"Ce n'est pas comme ça que Serdaigle fonctionne, Draco ! Si tu dois pousser quelqu'un contre un mur, ça veut dire que ton cerveau est trop faible pour le vaincre comme il se doit, et tout le monde à Serdaigle sait ça -"
L'écran sur le pupitre de Harry s'alluma en clignotant, provoquant une montée soudaine de nostalgie pour la télévision et les ordinateurs.
"Ahem," dit la voix du professeur Quirrell, qui semblait s'adresser personnellement à Harry depuis l'écran. "Merci de vous asseoir."
Et les enfants furent tous assis, regardant les écrans-relais sur les pupitres, ou directement vers la grande plate-forme de marbre blanc où se tenait le professeur Quirrell, penché sur son bureau, sur la petite estrade de marbre plus sombre.
"Aujourd'hui," dit le professeur Quirrell, "j'avais prévu de vous enseigner votre premier sort défensif, un petit bouclier qui était l'ancêtre du Protego moderne. Mais à la réflexion, et à la lumière des événements récents, j'ai décidé de changer la leçon d'aujourd'hui."
Le regard du professeur Quirrell parcourut la rangée de sièges. Harry grimaça depuis son siège dans la dernière rangée. Il avait l'impression de savoir qui allait être appelé.
"Draco, de la Noble et Ancienne Maison de Malfoy," dit le professeur Quirrell.
Pfiou.
"Oui, professeur ?" dit Draco. Sa voix était amplifiée et semblait venir de l'écran-relais sur le pupitre de Harry qui montrait le visage de Draco en train de parler. Puis l'écran revint au professeur Quirrell, qui dit :
"Est-ce votre ambition que de devenir le prochain Seigneur des Ténèbres ?"
"C'est une drôle de question, professeur," dit Draco. "Je veux dire, qui serait assez stupide pour admettre ça ?"
Quelques étudiants rirent, mais pas beaucoup.
"En effet," dit le professeur Quirrell, "et même s'il est inutile de vous poser la question, je ne serais pas le moins du monde surpris s'il y avait un étudiant ou deux dans mes cours qui entretenaient l'ambition de devenir le prochain Seigneur des Ténèbres. Après tout, je voulais être le prochain Seigneur des Ténèbres quand j'étais un jeune Serpentard."
Cette fois le rire fut bien plus général.
"C'est la Maison des ambitions, après tout," dit le professeur Quirrell en souriant. "Je ne me suis rendu compte que plus tard que ce que j'aimais vraiment, c'était la Magie de Combat, et que ma véritable ambition était de devenir un grand sorcier combattant et d'enseigner un jour à Poudlard. Quoi qu'il en soit, quand j'avais treize ans, j'ai lu toutes sections historiques de la bibliothèque de Poudlard en examinant minutieusement les vies et les destins des Seigneurs des Ténèbres passés, et j'ai fait une liste de toutes les erreurs que je ne ferai jamais quand je serai un Seigneur des Ténèbres -"
Harry gloussa avant de pouvoir s'en empêcher.
"Oui M. Potter, très amusant. Alors dites-moi, pouvez-vous deviner quel était le tout premier élément de cette liste ?"
Génial. "Euh... ne jamais utiliser une méthode compliquée de s'occuper d'un ennemi quand on peut juste l'Abracadabrer ?"
"Le terme, M. Potter, est Avada Kedavra," pour une raison inconnue, la voix du professeur Quirrell était acerbe, "et non, ce n'était pas sur la liste que j'ai faite à l'âge de treize ans. Voudriez-vous réessayer ?"
"Ah... ne jamais se vanter de son plan maléfique auprès de quelqu'un ?"
Le professeur Quirrell rit. "Ah, ça c'était le numéro deux. Dites-moi, M. Potter, aurions-nous été lire certains livres ?"
Il y eut plus de rires, avec une nuance de nervosité. Harry serra fermement sa mâchoire et ne dit rien. Nier n'aurait eu aucun effet.
