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La voix du professeur de Défense monta encore d'un ton. "Si c'était vous qui aviez été tué par le troll, il ne serait même pas venu à l'esprit de Hermione Granger de faire pour vous ce que vous faites pour elle ! Ça ne viendrait ni à Draco Malfoy, ni à Neville Londubat non plus, ni à McGonagall ni à aucun de vos précieux amis ! Il n'y a pas une seule personne au monde qui vous rendrait le soin que vous prenez d'eux ! Alors pourquoi ? Pourquoi le faire, M. Potter ?" Il y avait un étrange désespoir fou dans sa voix. "Pourquoi être le seul au monde à faire autant d'effort pour maintenir les apparences quand aucun d'eux ne fera jamais de même pour vous ?"

"Je pense que vous vous trompez sur une question de fait, professeur," répondit Harry d'une voix neutre. "Sur plusieurs, en fait. À minima, votre modèle de mes émotions est erroné. Parce que vous ne me comprenez pas le moins de monde si vous pensez que la véracité de ce que vous venez de dire m'arrêterait. Toute chose en ce monde doit commencer quelque part, tout événement doit se produire une première fois. La vie sur Terre a dû commencer par quelque petite molécule capable d'auto-réplication. Et si j'étais la première personne au monde, non…"

La main de Harry fit un geste, comme pour indiquer les points lumineux incroyablement lointains.

"… si j'étais la première personne de l'univers à vraiment me soucier d'un autre, ce qui est faux, au fait, alors ce serait pour moi un honneur d'être cette personne et j'essaierai de m'en rendre digne."

Il y eut un long silence.

"Vous vous souciez réellement de cette fille," dit doucement l'obscure silhouette de l'homme. "Vous vous souciez d'elle comme aucun d'eux n'est capable de se soucier de sa propre vie et encore moins de celle de leur prochain." La voix du professeur de Défense devint étrange, comme emplie d'une émotion indéchiffrable. "Je ne le comprends pas, mais je sais jusqu'où vous irez. Vous défierez la mort pour elle. Rien ne vous fera dévier."

"Je m'en soucie assez pour vraiment faire un effort," dit doucement Harry. "Oui, c'est vrai."

La lumière céleste commença à se fracturer lentement, le monde commença à être visible à travers les fissures ; des balafres dans la nuit révélèrent des arbres et des feuilles illuminées par le soleil. Harry leva une main, cligna plusieurs fois des yeux, alors que la lumière revenait s'écraser dans ses yeux ajustés au noir ; et ceux-ci se posèrent automatiquement sur le professeur de Défense juste au cas où une attaque se produirait pendant qu'il était aveuglé.

Lorsque toutes les étoiles furent parties, que seul le jour demeura, le professeur Quirrell était toujours assis sur l'herbe. "Eh bien, M. Potter," dit-il de sa voix normale, "si c'est ainsi, alors je vous aiderai de mon mieux tant que je le pourrai."

"Vous ferez quoi ?" dit involontairement Harry.

"L'offre que je vous ai faite hier tient toujours. Interrogez-moi et je répondrai. Montrez-moi les livres scientifiques qui vous semblaient convenir à M. Malfoy, je les lirai et vous dirai ce qui me vient à l'esprit. N'ayez pas l'air aussi surpris, M. Potter, je n'allais certainement pas vous laisser vous débrouiller tout seul."

Harry le regarda ; ses canaux lacrymaux toujours actifs en réaction à la lumière soudaine.

Le professeur Quirrell le regarda en retour. Quelque chose d'étrange scintilla dans les yeux pâles. "J'ai fait ce que j'ai pu, et j'ai maintenant peur de devoir prendre congé. A…" et le professeur de Défense hésita. "À bientôt, M. Potter."

"À…" commença Harry.

L'homme assis sur l'herbe tomba et sa tête frappa le sol avec un petit bruit sourd. Au même moment, la sensation funeste diminua tant que Harry bondit sur pied et que son cœur se mit à battre la chamade.

Mais la silhouette au sol se redressa assez pour pouvoir ramper. Puis se tourna pour regarder Harry, les yeux vides, la mâchoire pendante. Essaya de se lever, retomba au sol.

Harry fit un pas en avant, son instinct lui dit de tendre la main, bien que ce fut incorrect ; l'appréhension qui monta en lui, aussi faible qu'elle soit, lui dit qu'un danger était toujours présent.

