Harry la regarda. Quelque chose de chaleureux apparut brièvement dans ses yeux avant d'être écrasé. "Je continuerai d'être un étudiant ordinaire avec tout membre du personnel n'étant ni fou ni maléfique, du moment qu'ils ne sont pas victimes de pressions venant d'autres étant l'un ou l'autre." Harry jeta un bref coup d'œil à Severus, puis se retourna vers Dumbledore. "Laissez Minerva seule, et en sa présence je serai un étudiant normal de Poudlard. Pas de privilèges spéciaux ni d'immunités."
"Magnifique," dit sincèrement Dumbledore. "Parlé comme un vrai héros."
"Et," dit-elle, "M. Potter doit s'excuser en public pour ses actes d'aujourd'hui."
Harry lui jeta un autre coup d'œil. Celui-ci était un peu sceptique.
"La discipline de cette école a été fortement mise à mal par vos actes, M. Potter," dit Minerva. "Elle doit être restaurée."
"Professeur McGonagall, je pense que vous surestimez grandement l'importance de ce que vous appelez la discipline de l'école, comparé au fait d'avoir l'Histoire enseignée par un professeur vivant ou à celui de ne pas torturer vos étudiants. Il semble beaucoup plus sage, moral et important de maintenir la hiérarchie et de faire respecter ses règles quand on est en haut à faire la loi que quand on est en bas, et si nécessaire je peux citer des études à ce sujet. Je pourrais continuer sur ce sujet pendant des heures mais je m'arrêterai là."
Minerva secoua la tête. "M. Potter, vous sous-estimez l'importance de la discipline parce que vous n'en avez pas vous-même besoin -" Elle s'interrompit. Elle n'avait pas bien formulé sa phrase, et Severus, Dumbledore et même Harry la regardaient d'un air bizarre. "Pour apprendre, je veux dire. Tous les enfants ne peuvent pas apprendre en l'absence d'une autorité. Et ce sont les autres enfants qui en souffriront, M. Potter, s'ils vous voient comme un exemple à suivre."
Les lèvres de Harry formèrent un sourire tordu. "Le premier et le dernier recours est toujours la vérité. La vérité est que je n'aurais pas dû me mettre en colère, je n'aurais pas dû déranger la classe, je n'aurais pas dû faire ce que j'ai fait, et j'ai montré le mauvais exemple à tout le monde. La vérité est aussi que Severus Rogue s'est comporté d'une façon ne convenant pas à un professeur de Poudlard, et que dorénavant il fera plus attention aux sentiments blessés des étudiants en quatrième année et en-dessous. Nous pourrions tous deux nous lever et dire la vérité. Je peux vivre avec ça."
"Dans vos rêves, Potter !" cracha Severus.
"Après tout,", dit Harry, souriant de façon sinistre, "si les élèves voient que les règles sont pour tout le monde... pour les professeurs aussi, pas seulement pour les pauvres étudiants impuissants qui ne tirent rien du système à part de la souffrance... voyons, les effets positifs sur la discipline scolaire devraient être prodigieux."
Il y eut une brève pause, puis Dumbledore gloussa. "Minerva pense que vous avez raison, bien plus que vous ne devriez avoir le droit de l'être."
Le regard de Harry s'éloigna de Dumbledore dans un tressaillement, et dériva vers le sol. "Lisez-vous son esprit ?"
"On confond souvent le bon sens et la Legilimancie," dit Dumbledore. "Je parlerai de cette affaire avec Severus, et aucune excuse publique ne sera exigée de vous à moins qu'il ne s'excuse lui aussi. Et je déclare maintenant cette affaire classée, au moins jusqu'au déjeuner." Il s'interrompit. "Mais, Harry, j'ai peur que Minerva ne souhaite discuter d'une autre affaire vous. Et ce n'est pas le résultat d'une quelconque pression de ma part. Minerva, s'il te plaît ?"
Minerva se leva de sa chaise et faillit tomber. Il y avait trop d'adrénaline dans son sang, son cœur battait trop vite.
"Fumseck," dit Dumbledore, "accompagne-la, s'il te plaît."
"Je n'ai -" commença-t-elle à dire.
Dumbledore lui jeta un regard, et elle devint silencieuse.
