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Et elle partit, marchant le long du couloir qui menait à la salle d'étude verte.

"Comment as-tu fait ça ?" siffla l'un des garçons de Poufsouffle dès qu'elle était partie.

Harry sourit avec suffisance. "Je peux faire survenir tout ce que je veux juste en claquant des doigts."

Les yeux du garçon s'agrandirent. "Vraiment ?"

"Non," dit Harry. "Mais quand vous raconterez cette histoire à tout le monde, assurez-vous de la partager avec Hermione Granger, en première année à Serdaigle, elle a une anecdote que vous trouverez amusante." Il n'avait aucune idée de ce qui se passait, mais il n'allait pas laisser passer une opportunité de contribuer à sa légende grimpante. "Oh, et qu'est ce que c'était que cette histoire à propos du Sort de Mort ?"

Le garçon lui jeta un étrange regard. "Tu ne sais vraiment pas ?"

"Si je le savais je ne poserais pas la question."

"Les mots pour le Sort de Mort sont," le garçon avala sa salive, et sa voix devint un murmure, et il tint ses mains loin de ses flancs comme pour rendre très clair le fait qu'il ne tenait pas de baguette, "Avada Kedavra."

Évidemment.

Harry ajouta cela à sa liste croissante de choses à ne jamais dire Papa, le Professeur Michael Verres-Evans. C'était déjà assez de parler du fait que vous étiez la seule personne à avoir survécu au terrible Sort de Mort sans avoir à admettre que le Sort de Mort était "Abracadabra."

"Je vois," dit Harry après une pause. "Eh bien c'est la dernière fois que je dis ça avant de claquer des doigts." Bien que ça ait produit un effet qui pourrait être tactiquement utile.

"Pourquoi as-tu -"

"Éduqué par les Moldus. Les Moldus pensent que c'est une blague et que c'est drôle. Je suis sérieux, c'est ce qui s'est passé. Désolé mais pourrais-tu me rappeler ton nom ?"

"Je suis Ernie Macmillan," dit le Poufsouffle. Il tendit sa main, et Harry la serra. "Honoré de te rencontrer."

Harry s'inclina légèrement. "Ravi de te rencontrer, oublie les 'honoré' et autres."

Puis les autres garçons firent foule autour de lui et il y eut un déluge de présentations.

Lorsqu'ils en eurent fini, Harry avala sa salive. Ça allait être très difficile. "Euh... si vous voulez bien m'excuser... j'ai quelque chose à dire à Neville -"

Tous les yeux se tournèrent vers Neville, qui fit un pas en arrière, l'air appréhensif.

"J'imagine," dit Neville d'une petite voix, "que tu vas dire que j'aurais dû être plus brave -"

"Oh, non, rien de ce genre !" dit hâtivement Harry. "Rien à voir avec ça. C'est juste, euh, quelque chose que le Choixpeau Magique m'a dit -"

Soudain les autres garçons eurent l'air très intéressés, mis à part Neville, qui avait l'air encore plus appréhensif.

Il semblait y avoir quelque chose bloquant la gorge de Harry. Il savait qu'il devrait juste le dire, mais c'était comme si il avait avalé une grande brique qui bouchait maintenant le passage.

C'était comme si Harry devait prendre manuellement le contrôle de ses lèvres et produire chaque syllabe individuellement, mais il parvint à le dire. "Je, suis, dés,olé." Il exhala et prit une profonde inspiration. "Pour ce que j'ai fait, euh, l'autre jour. Tu... tu n'a pas à être chic ou quoi que ce soit. Je comprendrai si tu me détestes. Je ne suis pas en train d'essayer d'avoir l'air cool en m'excusant ou de te forcer à accepter mon excuse. Ce que j'ai fait était mal."

Il y eut une pause.

Neville serra ses livres contre sa poitrine. "Pourquoi as-tu fait ça ?" dit-il d'une voix fluette et tremblante. Il cligna comme pour retenir des larmes. "Pourquoi est-ce que tout le monde me fait ça, même le Survivant ?"

