"Une conclusion logique," continua Dumbledore, "serait que puisqu'aucun des étudiants en première année présents n'étaient capable de jeter un sort pareil, quelqu'un d'autre était présent mais n'a pas été vu. Et si personne ne pouvait la voir, eh bien, il aurait été facile pour cette personne de jeter les tartes. On pourrait de plus soupçonner que puisque tu as le Retourneur de Temps, tu étais la personne invisible ; et que puisque le sort de Désillusion est bien au-delà de tes capacités actuelles, tu as une cape d'invisibilité." dit Dumbledore avec un air de conspirateur. "Suis-je sur la bonne voie jusqu'ici, Harry ?"
Harry se figea. Il avait l'impression qu'un pur mensonge ne serait pas très malin, et ne l'aiderait peut-être même pas du tout, et il ne trouvait rien d'autre à dire.
Dumbledore agita une main amicale. "Ne t'en fais pas Harry, tu n'as rien fait de mal. Les capes d'invisibilité ne sont pas interdites - j'imagine qu'elles sont assez rares pour que personne n'ait pris le temps de les ajouter à la liste. Mais à vrai dire, je songeais à tout autre chose."
"Oh ?" dit Harry de la voix la plus normale qu'il put.
Les yeux de Dumbledore brillèrent d'enthousiasme. "Tu vois, Harry, après avoir vécu quelques aventures, on commence à attraper le coup. On commence à voir le motif, à entendre le rythme du monde. On commence à entretenir des soupçons avant le moment de révélation. Tu es le Survivant, et une cape invisible est parvenue jusqu'à tes mains seulement quatre jour après que tu ais découvert notre Angleterre magique. De telles capes ne sont pas à vendre au Chemin de Traverse, mais il y en a une qui pourrait trouver son chemin jusqu'à celui destiné à la porter. Et je ne peux donc m'empêcher de me demander si par un étrange hasard tu n'aurais pas trouvé non pas juste une cape d'invisibilité, mais la Cape d'Invisibilité, l'une des trois Reliques de la Mort, réputée cacher son porteur du regard de la Mort elle-même." Le regard de Dumbledore était brillant et avide. "Pourrais-je la voir, Harry ?"
Harry déglutit. Il y avait maintenant un raz-de-marée d'adrénaline dans son corps, et c'était totalement inutile, c'était le sorcier le plus puissant du monde, il n'atteindrait même pas la porte, et il n'y avait nulle part à Poudlard où il pourrait se cacher, et il était sur le point de perdre la Cape qui avait été passée de Potter en Potter pendant Merlin savait combien de générations -
Lentement, Dumbledore se radossa à sa chaise. La lueur vive avait quitté ses yeux, et il avait l'air perplexe, et un peu triste. "Harry," dit Dumbledore, "si tu ne veux pas, tu peux juste dire non."
"Je peux ?" dit Harry d'une voix rauque.
"Oui, Harry," dit Dumbledore. Sa voix était triste à présent, et inquiète. "Il semblerait que tu aies peur de moi, Harry. Puis-je te demander ce que j'ai fait pour mériter ta méfiance ?"
Harry déglutit. "Y a-t-il un moyen par lequel vous pouvez jurer, par un serment magique, que vous vous engagez à ne pas prendre ma cape ?"
Dumbledore secoua lentement la tête. "Les Vœux Inviolables ne doivent pas être utilisés à la légère. Et puis, Harry, si tu ne connais pas encore le sort, tu n'auras que ma parole pour savoir qu'il m'engage. Et tu te rends sûrement compte que je n'ai pas besoin de ta permission pour voir la Cape. Je suis assez puissant pour la faire apparaître moi-même, bourse en peau de Moke ou non." Le visage de Dumbledore était sérieux. "Mais je ne le ferai pas. La Cape est tienne, Harry. Je ne te la prendrai pas. Pas même pour y jeter un coup d'œil, à moins que tu ne décides de me la montrer. C'est une promesse et un serment. Si je devais t'interdire de l'utiliser dans l'enceinte de l'école, je te demanderais d'aller dans ton coffre-fort à Gringotts et de l'y déposer."
