Père avait gravement fait remarquer qu'il était très important que l'héritière Greengrass reste à Poudlard, là où toutes les autres familles nobles envoyaient leurs enfants (c'était la raison derrière la vieille tradition qu'avaient les familles nobles de synchroniser la naissance de leurs héritiers afin de les envoyer, si possible, dans la même année à Poudlard). Et Père avait dit que l'héritière d'une Très Ancienne Maison ne pouvait pas toujours rester à l'écart du danger.
Elle aurait autant aimé ne pas entendre cette partie.
Après avoir tourné la poignée et ouvert la porte, Daphné déglutit soudain.
"Mlle. Greengrass…" murmura une silhouette indistincte et drapée d'argent.
Daphné cria, ferma la porte, sortit sa baguette et se retourna pour fuir.
"Attends !" s'écria la voix avec plus de force et d'un ton plus aigu.
Daphné s'interrompit. Il était impossible que la personne à qui cette voix appartenait soit ici.
Daphné se tourna lentement et ouvrit à nouveau la porte.
"Toi !" dit Daphné, frappée de stupeur, et elle vit le visage sous le capuchon. "Je pensais que tu étais…"
"Je reviens vers toi," dit la silhouette à robes d'argent d'une voix forte, "en ce moment dé…"
"Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?" glapit Daphné.
"Greengrass, j'ai entendu dire que tu pouvais produire la forme brumeuse du Patronus," dit la silhouette en robe d'argent. "Puis-je la voir ?"
Daphné le regarda en silence, et son sang se mit soudain à bouillir. "Pourquoi ?" dit-elle en gardant sa baguette levée. "Pour que tu puisses tuer tous ceux qui appartiennent à Serpentard mais savent lancer ce genre de sortilège ? On sait tous qui a fait assassiner Hermione !"
La voix de la silhouette s'éleva. "J'ai témoigné sous Veritaserum que j'ai essayé d'aider Granger ! J'essayais vraiment de l'aider quand j'ai attrapé sa main sur le toit, et quand je l'ai aidée à se relever…"
Daphné gardait sa baguette levée. "Comme si ton père ne pouvait pas manipuler le compte-rendu des Aurors ! Je ne suis pas née de la dernière pluie, Malfoy !"
Lentement, comme pour ne pas l'effrayer, la silhouette d'argent fit apparaître une baguette de sous ses robes. La main de Daphné se resserra sur la sienne, mais elle reconnut alors la position des doigts, la posture que la silhouette adoptait, et elle inspira soudain…
"Expecto Patronum," dit clairement Draco Malfoy.
Une lumière d'argent bondit de l'extrémité de la baguette de Malfoy - et se condensa pour former un serpent de lumière qui parut se lover en l'air, comme s'il se reposait là.
Elle en fut bouche bée.
"J'ai vraiment essayé d'aider Hermione Granger," dit Draco Malfoy d'une voix neutre. "Parce que je connais la maladie qui ronge le cœur de la maison Serpentard, la raison pour laquelle nous sommes si nombreux à ne plus pouvoir lancer le Patronus. C'est notre haine. Les gens n'associent plus Serpentard qu'à ça, aujourd'hui, pas à notre ruse, à notre ambition, ou à notre noblesse, seulement à notre haine des Moldus. Et même moi je sais, parce que c'est évident si on se laisse le voir, que Hermione Granger n'était pas magiquement faible."
L'esprit de Daphné était comme assommé. Ses yeux vérifièrent nerveusement l'espace sous les portes pour vérifier que du sang n'en sortait pas, comme la dernière fois que Quelque Chose s'était Brisé.
"Et j'ai aussi compris," dit doucement Draco Malfoy, alors que le serpent d'argent continuait de briller de sa lumière et de son indéniable chaleur, "que Hermione Granger n'a jamais vraiment essayé de me tuer. Peut-être qu'elle a subit un sortilège de faux souvenirs, peut-être qu'elle a été victime de Légilimancie, mais maintenant qu'elle s'est faite assassiner, il est évident que, le jour où quelqu'un a essayé de faire accuser Granger de mon assassinat, elle était la cible principale."