Harry se sentit soudain plus petit qu'il ne s'était jamais senti. "Je suis désolé," dit Harry à nouveau, sa voix maintenant enrouée. "C'est juste que... tu avais l'air tellement effrayé, c'était comme un signe au-dessus de ta tête disant 'victime', et je voulais te montrer que les choses ne tournaient pas toujours mal, que parfois les monstres donnent du chocolat... je me suis dit que si je te montrais ça, tu te rendrais compte qu'il n'y avait pas tellement de quoi avoir peur -"

"Mais il y a de quoi avoir peur," chuchota Neville, "tu l'as vu aujourd'hui !"

"Ils n'auraient rien fait de mal devant des témoins. Leur arme principale est la peur. C'est pour ça qu'ils te prennent pour cible, parce qu'ils peuvent voir que tu as peur. Je voulais que tu aies moins peur... te montrer que la peur est pire que son objet... ou c'est ce que je me suis dit, mais le Choixpeau Magique m'a dit que je me mentais à moi-même et que j'avais fait ça parce que c'était amusant. Donc c'est pour ça que je m'excuse -"

"Tu m'as fait mal," dit Neville. "A l'instant. Quand tu m'as attrapé et m'a tiré loin d'eux." Neville tendit son bras et indiqua l'endroit où Harry l'avait saisi. "J'aurai peut-être un bleu ici plus tard, tellement tu as tiré fort. En fait, tu m'as fait plus mal qu'aucun des Serpentards ne l'avait fait en me poussant."

"Neville !" siffla Ernie. "Il essayait de te sauver !"

"Je suis désolé," murmura Harry. "Quand j'ai vu ça je me suis juste... vraiment mis en colère..."

Neville le regarda calmement. "Alors tu m'as éjecté avec force et tu t'es mis là où j'étais et tu as dit 'Bonjour, je suis le Survivant'."

Harry acquiesça.

"Je pense que tu seras vraiment cool un jour," dit Neville. "Mais pour l'instant tu ne l'es pas."

Harry avala le nœud soudain apparu dans sa gorge et s'en fut. Il continua le long du corridor jusqu'à l'intersection, puis tourna à gauche dans un couloir et continua de marcher aveuglément.

Qu'était-il censé faire ? Ne jamais se mettre en colère ? Il n'était pas certain qu'il aurait pu faire quoi que ce soit sans se mettre en colère, et alors qui sait ce qui serait arrivé à Neville et à ses livres. Et puis, Harry avait lu assez de livres de fantasy pour savoir comment ça se terminait. Il essaierait de réprimer sa colère, et il échouerait et elle continuerait de jaillir. Et après ce long voyage de découverte de soi il apprendrait à la fin que sa colère était une partie de lui et que c'était seulement en l'acceptant qu'il pourrait apprendre à l'utiliser avec sagesse. Star Wars était le seul univers dans lequel la réponse était que vous deviez vraiment vous séparer de toute émotion négative, et quelque chose chez Yoda avait toujours poussé Harry à haïr le petit crétin vert.

Donc le plan qui faisait clairement gagner du temps était de zapper le voyage de découverte de soi et d'aller directement au moment où il se rendait compte qu'en acceptant que sa colère était une partie de lui il pourrait garder le contrôle.

Le problème, c'était qu'il ne se sentait pas perdre le contrôle quand il était en colère. La rage froide lui donnait le sentiment qu'il était en pleine possession de ses moyens. Ce n'est que lorsqu'il revenait sur les événements dans leur ensemble qu'ils semblaient avoir...échappé à son contrôle, de façon incompréhensible.

Il se demanda quelle importance le Contrôleur de Jeu attachait à ce genre de chose, et si ça lui avait fait perdre ou gagner des points. Harry sentait qu'il avait perdu pas mal de points, et il était certain que la vieille dame dans le tableau lui aurait dit qu'à ce sujet, la seule opinion qui comptait était la sienne.

Et Harry se demandait aussi si le Contrôleur du Jeu avait envoyé le Professeur Sprout. C'était logique : la note avait menacé d'avertir les autorités du Jeu, et le Professeur Sprout était arrivé. Peut-être que le Professeur Sprout était le Contrôleur du Jeu, la Directrice de la Maison Poufsouffle était la dernière personne que quiconque aurait soupçonne, ce qui devait la mettre presque en haut de la liste de Harry. Il avait aussi lu un ou deux mystères policiers.