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Un Gobelin âgé apparut devant eux et Harry inclina la tête avec une courtoisie gracieuse, un geste auquel le gobelin âgé répondit d'un semi hochement de tête abrupte. Il n'y eut pas de montagnes russes ; le gobelin âgé se contenta de les introduire dans un bref couloir qui s'achevait sur une petite salle d'attente où se trouvaient trois bancs à taille de gobelin et une chaise pour sorcier où personne ne s'assit.

"Ne signe rien que Lucius Malfoy te tendra," dit Maugrey Fol Œil. "Rien, c'est compris mon gars ? Si Malfoy te tend une copie des Merveilleuses Aventures du Survivant et te demande ton autographe, dis-lui que tu t'es foulé un doigt. N'effleure même pas une plume tant que tu seras à Gringotts. Si quelqu'un t'en tend une, casse-la et ensuite casse-toi les doigts. Est-ce que j'ai besoin de plus t'expliquer, petit ?"

"Pas particulièrement," dit Harry. "On a aussi des avocats en Angleterre Moldue et les nôtres penseraient que les vôtres sont très mignons."

Peu de temps après, Harry Potter remit sa baguette à un garde gobelin en armure qui le fouilla au moyen de sondes toutes plus intéressantes les unes que les autres avant de laisser à Maugrey la garde de sa bourse.

Puis Harry passa par une autre porte et sous une brève cascade du voleur qui s'évapora dès qu'il en sortit.

De l'autre côté de la porte, une pièce plus large, richement décorée, dont toute la longueur était occupée par une grande table en or ; deux immenses chaises de cuir d'un côté de la table et un petit tabouret de bois de l'autre, le perchoir du débiteur. Deux gobelins en armure complète, munis d'oreillettes et de lunettes ornées, se tenaient de chaque côté de la pièce. Aucun des deux camps n'aurait de baguette ou autre ustensile magique, et les gobelins attaqueraient immédiatement si quiconque osait faire usage de magie sans baguette lors de cette rencontre pacifique supervisé par la banque de Gringotts. Les oreillettes ornées empêcheraient les gardes gobelins d'entendre la conversation, à moins que l'on ne s'adresse directement à eux, et les lunettes rendraient flous les visages des sorciers. En bref, il s'agissait quasiment d'un véritable système de sécurité - du moment que l'on était Occlumens.

Harry monta sur son tabouret de bois peu confortable en songeant que c'est subtil avec sarcasme et attendit ses créanciers.

L'intervalle de temps avant que Lucius n'entre dans la pièce fut très court, bien plus court que le temps maximum pendant lequel on pouvait légalement faire attendre un débiteur. Il s'assit dans sa chaise de cuir avec une aisance forgée par la pratique. Sa cane à tête de serpent n'était plus dans ses mains, sa longue chevelure flottait à sa suite comme elle l'avait toujours fait ; son visage était insondable.

Un jeune garçon aux cheveux blond-blanc le suivait sans faire de bruit, vêtu de robes plus fines que n'importe quel uniforme de Poudlard, et il marchait après son père avec l'air de se contrôler. Un garçon qui était aussi créancier de Harry à hauteur de quarante Gallions, qui appartenait aussi à la maison Malfoy et qui, techniquement, était donc concerné par la résolution du Magenmagot à l'origine de cette rencontre.

Draco. Harry ne parla pas à voix haute, il ne laissa pas l'expression de son visage changer. Il ne savait quoi dire. Même Pardon ne semblait pas convenable. Il n'avait pas non plus osé dire cela au Patronus de Draco, lorsqu'ils avaient organisé cette rencontre en quelques échanges brefs ; et pas seulement parce que Lucius risquait d'écouter. Apprendre que la pensée heureuse de Draco l'était toujours et qu'il pouvait encore désirer que Harry le sache avait suffit à satisfaire ce dernier.

