cet homme, on n'aurait pas tout à fait pu l'appeler de la préoccupation, plutôt la tension d'un homme en embuscade jaugeant le moment où s'abattre. Les Granger venaient à peine de partir, accompagnés de Madame Pomfresh, quand le professeur de Défense avait toqué à la porte de son bureau et était entré sans attendre la réponse, puis avait parlé avant qu'elle ne puisse prononcer un mot. Une partie de Minerva se demanda distraitement si Harry Potter avait pris cette habitude chez le professeur de Défense, l'habitude de ne pas être conscient de la douleur des autres quand il avait quelque chose à l'esprit, ou si ce n'était qu'un défaut d'enfant dont cet homme n'avait jamais su se défaire.
"M. Potter a cessé de monter la garde devant le corps de Mlle Granger," dit-elle, mettant dans sa voix une partie de la froideur qu'elle ressentait. Elle était certaine que le professeur de Défense ne ressentait pas autant de peine qu'elle, l'homme n'avait pas dit un mot au sujet de Hermione Granger. Que lui présente ses exigences à elle… "Je crois qu'il est descendu dîner."
"Je ne vous parle pas de son état physique ! Avez-vous… a-t-il…" Le professeur Quirrell fit un geste vif, comme pour communiquer un concept pour lequel il n'avait pas de mot.
"Pas particulièrement," dit-elle. Elle était à environ trente secondes d'ordonner au professeur de Défense de quitter son bureau.
Le professeur Quirrell commença à déambuler dans l'espace réduit du bureau. "Il n'y avait qu'aux inquiétudes de Mlle Granger qu'il se souciait de répondre… maintenant qu'elle est partie… il n'y a plus de limite à son inconscience. Je le comprends à présent. Qui d'autre est là ? M. Londubat ? M. Potter ne prétend pas qu'ils sont égaux. Flitwick ? Son sang de gobelin ne crierait que vengeance. M. Malfoy, s'il revenait ? Dans quel but ? Rogue ? Un désastre ambulant. Dumbledore ? Bah. Les événements sont déjà en place pour une catastrophe, ils faut les manœuvrer vers une voie qu'ils ne prendraient pas naturellement. Qui M. Potter écouterait-il, qui ne lui parle pas d'ordinaire ? Cédric Diggory lui a donné des cours, mais quel conseil M. Diggory pourrait-il donner ? Une inconnue. M. Potter a passé de longs moments avec Remus Lupin. J'ai prêté peu d'attention à celui-ci. Lupin saurait-il quels mots prononcer, comment agir, quel sacrifice faire pour modifier la trajectoire du garçon ?" Le professeur Quirrell pivota pour lui faire face. "Remus Lupin réconfortait-il les endeuillés ou raisonnait-il ceux décidés à agir inconsciemment lorsqu'il faisait partie de l'Ordre du Phénix ?"
"Ce n'est pas une mauvaise idée," dit-elle lentement. "Je crois que M. Lupin a souvent été la voix de la raison de James Potter lorsqu'ils étaient à Poudlard."
"James Potter," dit le professeur Quirrell en plissant les yeux. "Les garçon ressemble peu à James Potter. Êtes-vous confiante dans le succès de ce plan ? Non, c'est la mauvaise question, nous ne sommes pas limités à un seul plan. Êtes-vous certaine que ce plan suffira, que nous n'avons pas à en tenter d'autre ? Posée ainsi, la question est sa propre réponse. Le chemin qui mène au désastre doit être évité à chaque point d'intervention possible." Le professeur de Défense avait recommencé à déambuler dans les confins du bureau, atteignant un mur, pivotant sur ses talons, marchant jusqu'à l'autre.
"Je vous prie de m'excuser, professeur," elle ne se fatigua pas à masquer le tranchant de sa voix, "mais j'ai largement atteint mes limites pour aujourd'hui. Vous pouvez partir."
"Vous." le professeur Quirrell pivota et elle se retrouva à regarder directement ces yeux d'un bleu de glace. "Vous seriez la première à laquelle j'aurais pensé, après Mlle Granger, pour faire abandonner quelque idée folle au garçon. Avez-vous déjà fait votre maximum ? Bien sûr que non."
Comment osait-il suggérer cela. "Si vous n'avez rien d'autre à dire, professeur, vous allez partir."
"Votre conjuration a-t-elle deviné qui je suis vraiment ?" les mots furent prononcé d'un ton neutre trompeur.