Mais la silhouette tombée recula devant Harry et commença à lentement ramper à l'écart, en direction du lointain château.

Debout dans la forêt, le garçon le regarda partir.

*Chapter 96*: Rôles, partie 7

Note de l'auteur : Pour ceux qui n'ont pas lu l'histoire originale : la pancarte a quelque peu changé, mais l'inscription est la même que dans la version de J.K. Rowling.

La quatrième rencontre :

(Le 17 avril 1992 à 16h38)

L'homme qui portait la manteau usé et chaud ainsi que trois légères cicatrices pour toujours gravées sur sa joue observait Harry d'aussi près que possible tandis que le garçon déambulait poliment entre les rangées de maisonnettes. Pour quelqu'un dont la meilleure amie était morte la veille, Harry Potter semblait étrangement tranquille, sans que cela ne laisse toutefois penser qu'il était insensible ou qu'il trouve cela normal. Je ne souhaite pas en parler, avait dit le garçon, avec vous ou qui que ce soit d'autre. Il avait dit 'souhaite' et non pas 'veux', comme pour insister sur le fait qu'il était capable d'utiliser des mots d'adulte et de prendre des décisions d'adulte. Remus n'avait pu songer qu'à une chose susceptible d'aider après avoir reçu les chouettes du professeur McGonagall et de cette étrange homme nommé Quirinus Quirrell.

"Il y a beaucoup de maisons vides," dit Harry, après avoir jeté un nouveau coup d'œil.

Godric's Hollow avait changé pendant la décennie depuis que Remus Lupin avait cessé de s'y rendre fréquemment. Nombre des vieilles maisonnettes pointues semblaient désertes, et de grandes vignes feuillues grimpaient sur les fenêtres et les portes. La Grande Bretagne s'était réduite de façon notable à la suite de la guerre des sorciers car elle n'avait pas perdu que les morts mais aussi les fuyards. Godric's Hollow avait été particulièrement touché. Plus tard, encore d'autres familles s'étaient déplacées, vers Pré-au-Lard ou la Londres magique, car les maisons désertées étaient devenues un rappel trop dérangeant.

D'autres étaient restés. Godric's Hollow était plus ancien que Poudlard, plus ancien que Godric Gryffondor, qui lui avait donné son nom, et il y avait là des familles qui résideraient ici jusqu'à la fin du monde et de sa magie.

Les Potter avaient été l'une de ces familles et le seraient à nouveau si le dernier d'entre eux le décidait.

Remus Lupin essaya d'expliquer tout cela, simplifiant de son mieux pour le jeune garçon. Le Serdaigle hochait pensivement la tête et ne parlait pas, comme s'il comprenait tout sans avoir besoin de poser de questions. Peut-être était-ce le cas ; l'enfant de James Potter et Lily Evans, préfet et préfète en chef de Poudlard, ne risquait pas d'être stupide. L'enfant lui avait certainement semblé très intelligent lors de leur courte conversation de janvier, bien qu'alors ce fut surtout Remus qui avait parlé.

(Il y avait aussi cette histoire avec le Magenmagot dont Remus avait entendu des rumeurs, mais il n'en croyait pas un mot, pas pu qu'il ne croyait que James avait promis son fils en mariage à la plus jeune fille de Molly).

"Voilà le monument," dit Remus en tendant la main vers l'avant.

Harry marcha à côté de M. Lupin vers l'obélisque de marbre noir tout en réfléchissant en silence. Il lui semblait que cette aventure était profondément malavisée ; il n'avait besoin d'aucun accompagnement dans le deuil, n'ayant pas choisi cette voie. En ce qui le concernait, les cinq étapes du deuil étaient Rage, Remords, Résolution, Recherche et Résurrection (non pas que les 'cinq étapes du deuil' aient jamais bénéficié de la moindre confirmation expérimentale dont Harry ait entendu parler). Mais M. Lupin était apparu trop sincère pour que Harry puisse refuser ; et il avait semblé à Harry qu'il se devait de ne pas refuser une visite chez James et Lily. Il marchait donc, empli d'un sentiment d'étrange détachement ; il marchait silencieusement comme au milieu d'une pièce dont la lecture du texte ne l'aurait pas intéressé.