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"Professeur," dit la voix non amplifiée de Draco. "Ce n'est pas non plus mon ambition que de devenir un Seigneur des Ténèbres stupide."

Il y eut un silence choqué dans la salle.

Tu n'as pas à faire ça ! faillit lâcher Harry, mais il se maîtrisa à temps ; Draco ne souhaitait peut-être pas que l'on sache qu'il faisait cela par amitié pour Harry... ou par désir d'avoir l'air amical...

Appeler ça désir d'avoir l'air amical donna à Harry la sensation qu'il était petit et méchant. Si Draco avait eut l'intention de l'impressionner, ça marchait à la perfection.

Le professeur Quirrell regardait Draco d'un air grave. "Vous avez peur de ne pas pouvoir faire semblant de perdre, M. Malfoy ? Ce défaut qui décrit M. Potter vous décrit vous aussi ? Votre père vous a certainement mieux éduqué que ça."

"Lorsqu'il s'agit de parler, peut-être," dit Draco, maintenant sur l'écran-relais. "Pas lorsqu'il s'agit d'être poussé en tous sens et projeté au sol. Je veux être au moins aussi fort que vous, professeur Quirrell."

Les sourcils du professeur Quirrell s'élevèrent et restèrent levés. "J'ai peur, M. Malfoy," dit-il après un moment, "que les préparatifs que j'ai fait pour M. Potter, qui utilisent quelques Serpentard plus vieux à qui l'on dira plus tard à quel point ils étaient stupides, ne marcheraient pas avec vous. Mais, selon mon opinion professionnelle, vous êtes déjà très fort. Si je devais apprendre que vous avez échoué, comme M. Potter a échoué aujourd'hui, je ferais les préparatifs appropriés et m'excuserais auprès de vous et de toute personne que vous auriez blessée. Je ne pense cependant pas que cela sera nécessaire."

"Je comprends, professeur," dit Draco.

Le professeur Quirrell regarda la classe. "Quelqu'un d'autre souhaite-t-il devenir fort ?"

Quelques étudiants regardèrent autour d'eux nerveusement. Certains, pensa Harry depuis le dernier rang, semblaient avoir ouvert leurs bouches, mais ils ne disaient rien. Personne ne se décida à parler.

"Draco Malfoy sera l'un des généraux des armées de cette année," dit le professeur Quirrell, "s'il daigne s'impliquer dans cette activité du soir. Et maintenant, M. Potter, merci de vous avancer."

Oui, avait dit le professeur Quirrell, ça doit être en face de tout le monde, en face de vos amis, parce que c'est là que Rogue s'est confronté à vous et c'est là que vous devez apprendre à perdre.

Et maintenant les première année le regardaient. Dans un silence magiquement imposé, et priés par Harry et le professeur de ne pas intervenir. Hermione avait détourné son visage, mais elle n'avait rien dit, et ne l'avait même pas remontré du regard ; peut-être parce qu'elle avait été là en cours de Potions, elle aussi.

Harry se tenait sur un tapis bleu rembourré, comme on aurait pu en trouver dans un dojo moldu, que le professeur Quirrell avait déposé au sol en prévision du moment où Harry serait projeté par terre.

Harry avait peur de ce qu'il risquait de faire. Si le professeur Quirrell avait raison au sujet de son intention de tuer...

La baguette de Harry gisait sur le bureau du professeur Quirrell, pas parce que Harry connaissait des sorts qui lui auraient permis de se défendre, mais parce que sinon (pensait Harry), il aurait pu essayer de la fourrer dans l'orbite de quelqu'un. Sa bourse gisait là aussi, contenant maintenant son Retourneur de Temps, toujours protégé mais toujours potentiellement fragile.

Harry avait plaidé auprès du professeur Quirrell pour qu'il lui transfigure des gants de boxe et les attache à ses mains. Le professeur Quirrell lui avait jeté un regard compréhensif et avait refusé.