"Ah..." dit Harry. Il avala sa salive bruyamment, essayant de calmer le flot d'adrénaline et de penser de façon raisonnable. Il décrocha la bourse en peau de Moke de sa ceinture. "Si vous n'avez vraiment pas besoin de ma permission... alors vous l'avez." Harry tendit la bourse à Dumbledore et mordit sa lèvre avec force, s'envoyant ce signal au cas où il serait plus tard soumis à un sortilège d'Amnésie.
Le vieux sorcier mit sa main dans la bourse, et sans prononcer un seul mot de récupération, fit apparaître la Cape d'Invisibilité.
"Ah," souffla Dumbledore. "J'avais raison..." Il fit glisser le canevas de velours noir entre ses mains. "Vieille de plusieurs siècles, et toujours aussi parfaite qu'au jour de sa création. Au fil du temps, nous avons perdu une grande partie de notre art, et maintenant je ne peux pas créer ce genre de choses ; personne ne le peut. Je peux sentir son pouvoir, comme un écho dans mon esprit, comme une chanson chantée depuis toujours sans personne pour l'entendre..." Le sorcier releva les yeux. "Ne la vends pas," dit-il, "ne l'offre à personne. Penses-y à deux fois avant de la montrer à quelqu'un, et pèse la question trois fois avant de révéler qu'il s'agit d'une Relique de la Mort. Traite-la avec respect, car il s'agit bel et bien d'un Objet de Pouvoir."
Le visage de Dumbledore devint momentanément rêveur...
... puis il rendit la Cape à Harry.
Harry la remit dans sa bourse.
Le visage de Dumbledore était de nouveau sérieux. "Harry, puis-je te redemander comment tu en es venu à te méfier de moi ?"
Harry se sentit brusquement honteux.
"Il y avait une note avec la Cape," dit Harry d'une petite voix. "Elle disait que vous essaieriez de vous emparer de la Cape si vous étiez au courant. Mais je ne sais pas qui a laissé cette note, vraiment pas."
"Je... vois," dit lentement Dumbledore. "Eh bien Harry, je ne présumerai pas des motifs de celui ou de celle qui t'a laissé cette note. Qui sait, peut-être cette personne avait-elle les meilleures intentions ? Elle t'a donné la Cape après tout."
Harry acquiesça, impressionné par la magnanimité de Dumbledore, et choqué par le net contraste avec sa propre attitude.
Le vieux sorcier continua : "Mais je crois que toi et moi sont des pions de la même couleur. Le garçon qui a enfin vaincu Voldemort, et le vieil homme qui l'a tenu à distance assez longtemps pour que tu interviennes. Je ne te reprocherai pas ta prudence, Harry, nous faisons tous de notre mieux pour être sages. Je te demande seulement d'y penser à deux fois et de peser la question trois fois la prochaine fois que quelqu'un te dit de ne pas me faire confiance."
"Je suis désolé," dit Harry. Il commençait à se sentir minable, il venait plus ou moins d'envoyer bouler Gandalf, et la gentillesse de Dumbledore le faisait se sentir encore plus mal. "Je n'aurais pas dû me méfier de vous."
"Hélas Harry, dans ce monde..." Le vieux sorcier secoua la tête. "Je ne peux même pas dire que tu as manqué de sagesse. Tu ne me connaissais pas. Et en vérité, il y a certaines personnes à Poudlard en qui tu ferais mieux de ne pas avoir confiance. Peut-être même certains que tu appelles des amis."
Harry déglutit. Ça semblait lourd de sous-entendus. "Comme qui ?"
Dumbledore se leva de sa chaise, et commença à examiner l'un de ses instruments, un cadran avec huit aiguilles de longueurs différentes.
Après quelques instants, le vieux sorcier parla de nouveau. "Il te semble probablement très charmant," dit Dumbledore. "Poli - avec toi du moins. Choisissant bien ses mots, peut-être même admiratif. Toujours prêt à aider, à faire une faveur, à prodiguer un conseil -"
"Oh, Draco Malfoy !" dit Harry, se sentant plutôt soulagé qu'il ne s'agisse pas de Hermione ou de quelqu'un d'autre. "Oh non, non non non, vous vous trompez complètement, il ne me convertit pas, c'est moi qui le convertis."
Dumbledore se figea, toujours face au cadran. "Tu quoi ?"
"Je vais éloigner Draco du Côté Obscur," dit Harry. "Vous savez, faire de lui un gentil."