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Un frisson parcourut l'épine dorsale de Minerva. Quelque chose n'allait pas.

"Asseyez-vous, s'il vous plaît," dit Dumbledore. Son visage était de nouveau sérieux.

Harry s'assit.

"Donc, Harry," dit Dumbledore. "J'ai entendu un compte-rendu de ce qui s'est passé aujourd'hui, donné par le professeur Rogue. Voudriez-vous s'il vous plaît me dire en vos termes ce qui s'est passé ?"

Harry jeta un coup d'oeil dédaigneux et rapide en direction de Severus. "Ce n'est pas compliqué," dit le garçon, un léger sourire sur le visage. "Il a essayé de me malmener tout comme il a malmené tous les non-Serpentard de l'école depuis le jour où Lucius vous l'a imposé. Pour ce qui est des détails, je sollicite une conversation privée avec vous. Après tout, on peut difficilement s'attendre à ce qu'un étudiant faisant part d'un comportement abusif de la part d'un professeur parle avec franchise en présence de ce même professeur."

Cette fois, Minerva ne put s'empêcher s'étouffer.

Severus se contenta de rire.

Et le visage de Dumbledore devint grave. "M. Potter," dit le Dumbledore, "on ne parle pas d'un professeur de Poudlard ainsi. J'ai peur que vous soyez victime d'un terrible malentendu. Le professeur Severus Rogue a ma totale confiance, et sert Poudlard sous mes ordres, pas sous ceux de Lucius Malfoy."

Il y eut un silence pendant quelques instants.

Lorsque le garçon parla à nouveau, sa voix était glaciale. "Y a-t-il quelque chose qui m'aurait échappé ?"

"Un certain nombre de choses, M. Potter," dit le Directeur. "Pour commencer, vous devriez comprendre que le but de cette réunion est de déterminer votre punition pour les événements de ce matin."

"Cet homme a terrorisé votre école pendant des années. J'ai parlé aux élèves et ai commencé à assembler des témoignages afin de m'assurer qu'il y ait de quoi commencer une campagne dans les journaux afin de rallier les parents contre lui. Certains des étudiants les plus jeunes ont pleuré lorsqu'ils m'ont raconté leur histoire. J'ai presque pleuré quand je les ai entendues ! Vous avez laissé cet agresseur libre ? Vous avez fait ça à vos étudiants ? Pourquoi ?"

Minerva ravala une boule dans sa gorge. Elle avait - pensé cela, parfois, mais elle n'avait jamais tout à fait -

"M. Potter," dit le directeur, sa voix à présent sévère, "cette réunion n'est pas à propos du professeur Rogue. Elle est à propos de vous et de votre mépris pour la discipline de cette école. Le professeur Rogue a suggéré, et j'y ai consenti, que trois mois de retenue seraient appropriés -"

"Rejetés," dit Harry d'un ton glacial.

Minerva était sans voix.

"Ce n'est pas une requête, M. Potter," dit le Directeur. Toute la force de son regard était concentrée sur le garçon. "C'est votre puniti-"

"Vous m'expliquerez pourquoi vous avez laissé cet homme faire du mal aux enfants placés sous votre garde, et si votre explication n'est pas satisfaisante, alors je commencerai ma campagne dans les journaux et vous enserez la cible."

Le corps de Minerva fut ébranlé par la force de ce coup, de ce lèse-majesté absolu.

Même Severus avait l'air choqué.

"Ceci, Harry, serait extrêmement malavisé," dit lentement Dumbledore. "Je suis la principale pièce opposant Lucius sur le plateau de jeu. Que vous fassiez une chose pareille le renforcerait grandement, et je ne pensais pas que c'était le camp que vous aviez choisi."

"Cette conversation devient privée," dit Harry. Sa main fit un rapide mouvement en direction de Severus. "Faites-le sortir."

Dumbledore secoua la tête. "Harry, ne vous ai-je pas dit que Severus Rogue a ma totale confiance ?"

Le visage du garçon révéla à quel point cela venait de le choquer. "Les actes de cet homme vous rendent vulnérables ! Je ne suis pas le seul qui pourrait commencer une campagne dans les journaux contre vous ! C'est insensé ! Pourquoi faites-vous cela ?"