Je ne viserai pas leurs yeux, je ne viserai pas leurs yeux, je ne viserai pas leurs yeux, ce serait la fin de ma vie à Poudlard, je serais arrêté, se chanta Harry à lui-même, essayant de marteler la pensée dans son cerveau, espérant qu'elle resterait là si jamais son intention de tuer prenait le dessus.

Le professeur Quirrell revint. Il escortait treize Serpentard plus âgés, de différentes années. Harry reconnut l'un d'entre eux, celui qu'il avait frappé d'une tarte. Deux autres présents lors de cette confrontation étaient aussi là. Celui qui leur avait dit d'arrêter et qu'ils ne devraient vraiment pas faire ça n'était pas là.

"Je répète," dit le professeur Quirrell d'une voix très sévère, "Potter ne doit pas être réellement blessé. Tout accident sera considéré comme délibéré. Vous comprenez ?"

Les autres Serpentard acquiescèrent en souriant.

"Alors n'hésitez pas à remettre le Survivant à sa place," dit le professeur Quirrell, avec un sourire tordu que seuls les première année comprirent.

Une sorte de consentement mutuel avait placé la cible-de-tarte au centre du groupe.

"Potter," dit le professeur Quirrell, "dites bonjour à M. Peregrine Derrick. Il est meilleur que vous et il est sur le point de vous le montrer."

Derrick s'avança et le cerveau de Harry hurla un cri distordu, il ne faut pas s'enfuir, il ne faut pas se défendre -

Derrick s'arrêta à une coudée de Harry.

Harry n'était pas encore en colère, juste effrayé. Parce qu'il faisait face à un jeune adolescent mâle plus grand que lui d'au moins cinquante centimètres, avec des muscles clairement définis, de la barbe, et un horrible sourire anticipatoire.

"Demandez-lui de ne pas vous faire de mal," dit le professeur Quirrell. "Peut-être que s'il vous trouve assez pathétique, il décidera que vous êtes ennuyeux et qu'il s'en ira."

Il y eut des rires venant des autres Serpentard plus âgés.

"S'il te plaît," dit Potter, sa voix vacillante, "ne, me, fais pas, mal..."

"Ça n'avait pas l'air très sincère," dit le professeur Quirrell.

Le sourire de Derrick s'agrandit. L'imbécile maladroit avait un air très supérieur et...

...la température sanguine de Harry chutait...

"S'il te plaît, ne me fais pas mal," essaya à nouveau Harry.

Le professeur Quirrell secoua la tête. "Par Merlin, comment êtes-vous parvenu à faire sonner ça comme une insulte, Potter ? Vous ne pouvez vous attendre qu'à une seule réponse de la part de M. Derrick."

Derrick s'avança délibérément et bouscula Harry.

Harry recula de quelques pieds, et, avant de pouvoir s'en empêcher, se raidit comme de la glace.

"Faux," dit le professeur Quirrell, "faux, faux, faux."

"Tu m'as bousculé, Potter," dit Derrick. "Excuse-toi."

"Je suis désolé !"

"Tu n'as pas l'air désolé," dit Derrick.

Les yeux de Harry s'écarquillèrent sous le coup de l'indignation, il était parvenu à avoir l'air de plaider -

Derrick le poussa avec force, et Harry tomba sur le matelas sur ses mains et ses genoux.

Le tissu bleu semblait onduler non loin dans le champ de vision de Harry.

Il commençait à douter des réels motifs qui poussaient le professeur Quirrell à lui enseigner cette soi-disante leçon.

Un pied s'appuya sur l'arrière-train de Harry et un instant plus tard il était violemment poussé sur le côté, ce qui l'envoya s'étaler sur son dos.

Derrick rit. "C'est vraiment amusant," dit-il.

Tout ce qu'il avait à faire était de dire que c'en était assez. Et de faire part de la chose au bureau du Directeur. Ce serait la fin du professeur de Défense et de son infortuné passage à Poudlard et... le professeur McGonagall serait en colère, mais...

(Une image du professeur McGonagall lui apparut dans un flash, elle n'avait pas l'air en colère, seulement triste -)

"Maintenant, dites-lui qu'il vaut mieux que vous, Potter," dit la voix du professeur Quirrell.