Un choc d'adrénaline se déversa dans le système sanguin de Harry. Il ne savait pas à quelle conclusion exacte le professeur Quirrell était parvenu, mais ça ne pouvait pas être bon.
"Ah, professeur Quirrell -" commença à dire Harry.
Le professeur Quirrell semblait amusé. "Vous pensez que je suis parvenu à une conclusion erronée, n'est-ce pas, M. Potter ? Vous apprendrez à attendre mieux venant de moi." Le professeur Quirrell se redressa là où il avait été penché. "M. Potter, toutes les choses ont des usages courants. Donnez-moi dix usages inhabituels d'objets de cette pièce pouvant être faits en combat !"
Pendant un moment, Harry eut le souffle coupé par le choc pur et brut d'avoir été compris.
Et les idées commencèrent à se déverser.
"Il y a des pupitres assez lourds pour être mortels si jetés d'une hauteur suffisante. Il y a des chaises avec des jambes en métal qui pourraient empaler quelqu'un si on les poussait assez fort. L'air dans la salle serait mortel par son absence, puisque les gens meurent dans le vide, et il peut aussi servir de porteur de gaz empoisonnés."
Harry s'arrêta pour reprendre son souffle, et le professeur Quirrell dit au milieu de la pause :
"En voilà trois. Il vous en faut dix. Le reste de la classe croit que vous avez épuisé tout le contenu de cette salle."
"Ha ! Le sol peut être enlevé pour créer une fosse de piques où tomber, le plafond peut être écroulé sur quelqu'un, les murs peuvent servir de matériel de base de métamorphose pour toutes sortes de choses mortelles - des couteaux, par exemple."
"En voilà six. Mais vous grattez sûrement le fond à présent ?"
"Je n'ai même pas commencé ! Regardez les gens ! Envoyer un Gryffondor attaquer l'ennemi est une utilisation ordinaire, bien sûr -"
"Je ne vous aurais pas laissé compter celle-là."
"- mais leur sang peut aussi être utilisé pour noyer quelqu'un. Les Serdaigle sont connus pour leur cerveau, mais leurs organes internes pourraient être revendus au marché noir pour engager un assassin. Les Serpentard ne sont pas seulement utiles en tant qu'assassins, on peut aussi les projeter avec une vélocité suffisante pour écraser le corps d'un ennemi. Et les Poufsouffle, en plus de travailler dur, contiennent aussi certains os qui peuvent être enlevés, aiguisés, et utilisés pour poignarder quelqu'un."
Le reste de la salle regardait maintenant Harry avec horreur. Même les Serpentard avaient l'air choqués.
"En voilà dix, même si je suis généreux en comptant celui de Serdaigle. Maintenant, en bonus, un point supplémentaire pour chaque utilisation d'objet de cette pièce que vous n'avez pas encore nommé." Le professeur Quirrell gratifia Harry d'un sourire sympathique. "Le reste de la classe pense que vous êtes à présent en difficulté, parce que vous avez tout nommé, mis à part les cibles, et que vous ne savez pas quoi faire d'elles."
"Bah ! J'ai nommé les gens, mais pas mes robes, qui peuvent être utilisées pour faire suffoquer un ennemi une fois enroulées plusieurs fois autour de sa tête, ou les robes de Hermione Granger, qui peuvent être découpées en bandelettes attachées l'une à l'autre pour pendre quelqu'un, ou les robes de Draco Malfoy, qui peuvent être utilisées pour allumer un feu -"
"Trois points," dit le professeur Quirrell, "plus de vêtements à présent."
"Ma baguette peut être poussée dans le cerveau d'un ennemi à travers son globe oculaire" et quelqu'un fit un bruit d'étranglement horrifié.
"Quatre points, plus de baguettes."
"Ma montre pourrait étouffer quelqu'un si je la lui fourrais dans la gorge -"
"Cinq points, c'est assez."
"Hpmf," dit Harry. "Dix points Quirrell pour un point de Maison, c'est ça ? Vous auriez dû me laisser continuer jusqu'à ce que je gagne la coupe des Quatre Maisons, je n'ai même pas commencé à parler des utilisations inhabituelles de ce que j'ai dans mes poches" ni de la bourse en peau de Moke elle-même, et il ne pouvait pas parler du Retourneur de Temps ou de la Cape d'Invisibilité mais il devait y avoir quelque chose à dire au sujet de ces sphères rouges...