"Mais non. Le premier élément était : 'Je ne m'amuserai pas à provoquer des ennemis puissants et brutaux.' L'histoire du monde serait très différente si Mornelithe Falconsbane ou Hitler avaient appréhendé ce conseil élémentaire. Maintenant, si, M. Potter, - juste si vous vous trouviez par hasard entretenir une ambition similaire à celle que j'entretenais lorsque j'étais un jeune Serpentard - même alors, j'espère que ce ne serait pas votre ambition que de devenir un Seigneur des Ténèbres stupide."
"Professeur Quirrell," dit Harry en serrant les dents, "je suis un Serdaigle, et ce n'est pas dans mes ambitions que de devenir stupide, point. Je sais que ce que j'ai fait aujourd'hui était bête. Mais ce n'était pas Ténébreux ! Ce n'est pas moi qui ai porté le premier coup dans ce combat !"
"M. Potter, vous êtes un idiot. Mais je l'étais moi-même à votre âge. Aussi j'ai anticipé votre réponse et ai altéré la leçon du jour en fonction. M. Gregory Goyle, voudriez-vous vous avancer s'il vous plaît ?"
Il y eut une pause de surprise dans la classe. Harry ne s'était pas attendu à ça.
Et vu son air, pas plus que M. Goyle, qui avait l'air plutôt hésitant et inquiet tandis qu'il montait sur la plate-forme de marbre et s'approchait de l'estrade.
Le professeur Quirrell se redressa au-dessus de son bureau sur lequel il s'était appuyé. Il eut soudain l'air plus fort, ses mains se resserrèrent en des poings et il adopta une posture martiale clairement reconnaissable.
À cette vue, les yeux de Harry s'écarquillèrent, et il comprit pourquoi M. Goyle avait été appelé.
"La plupart des sorciers," dit le professeur Quirrell, "ne s'embêtent pas beaucoup avec ce qu'un Moldu appellerait les arts martiaux. Une baguette n'est-elle pas plus forte qu'un poing ? Cette attitude est idiote. Les baguettes sont tenues par des poings. Si vous voulez être un grand sorcier combattant, vous devez apprendre les arts martiaux jusqu'à un niveau qui impressionnerait même un Moldu. Je vais maintenant démontrer une technique d'une importance vitale, que j'ai apprise dans un dojo, une école moldue d'arts martiaux, et dont je parlerai très bientôt. Pour le moment..." Le professeur Quirrell fit quelques pas, toujours en posture, et s'avança vers l'endroit où se tenait M. Goyle. "M. Goyle, je vais vous demander de m'attaquer."
"Professeur Quirrell," dit M. Goyle, sa voix maintenant autant amplifiée que celle du professeur, "puis-je vous demander quel niveau -"
"Sixième dan. Vous ne serez pas blessé, et moi non plus. Et si vous voyez une ouverture, merci de la prendre."
M. Goyle hocha la tête, l'air très soulagé.
"Notez," dit le professeur Quirrell, "que M. Goyle avait peur d'attaquer quelqu'un qui ne connaissait pas les arts martiaux à un niveau suffisant de peur que lui ou moi ne soyons blessés. L'attitude de M. Goyle est exactement la bonne, et il a gagné trois points Quirrell pour cela. Maintenant, battez-vous !"
Le jeune garçon se jeta en avant, poings volants en tous sens, et le professeur arrêta chaque coup en dansant à reculons, puis il donna un coup de pied et Goyle bloqua et pivota et essaya de faire chuter Quirrell d'un balayage de la jambe et Quirrell bondit au-dessus et tout allait trop vite pour que Harry comprenne ce qui se passait et soudain Goyle était sur le dos et poussait avec ses jambes et Quirrell volait réellement dans les airs puis il toucha le sol épaule en avant et fit une roulade.
"Stop !", s'écria le professeur Quirrell depuis le sol, l'air soudain un peu paniqué. "Vous avez gagné !"
M. Goyle s'arrêta si brusquement qu'il vacilla, trébucha, et tomba presque sous l'effet de l'accélération interrompue provoquée par sa charge tête baissée vers le professeur Quirrell. Son visage exprimait un choc intense.
Le professeur Quirrell courba son dos et bondit sur ses pieds grâce à une sorte de saut bizarre qui ne faisait pas usage de ses mains.