Lucius Malfoy parla d'abord, voix neutre, visage décidé. "Je ne comprends pas ce qui se passe à Poudlard, Harry Potter. Pourriez-vous me l'expliquer ?"

"Je l'ignore," dit Harry. "Si je comprenais ces événements, je ne les aurais pas laissés se produire, Lord Malfoy."

"Alors répondez à cette question. Qui êtes-vous ?"

Harry contempla avec calme le visage de son créancier. "Je ne suis pas Vous-Savez-Qui, comme vous pensiez que je l'étais," dit-il. N'étant pas complètement idiot, il avait finit par comprendre à qui Lucius pensait s'adresser devant tout le Magenmagot. "Je ne suis évidemment pas un garçon normal. De façon toute aussi évidente, cela a probablement quelque chose à voir avec ce qui a fait de moi le Survivant. Mais j'en ignore les causes et les raisons autant que vous. J'ai posé la question au Choixpeau et il les ignore aussi."

Lucius Malfoy hocha la tête avec un regard distant. "Je n'ai pu trouver de raison qui vous pousserait à payer cent mille Gallions pour sauver la vie d'une Sang-de-Bourbe. Pas de raison, excepté une qui expliquerait son pouvoir autant que sa soif de sang ; mais alors elle est morte aux mains d'un troll et vous vivez toujours. Mon fils m'a aussi dit de nombreuses choses sur vous, Harry Potter, des choses qui n'avaient pas le moindre sens, j'ai entendu les délires des fous de Ste Mangouste et ils étaient beaucoup plus raisonnable que les événements auxquels, à en croire les dire de mon fils pendant qu'il était sous Veritaserum, vous avez participé, et je souhaiterais que vous m'expliquiez, sur-le-champ, cette démence absolue dont vous êtes l'auteur."

Harry se retourna vers Draco dont le visage alternait entre la contrôle de soi-même et une grande nervosité.

"Moi aussi," dit Draco d'une voix aiguë et vacillante, "j'aimerais comprendre, Potter."

Harry ferma les yeux et parla sans regarder. "Un garçon élevé par des Moldus qui se croyait malin. Tu m'as vu, Draco, et tu as songé qu'il serait éminemment utile de se lier d'amitié avec le Survivant, plus qu'avec tous les autres enfants de ton année, afin de lui montrer le monde tel qu'il est. Et j'ai pensé la même chose à ton sujet. Sauf que toi et moi avions des idées différentes de ce qui est vrai. Je ne dis pas qu'il y a plusieurs vérités, je veux dire qu'il y a différentes croyances et une seule réalité, un seul univers capable de rendre ces croyances vraies ou fausses…"

"Tu m'as menti."

Harry ouvrit les yeux et regarda Draco. "Je préférerais dire," répondit Harry d'une voix pas tout à fait assurée, "que les choses que je t'ai dites étaient vraies d'un certain point de vue."

"Un certain point de vue ?" La colère de Draco Malfoy semblait aussi justifiée que celle de Luke Skywalker, et lui non plus n'était pas d'humeur à accepter les excuses d'Obi-Wan. "Il y a un mot pour les choses vraies d'un certain point de vue. On les appelle des mensonges !"

"Ou des ruses," dit Harry d'un ton neutre. "Des affirmations techniquement vraies mais qui trompent l'auditeur, qui le poussent à former des croyances fausses. Je pense que la distinction mérite d'être faite. Ce que je t'ai dit était une prophétie auto-réalisatrice ; tu as cru que tu ne pouvais pas te tromper toi-même et tu n'as donc pas essayé de le faire. Tes nouvelles capacités sont réelles et il te serait très néfaste de commencer à lutter intérieurement contre elles. Les gens ne peuvent pas se forcer à croire que bleu est vert par la seule force de leur volonté, mais ils croient qu'ils en sont capables, et ça peut être presque aussi grave."

"Tu m'as utilisé," dit Draco Malfoy.

"Seulement d'une façon qui t'a rendu plus fort. C'est ça, être utilisé par un ami."