Dumbledore soupira. "Je suis navré, Harry. Ça a à voir avec des choses que vous n'êtes pas, pour l'instant, prêt à entendre."

Le garçon fixa Dumbledore. Puis il se tourna pour regarder Severus. Puis à nouveau Dumbledore.

"C'est de la folie," dit lentement le garçon. "Vous ne lui avez pas serré la bride parce que vous pensez qu'il fait partie du motif. Que Poudlard a besoin d'un professeur de Potions maléfique pour être une vraie école de magie, tout comme elle a besoin d'un fantôme pour enseigner l'Histoire."

"Ça ressemble au genre de chose que j'ai l'habitude de faire, non ?" dit Dumbledore en souriant.

"Inacceptable," dit catégoriquement Harry. Son visage était maintenant froid et sombre. "Je n'accepterai ni ces brutalisations ni ces abus. J'avais envisagé de nombreuses façon de traiter ce problème, mais je vais rendre la chose simple. Soit cet homme part, soit je pars."

Minerva glapit de nouveau. Quelque chose de bizarre s'agita dans les yeux de Severus.

Le regard de Dumbledore devenait froid lui aussi. "L'expulsion, M. Potter, est la menace ultime qui puisse être utilisée contre un élève. Elle n'est habituellement pas utilisée comme menace par un étudiant contre le Directeur. Poudlard est la meilleure école de magie du monde, et il n'est pas donné à tout le monde d'être éduqué ici. Avez-vous l'impression que Poudlard ne pourrait pas se passer de vous ?"

Et Harry resta assis là, un léger sourire sur le visage.

Une horreur soudaine s'abattit sur Minerva. Harry n'allait quand même pas -

"Vous oubliez," dit Harry, "que vous n'êtes pas le seul capable de déceler les motifs. Ceci devient confidentiel. Maintenant faites-le -" Harry fit un nouveau geste en direction de Severus, puis s'arrêta au milieu de sa phrase et de son geste.

Minerva pouvait le voir sur le visage de Harry, le moment où il s'était souvenu.

Après tout, elle le lui avait dit.

"M. Potter," dit le Directeur, "une fois de plus, Severus Rogue a ma confiance totale."

"Vous lui avez dit," murmura le garçon, "pauvre idiot."

Dumbledore ne réagit pas à l'insulte. "Dit quoi ?"

"Que le Seigneur des Ténèbres est en vie."

"Nom de Merlin mais de quoi parlez-vous, Potter ?" s'écria Severus sur une multitude de tons de pure stupéfaction et d'outrage.

Harry lui jeta un rapide coup d'œil, souriant de façon sinistre. "Oh, alors on est bien un Serpentard," dit Harry, "je commençais à me demander."

Et ils furent silencieux.

Dumbledore parla enfin. Sa voix était faible. "Harry, de quoi parlez-vous ?"

"Je suis navrée, Albus," murmura Minerva.

Severus et Dumbledore se tournèrent pour la regarder.

"Le professeur McGonagall ne me l'a pas dit," dit la voix de Harry, rapidement, et moins calmement qu'il ne l'avait été jusqu'à maintenant. "J'ai deviné. Je vous l'ai dit, je peux voir les motifs moi aussi. J'ai deviné, et elle a contrôlé sa réaction exactement comme Severus l'a fait. Mais son contrôle a été à un cheveu de la perfection, et je me suis rendu compte que sa réaction n'était pas authentique mais contrôlée."

"Et je lui ai dit," dit Minerva, sa voix un peu tremblante, "que vous, moi, et Severus étions les seuls à savoir."

"Ce qu'elle m'a concédé afin de m'empêcher de me promener partout en posant des questions à tout le monde, ce que j'avais menacé de faire si elle refusait de parler," dit Harry. Le garçon gloussa brièvement. "J'aurais vraiment dû coincer l'un de vous seul à seul et vous dire qu'elle m'avait tout dit, pour voir si vous auriez trahi quelque chose. Ça n'aurait probablement pas marché, mais ça aurait valu le coup d'essayer." Le garçon sourit à nouveau. "La menace est toujours là et je compte être pleinement mis au courant un jour ou l'autre."

Severus la regardait avec le mépris le plus profond. Minerva releva le menton et soutint le regard. Elle savait qu'elle le méritait.