"À vrai dire, oui. Maintenant…"
De la magie pure, de la puissance pure vinrent s'écraser dans la pièce comme un éclair, comme un claquement de tonnerre qui fit écho dans ses oreilles et assourdi tous ses autres sens, les papiers sur son bureau soufflés, pas par quelque vent invoqué mais par la force pure d'un obscur pouvoir.
Puis le pouvoir se retira, ne laissant que le certificat de décès de Hermione Granger flotter dans les airs et descendre jusqu'au sol.
"Je suis David Monroe, et j'ai combattu Voldemort," dit l'homme d'un ton neutre. "Écoutez mes paroles. On ne peut laisser le garçon poursuivre dans cet état d'esprit. Il deviendra dangereux. Il est possible que vous ayez déjà fait tout ce qui est en votre pouvoir. Mais j'ai découvert que c'était là quelque chose de très rare, plus tôt dit que fait. Je pense d'ailleurs que vous n'avez fait que ce que vous faites d'habitude. Je ne puis vraiment comprendre ce qui pousse les autres à dépasser leurs limites puisque je n'en ai jamais eu. Les gens demeurent étonnamment passifs face à la perspective de mourir. La peur d'être ridiculisé en public ou d'être désargenté risque plus de pousser les hommes à leurs extrémités et à briser leurs habitudes. De l'autre côté de la guerre, le Seigneur des Ténèbres a obtenu d'excellents résultats au moyen du sortilège Dolorisi, judicieusement utilisé sur des serviteurs Marqués qui ne pourraient échapper à la punition sauf en réussissant, sans qu'aucun 'effort raisonnable' ne puisse être accepté. Imaginez-vous dans leur état d'esprit et demandez-vous si vous avez vraiment fait tout ce qui est en votre pouvoir pour arracher Harry Potter à la voie sur laquelle il se trouve."
"Je suis une Gryffondor et peu encline à être motivée par la peur," rétorqua-t-elle. "Vous serez plus courtois dans mon bureau !"
"Je trouve que la peur est une excellente motivation, et c'est d'ailleurs la peur qui me fait maintenant agir. Vous-Savez-Qui, pour tout son horreur, respectait quand même certaines limites. J'estime, en tant que sorcier accompli presque au niveau de Dumbledore ou de Celui-Dont-Il-Ne-Faut-Pas-Prononcer-Le-Nom, que le garçon pourrait rejoindre les rangs de ceux dont les rituels sont inscrits sur les tombes de pays entiers. Ce n'est pas une crainte sans fondement, McGonagall ; j'ai déjà entendu des paroles susceptibles d'éveiller la plus terrible des appréhensions.
"Êtes-vous fou ? Vous pensez que M. Potter pourrait… c'est ridicule. M. Potter ne pourrait jamais…"
L'image muette d'un morceau de verre sur une sphère d'acier lui traversa l'esprit.
"… M. Potter ne ferait pas une chose pareille !"
"Son choix conscient n'est pas nécessaire. Les sorciers se décident rarement à provoquer leur propre perte. M. Potter ne vous semble peut-être pas mal intentionné. Vous semble-t-il inconscient, une fois qu'il s'est résolu à atteindre un but ? Je répète que j'ai des raisons précises de nourrir la pire des craintes possibles !"
"En avez-vous parlé au directeur ?" dit-elle lentement.
"Ce serait pire qu'inutile. Dumbledore ne peut atteindre le garçon. Au mieux, il est assez sage pour le savoir et ne pas aggraver les choses. Quant à moi, je ne possède pas l'état d'esprit nécessaire. Vous êtes celle qui… mais je vois que vous attendez encore d'être secourue par d'autres." Le professeur de Défense se détourna d'elle et marcha jusqu'à la porte. "Je pense que je vais consulter Severus Rogue. L'homme est peut-être un désastre ambulant, mais il le sait, et il possèdera peut-être une meilleure idée de l'humeur du garçon. Quant à vous, madame, imaginez-vous à la fin de votre vie, sachant que l'Angleterre - mais non, l'Angleterre n'est pas votre vrai pays, n'est-ce pas ? Imaginez-vous à la fin de votre vie, alors que les ténèbres dévorent ce qui reste des murs de Poudlard, sachant que vos élèves mourront avec vous, vous souvenant de ce jour, comprenant qu'il y avait autre chose que vous auriez pu faire."