"Assez, M. Potter. Eh bien, pensez-vous tous bien comprendre ce qui fait de M. Potter l'élève le plus dangereux de la classe ?"
Il y eut un bas murmure d'assentiment.
"Dites-le haut et fort, s'il vous plaît. Terry Boot, qu'est-ce qui rend votre compagnon de dortoir si dangereux ?"
"Ah... euh... il est créatif ?"
"Faux !" tonna le professeur Quirrell, et son poing s'abattit avec force sur le bureau dans un bruit amplifié qui fit bondir tout le monde. "Toutes les idées de M. Potter étaient pires qu'inutiles !"
Harry sursauta de surprise.
"Enlever le sol pour créer un piège à piques ? Ridicule ! En combat, vous n'avez pas le temps de préparation nécessaire à cela, et si vous l'aviez, il y aurait des façons cent fois meilleures de l'utiliser ! Métamorphoser des objets à partir des murs ? M. Potter ne sait pas effectuer une métamorphose ! M. Potter a eu exactement une idée qu'il pourrait utiliser, maintenant, sans une vaste préparation ou la coopération de l'ennemi ou une magie qu'il ne connaît pas. L'idée était de fourrer sa baguette dans l'œil de son ennemi. Ce qui briserait probablement sa baguette plutôt que de tuer son opposant ! En bref, M. Potter, j'ai bien peur que vos suggestions n'aient été uniformément nulles."
"Quoi ?" dit Harry avec indignation. "Vous m'avez demandé des idées inhabituelles, pas des idées pratiques ! Je sortais des sentiers battus ! Comment utiliseriez-vous quelque chose dans cette salle dans le but de tuer quelqu'un ?"
L'expression du professeur Quirrell était désapprobatrice, mais il y avait des plis rieurs autour de ses yeux. "M. Potter, je n'ai jamais dit que vous deviez tuer. Il y a un temps et un lieu pour prendre un ennemi vivant, et l'intérieur de Poudlard est généralement l'un de ces endroits. Mais pour répondre à votre question, le frapper à l'arrière du cou avec le tranchant d'une chaise."
Il y eut quelques rires venant de Serpentard, mais ils riaient avec Harry, pas de lui.
Mis à part eux, tout le monde avait l'air assez horrifié.
"Mais M. Potter a maintenant démontré pourquoi il est l'étudiant le plus dangereux de la classe. Je lui ai demandé des utilisations inhabituelles d'objets en cas de combat. M. Potter aurait pu suggérer l'utilisation d'un bureau pour bloquer un maléfice, ou celle d'une chaise pour faire trébucher un ennemi approchant, ou d'enrouler du tissu autour de son bras pour créer un bouclier improvisé. Au lieu de ça, chaque utilisation mentionnée par M. Potter était offensive plutôt que défensive, et soit fatale, soit potentiellement fatale."
Quoi ? Attendez, ça ne pouvait pas être vrai... Harry eut une sensation de vertige soudaine alors qu'il essayait de se souvenir de ce qu'il avait suggéré, il y avait sûrement un contre-exemple...
"Et voilà," dit le professeur Quirrell, "pourquoi les idées de M. Potter étaient si étranges et si inutiles - parce qu'il devait aller loin dans l'incommode afin d'atteindre son but : tuer l'ennemi. Pour lui, toute idée ne menant pas à cela ne méritait pas d'être prise en considération. Ceci reflète une qualité que nous pourrions nommer intention de tuer. Je l'ai. Harry Potter l'a, et c'est pour cela qu'il a pu regarder cinq Serpentard plus âgés droit dans les yeux. Draco Malfoy ne l'a pas, pas encore. M. Malfoy n'éviterait certainement pas de discuter de meurtre ordinaire, mais même lui a été choqué - oui, vous l'étiez M. Malfoy, je regardais votre visage - lorsque M. Potter a décrit comment utiliser les corps de ses camarades comme de la matière première. Il y a des censeurs dans votre esprit qui vous font reculer face à de telles pensées. M. Potter pense uniquement à la façon de tuer l'ennemi, il utilisera tout moyen disponible, il ne reculera pas, ses censeurs sont éteints. Bien que son jeune génie soit si indiscipliné et si incommode qu'il en devienne inutile, son intention de tuer fait de Harry Potter le plus dangereux élève de la classe. Un dernier point Quirrell - non, disons un point pour Serdaigle – pour votre possession de cette qualité indispensable à un vrai sorcier de combat."