"Est-est-est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ?" la voix de Daphné se brisa. Si Lucius Malfoy entendait que son fils avait dit ça il l'écorcherait et il en ferait un pantalon !
Draco Malfoy sourit, sa robe métallique scintillante sous la lumière de son Patronus complet ; c'était un sourire à la fois arrogant et dangereux, comme si s'inquiéter qu'on puisse le transformer en un pantalon de cuir était indigne de lui. "Oui," dit-il, "mais ça n'a plus d'importance à présent. La maison Malfoy rend son argent à la maison Potter et annule sa dette."
Daphné marcha jusqu'à son lit et s'y laissa choir, espérant qu'elle pourrait alors se réveiller de ce rêve.
"J'aimerais que tu rejoignes une conspiration," dit la silhouette en robes étincelantes. "Pour tous ceux à Serpentard capables de lancer le Patronus et tous ceux capables de l'apprendre. C'est grâce à cela que nous pourrons nous faire confiance quand nous nous retrouverons entre Serpentards Scintillants." D'un geste théâtral, Draco Malfoy releva sa capuche. "Mais ça ne marchera pas sans toi, Daphné Greengrass. Toi et ta famille. Ta mère négociera cela avec Père, mais je voudrais que les Greengrass entendent d'abord la proposition de ta bouche." La voix de Draco Malfoy devint plus basse, plus sinistre. "Nous avons beaucoup à nous dire avant le dîner."
Harry Potter avait apparemment choisi d'être toujours invisible ; ils n'avaient que brièvement aperçu sa main lorsqu'il leur avait donné la liste, écrite sur un étrange non-parchemin. Harry avait expliqué que tout bien considéré, il n'aurait pas été malin de sa part de se laisser être facile à trouver, mis à part lors d'occasions particulières, et qu'il allait donc se contenter d'interagir avec les gens sous la forme d'une voix sans à corps, ou sous celle d'une puissante lumière argentée cachée à l'angle d'un couloir, là où personne ne pourrait la voir, et qui pourrait toujours trouver ses amis, où que ceux-ci se cachent. C'était, pour être tout à fait honnête, l'une des choses les plus effrayantes que Fred et George avaient jamais entendues, et ce bien qu'ils aient déjà remplit les chaussures de tous les élèves en deuxième année avec des mille-pattes métamorphosés. Ils étaient d'avis que ça ne serait bon pour la santé mentale de personne, mais ils ne savaient pas quoi répondre. Ils ne pouvaient pas nier, l'ayant vu de leurs quatre yeux, que Poudlard…
…n'était plus sûre…
"Je ne sais qui vous êtes allés voir pour le sortilège de faux souvenirs sur Rita Skeeter," dit la voix sans source de Harry Potter. "Qui que ce soit,… il ne pourra probablement pas satisfaire directement cette commande, mais il connaîtra peut-être quelqu'un capable de faire venir des choses du monde Moldu. Et… je sais que ça coûtera peut-être plus cher, mais un minimum de personnes doivent savoir que Harry Potter a quoi que ce soit à voir avec ça." Une autre vision fugace de la main d'un petit garçon, et un sac tomba au sol dans un bruit de métal. "Certains de ces objets coûtent cher, même dans le monde Moldu, et votre contact devra peut-être sortir d'Angleterre ; mais ces cent Gallions devraient suffire à tout payer, j'espère. Je vous dirais bien d'où ces Gallions viennent, mais je ne voudrais pas vous gâcher la surprise de demain."
"Qu'est-ce que c'est que ces trucs ?" dit Fred ou George, tandis qu'ils regardaient la liste. "Notre père est expert en Moldus…"
"…et on n'en reconnaît même pas la moitié…"
"…on n'en reconnaît même aucun…"
"…qu'est-ce que tu comptes faire exactement ?"