Le phénix s'envola dans la pièce comme une langue de flamme aurait soudain bondit, et il atterrit sur son épaule. Elle sentit la chaleur à travers ses robes et à travers son corps.
"Suivez-moi, M. Potter," dit-elle, fermement cette fois, et ils franchirent la porte.
Ils se tenaient sur les escaliers rotatifs, descendant en silence.
Minerva ne savait pas quoi dire. Elle ne savait pas qui était cette personne debout à côté d'elle.
Et Fumseck commença à chanter.
C'était tendre et doux, le son qu'aurait fait un feu de cheminée s'il avait eu une mélodie, et il se déversa dans l'esprit de Minerva, apaisant, rassurant, relaxant ce qu'il touchait...
"Qu'est-ce que c'est que ça ?" murmura Harry à côté d'elle. Sa voix était instable, vacillante, aux tons changeants.
"La chanson du phénix," dit Minerva, pas tout à fait consciente de ce qu'elle disait, son attention entièrement dirigée vers l'étrange musique douce. "Elle guérit, elle aussi."
Harry se détourna d'elle, mais elle entraperçut un éclair de souffrance sur son visage.
La descente semblait prendre longtemps, ou peut-être était-ce seulement la musique qui semblait prendre longtemps, et lorsqu'ils passèrent par le trou où s'était trouvée une gargouille, elle tenait fermement la main de Harry dans la sienne.
Alors que la gargouille revenait à sa place, Fumseck quitta son épaule pour venir flotter face à Harry.
Harry regardait Fumseck avec l'air hypnotisé de quelqu'un regardant la flamme changeante d'un incendie.
"Que dois-je faire, Fumseck ?" murmura Harry. "Je n'aurais pas pu les protéger si je n'avais pas été en colère."
Les ailes du phénix continuèrent de battre, et il continua à flotter sur place. Il n'y avait pas d'autre son que le battement des ailes. Puis il y eut un flash, comme un feu qui aurait brièvement resplendi avant de se rendormir, et Fumseck n'était plus là.
Ils clignèrent des yeux, comme s'ils venaient de se réveiller, ou peut-être comme s'ils venaient de se rendormir.
Minerva baissa les yeux.
Le jeune et intelligent visage de Harry la regardait.
"Les phénix sont-ils des gens ?" dit Harry. "Je veux dire, sont-ils assez intelligents pour être considérés comme des gens ? Pourrais-je parler avec Fumseck si je savais comment faire ?"
Minerva cligna des yeux de façon appuyée. Puis elle cligna à nouveau. "Non," dit Minerva, la voix chancelante. "Les phénix sont des créatures faites d'une puissante magie. Cette magie donne à leur existence un sens qu'aucun animal ne pourrait avoir. Ils sont le feu, la lumière, la guérison et la renaissance. Mais en fin de compte, non."
"Où pourrais-je en obtenir un ?"
Minerva se pencha et le prit dans ses bras. Elle n'avait pas prévu de le faire, mais elle ne semblait pas avoir vraiment le choix.
Lorsqu'elle se releva, elle découvrit qu'elle avait du mal à parler. Mais il fallait qu'elle sache. "Que s'est-il passé aujourd'hui, Harry ?"
"Moi non plus, je ne connais pas les réponses aux questions importantes. Mais pour le moment je préférerais vraiment ne pas y penser."
Minerva prit à nouveau sa main dans la sienne, et ils parcoururent le reste du chemin en silence.
C'était un court trajet, puisque le bureau de l'adjointe était naturellement proche de celui du directeur.
Minerva s'assit derrière son bureau.
Harry s'assit devant son bureau.
"Donc," murmura Minerva. Elle aurait donné quasiment n'importe quoi pour ne pas faire ça, ou pour ne pas être celle qui devait le faire, ou pour le faire n'importe quand, mais pas maintenant. "C'est une question de discipline scolaire. Dont vous n'êtes pas exempté."
"À savoir ?" dit Harry.
Il ne savait pas. Il n'avait pas encore compris. Elle sentit sa gorge se serrer. Mais il y avait un travail à accomplir et elle ne s'y déroberait pas.
"M. Potter," dit le professeur McGonagall, "faites-moi s'il vous plaît voir votre Retourneur de Temps."