Il y eut un bref silence dans la pièce, exception faite des deux gardes gobelins qui continuèrent de respirer comme si de rien n'était.
"Vous êtes fou," dit Lucius Malfoy avec froideur.
"Ce ne serait que justice, Lucius Malfoy. Vous ne pouvez certainement attendre de moi que je coopère tandis que vous contrôlez la richesse de la maison Potter pour des prétextes que vous savez maintenant être faux. Je comprend que les apparences aient pu auparavant être trompeuses, mais vous n'êtes maintenant plus dupe."
"Vous n'avez rien à m'offrir qui vaille cent mille Gallions."
"Vraiment ?" dit Harry d'une voix distraite. "Je me le demande. Je pense qu'il est assez probable que vous vous préoccupiez plus du bien-être à long terme de la maison Malfoy que de la marotte politique du Seigneur des Ténèbres raté de la génération précédente." Harry jeta un regard lourd de sens vers Draco. "La prochaine génération dessine ses propres lignes de front et forme de nouvelles alliances. Votre fils peut en être exclu, ou alors il peut grimper directement au sommet. Cela n'a-t-il pas plus de valeur pour vous que quarante mille Gallions auxquels vous ne vous attendiez pas particulièrement et dont vous n'avez pas particulièrement besoin ?" Harry eut un fin sourire. "Quarante mille Gallions. Deux millions de livres sterling moldues. Votre fils sait quelque chose de la taille de l'économie moldue ; elle pourrait vous surprendre. Les Moldus trouveraient amusant que le destin d'un pays dépende de deux millions de livres sterling. Ils trouveraient ça mignon. Et je le trouve aussi, Lucius Malfoy. Ce n'est pas que je suis au désespoir. C'est que que vous méritez une chance d'agir de façon juste."
"Oh ?" dit Lucius Malfoy. "Et si je refuse cette chance que je mérite ?"
Harry haussa les épaules. "Cela dépend du genre de gouvernement de coalition qui se forme en l'absence des Malfoy. Si le gouvernement peut être réformé pacifiquement et qu'agir autrement entraverait cette paix, je vous paierait la somme risible que je vous dois. Ou peut-être que les Mangemorts seront à nouveau jugés pour leurs crimes passés puis exécutés en toute justice suite à un procès, légal évidemment."
"Vous êtes vraiment fou," dit doucement Lucius Malfoy. "Vous n'avez ni pouvoir ni fortune, et pourtant vous parlez ainsi devant moi."
"Oui, c'est bête d'imaginer que je pourrais vous faire peur. Après tout, vous n'êtes pas un Détraqueur."
Et Harry continua de sourire. Il avait fait des recherches, et un bézoard soignerait apparemment presque n'importe quel poison si on le fourrait assez vite dans la bouche de la victime. Peut-être qu'il ne réparerait pas les dommages causés par les radiations de polonium métamorphosé, mais peut-être que si. Harry avait alors consulté les points de congélations de plusieurs acides et il s'était avéré que l'acide sulfurique gelait à pile dix degrés, ce qui signifiait que Harry pourrait acheter un litre de cet acide au supermarché moldu, le faire geler puis le métamorphoser en un tout petit glaçon à lancer dans la bouche de quelqu'un. Aucun bézoard ne pourrait combattre ça une fois que la métamorphose se serait estompée. Harry n'avait aucune intention de le dire à voix haute, bien sûr, mais maintenant qu'il avait entièrement échoué à empêcher que quiconque meure pendant le déroulement de sa quête, il n'avait aucune intention de laisser ses actes être restreints, ni par la loi ni même par le code de Batman.
Dernière chance de vivre, Lucius. À un niveau éthique, ta vie a cessé de t'appartenir le jour où tu as commis ta première atrocité pour le compte des Mangemorts. Tu es encore humain et ta vie a encore une valeur intrinsèque, mais tu ne possèdes plus la protection déontologique dont jouissent les innocents. Toute personne gentille a le droit de te tuer si elle pense que sur le long terme, cela sauvera des vies ; et c'est ce que je penserai de toi si tu commences à te mettre en travers de on chemin. Celui qui a lancé le troll après Hermione devra t'avoir aussi pris pour cible et t'avoir frappé d'une malédiction qui transforme les anciens Mangemorts en un tas de boue. Que c'est triste.
