Выбрать главу

Après la nuit vient toujours l'aube.

Repose sereine, Lily

Sois béni, Survivant. Tu fus notre miracle.

"J'imagine…" dit Harry. "J'imagine que c'est ce que les gens font… au lieu d'essayer d'arranger les choses…" Harry se tut. Cette pensée ne lui sembla pas digne de cet endroit. Il leva les yeux et vit Remus Lupin l'observer avec tant de gentillesse que Harry s'arracha à cette vue et s'intéressa au toit détruit, explosé.

Tu fus notre miracle. Harry avait toujours entendu utiliser le mot 'miracle' dans des phrases destinées à indiquer qu'ils n'existaient pas. Et pourtant, en regardant cette maison détruite, il sut soudain exactement ce que le mot signifiait, ce soupçon de grâce inexpliquée. Le Seigneur des Ténèbres avait presque gagné, puis en une nuit toute la terreur, toutes les ténèbres s'étaient achevées, un salut injustifié, une aube soudaine jaillie des ténèbres sans que personne ne sache même pourquoi

Si Lily Potter avait survécu à sa confrontation avec Lord Voldemort, c'est ce qu'elle aurait ressenti en voyant que son bébé avait survécu.

"Allons-y," murmura le bébé, dix ans plus tard.

Ils partirent.

L'entrée du cimetière était protégée par un portail sans cadenas, de ceux qui maintenaient les animaux à l'écart, avec un endroit où se tenir pendant que l'on déplaçait la porte. Remus sortit sa baguette (Harry tenait déjà la sienne) et sa vue se troubla brièvement lorsqu'ils entrèrent.

Certaines des pierres plantées dans le sol avaient l'air d'être aussi vieilles que ce mur à Oxford que son père avait dit être vieux d'environ mille ans.

Hallie Fleming, pouvait-on lire sur la première pierre que vit Harry, les mots gravés rendus presque invisibles par l'érosion du temps. Vienna Wood, pouvait-on lire sur une autre.

Il y avait longtemps que Harry avait visité un cimetière. La dernière fois, son esprit avait encore été enfantin, longtemps avant qu'il ne plonge son regard dans l'ombre de la Mort. Venir ici, maintenant, était…étrange, triste, déroutant, et cela se produit depuis si longtemps, pourquoi les sorciers n'ont ils pas essayé de l'empêcher, pourquoi n'investissent-ils pas toutes leurs forces dans ce projet comme les Moldus dans la recherche médicale, mais avec encore plus d'intensité, les sorciers ont de meilleures raisons d'espérer…

"Les Dumbledore vivaient aussi à Godric's Hollow ?" dit Harry lorsqu'ils dépassèrent deux pierres relativement neuves marquées Kendra Dumbledore et Ariana Dumbledore.

"Depuis très, très longtemps," dit M. Lupin.

Ils s'avancèrent dans le cimetière, en atteignirent presque le bout, derrière tous ces morts, tous pleurés.

Puis M. Lupin indiqua deux pierres tombales jumelles, reliées, d'un marbre encore blanc et neuf.

"Y aura-t-il des messages ici aussi ?" dit Harry. Il ne voulait plus avoir à se confronter à la façon dont les autres se confrontaient à la mort.

M. Lupin secoua la tête.

Ils s'avancèrent jusqu'aux pierres blanches reliées.

Et se tint devant…

"Qu'est-ce c'est ?" chuchota Harry. "Qui… qui a écrit ça ?"

JAMES POTTER

NÉ LE 28 MARS 1960

MORT LE 31 OCTOBRE 1981

"Écrit quoi ?" dit M. Lupin, interloqué.

LILY POTTER

NÉE LE 30 JANVIER 1960

MORTE LE 31 OCTOBRE 1981

"Ça !" s'écria Harry. "L'inscription !" Des larmes s'amoncelaient dans ses yeux, face la lueur étrangère et inexpliquée, face au soupçon de grâce là où il n'y aurait pas dû y en avoir, face à la mystérieuse bénédiction, ses larmes s'amoncelaient face à

LE DERNIER ENNEMI QUI SERA DÉTRUIT EST LA MORT

"Ça ?" dit M. Lupin. "C'est la… devise, j'imagine qu'on pourrait dire ça, c'est la devise des Potter. Même si je pense que ça n'a jamais été aussi formel que ça. C'est juste un dicton transmis depuis très, très longtemps…"

"C'est… ce…" Harry s'agenouilla tant bien que mal face à la tombe, toucha l'inscription d'une main tremblante. "Comment ? Ce genre de chose ne peut pas être, être génétique…"

Puis Harry vit ce que ses larmes avaient brouillées, la légère gravure d'une ligne dans un cercle dans un triangle.

Le symbole des Reliques de la Mort.

Et Harry comprit.

"Ils ont essayé," chuchota Harry.

Les trois frères Peverell.

Avaient-ils perdu quelqu'un qui leur était précieux, est-ce ainsi que cela avait commencé ?

"Ils y ont consacré leur vie, ils ont essayé, ils ont progressé…"

La Cape d'Invisibilité, capable d'échapper au regard des Détraqueurs.

"…mais ils n'ont pas terminé leurs recherches…"

Se cacher de l'ombre de la Mort ne revient pas à vaincre la Mort elle-même. La Pierre de Résurrection ne peut pas réellement faire revenir qui que ce soit. La Baguette de Sureau ne protège pas de la vieillesse.

"…ils ont alors transmis la mission à leurs enfants et aux enfants de leurs enfants."

Génération après génération.

Jusqu'à en venir à moi.

Le Temps pouvait-il produire de tels échos, rimer entre un futur et un passé si lointains ? Cela ne pouvait pas être une coïncidence. Pas ce message, pas ici.

Ma famille.

Vous étiez véritablement mon père et ma mère.

"Ça ne parle pas de ressusciter les morts, Harry," dit M. Lupin. "Ça parle d'accepter la mort, de pouvoir la dépasser, la maîtriser."

"Est-ce que James vous a dit ça ?" dit Harry d'une voix étrange.

"Non," dit M. Lupin, "mais…"

"Bien."

Harry se releva lentement de sa position agenouillée avec la sensation de pousser un soleil sur ses épaules, de faire se lever l'aube au-dessus de l'horizon.

Bien sûr que d'autres sorciers ont essayé. Je ne suis pas unique. Je n'ai jamais été seul. Ces sentiments que je ressens en moi, ils ne sont pas particulièrement spéciaux, pas plus dans le monde des sorciers que dans le monde Moldu.

"Harry, ta baguette ?" La voix de M. Lupin s'était soudain agitée, et lorsque Harry leva sa baguette pour la regarder de plus près, il vit qu'elle luisait, très légèrement, d'une lueur argentée qui suintait du bois.

"Lance le Patronus !" le pressa M. Lupin. "Réessaye de le lancer, Harry !"

Ah oui, pour ce qu'il en sait, je ne peux pas…

Harry sourit, rit même un peu. "Il ne vaut mieux pas," dit Harry. "Si j'essayais de lancer le sortilège dans mon état d'esprit actuel, ça me tuerait probablement."

"Quoi ?" dit M. Lupin. "Le Patronus ne fait pas ça !"

Harry James Potter-Evans-Verres leva sa main gauche, toujours en riant, et essuya quelques-unes des larmes.

"Vous savez, M. Lupin," dit Harry, "il faut vraiment être capable d'interpréter les choses de façon baroque pour pouvoir penser que quelqu'un, songeant que la mort est une chose que nous devrions tous accepter, communiquerait son état d'esprit en disant : 'Le dernier ennemi qui sera détruit est la mort'. Peut-être que quelqu'un a trouvé que c'était poétique, qu'il a récupéré la phrase et a tenté de l'interpréter différemment, mais celui ou celle qui l'a dit en premier n'appréciait pas beaucoup la mort." Harry trouvait parfois mystérieux de voir comment les gens étaient capables de ne même pas remarquer qu'ils tordaient une phrase jusqu'à lui faire effectuer un revirement complet, à l'opposé de sa signification première évidente. Ça ne pouvait pas être une question d'intelligence brute, les gens pouvaient comprendre le sens évident de la plupart des phrases en anglais. "D'autre part, 'sera détruit' fait référence à une situation future, cela ne peut donc pas parler de l'état actuel des choses."