"Père," dit Draco d'une petite voix. "Je pense que vous devriez réfléchir à cette offre, père."
Lucius Malfoy regarda son fils. "Tu veux rire."
"Il dit vrai. Je ne pense pas que Harry Potter a inventé ses livres, personne n'aurait pu écrire tout ça et j'y ai lu des choses que j'ai pu moi-même vérifier. Et si seulement la moitié de ce qui s'y trouve est vraie, il a raison, cent mille Gallions ne représenteront pas grand chose. Si nous les lui donnons, il sera réellement de nouveau ami avec la maison Malfoy - de la façon dont il voit l'amitié, en tout cas. Et sinon, il sera notre ennemi, que ce soit dans son intérêt ou pas, il en aura après nous. Il réfléchit vraiment comme ça. Pour lui, il ne s'agit pas d'argent, il s'agit de ce qu'il appelle l'honneur."
Harry Potter inclina la tête. Il souriait toujours.
"Mais soyons clair sur un point," dit Draco en le regardant droit dans les yeux. Une lueur féroce brillait dans ses yeux. "_Tu m'as trompé. Et tu es mon débiteur._"
"Je l'admets," dit doucement Harry. "Mais cela dépend bien sûr du reste."
Lucius Malfoy ouvrit la bouche pour dire quelque chose et la referma. "Fou," répéta-t-il.
Il y eut un long débat entre le père et le fils pendant lequel Harry demeura silencieux.
Puis les yeux de Lucius Malfoy se tournèrent enfin vers Harry. "Et vous croyez," dit Lucius Malfoy, "que vous pouvez persuader Londubat et Bones de vous suivre même si Dumbledore s'y oppose."
Harry hocha la tête. "Ils vous soupçonneront d'être responsable, bien sûr. Mais je leur dirai que c'était mon plan depuis le début, cela devrait aider."
"J'imagine," dit Lucius Malfoy au bout d'un moment, "que je pourrais faire rédiger un contrat vous absolvant de presque tout le reste de votre dette, si je venais à adhérer à cette idée folle. J'aurai bien sûr besoin de plus de garanties…"
Harry fouilla promptement dans ses robes et en sortit un parchemin qu'il déplia et étala sur la table d'or. "À vrai dire, j'ai pris la liberté de le faire," dit Harry. Il avait passé quelques heures studieuses dans la bibliothèque de Poudlard avec les livres de droit disponibles. Heureusement, Harry avait cru constater que les lois d'Angleterre magique étaient d'une charmante simplicité comparées à leurs équivalentes Moldues. Écrire que la dette de sang originelle et le paiement étaient annulés, que la richesse des Potter et tous les autres objets de sa chambre forte lui seraient rendus, que le reste de la dette était annulé, et que les Malfoy n'avaient commis aucune faute, tout cela n'avait pris que quelques lignes de plus que l'équivalent oral. "J'ai dû promettre à mes gardiens de ne rien signer qui vienne de vous. Je me suis donc assuré de rédiger ceci moi-même et de le signer avant de partir."
Draco s'étrangla dans un petit rire.
Lucius lit le contrat et sourit sans gaieté. "C'est d'une simplicité charmante."
"J'ai aussi promis de ne pas toucher de plume tant que je serai à Gringotts," dit Harry. Il fouilla dans ses robes et en sortit un stylo Moldu et une feuille de papier normale. "Cette formulation vous conviendra-t-elle ?" Harry griffonna rapidement une note telle qu'un avocat aurait pu l'écrire qui disait que la maison Potter ne tenait pas la maison Malfoy pour responsable de du meurtre de Hermione Granger de quelque façon que ce soit et ne croyait pas qu'elle avait quoi que ce soit à voir avec celui-ci, puis il souleva la feuille afin que Lucius Malfoy puisse la lire.
Lucius Malfoy regarda la feuille, leva quelque peu les yeux au ciel puis dit : "J'imagine que cela suffira. Même si le mot correct serait absous plutôt que disculpe…"