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— Essayez de faire ça Dehors, et vous être mort. Les radiations actiniques vous pèleront à vif. O.K., vous partirez avec Chien Volant IV. Et demain vous tirerez sur quelque chose de beaucoup plus dangereux qu’une cible rembourrée. Votre injecteur fonctionne-t-il bien ? »

Dag toucha la pompe grosse comme le pouce greffée à son cou. « Oui.

— Très bien. Je vois que le service Psych vous a classé dans une catégorie supérieure. Votre hypno-conditionnemènt s’est donc fait sans problèmes ? »

Dag hocha la tête. « Je vais chasser des parasites dans les jardins. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Avec la combinaison et les drogues, il ne devrait y avoir aucune difficulté. J’ai vraiment hâte d’y être. »

Val sourit. Dag était à sa place dans la neuvième catégorie : décidé, dépourvu de subtilité, mais débordant d’enthousiasme. Facile à manier.

« Asseyez-vous, Dag. Walter et moi, nous aimerions vous montrer quelques bandes pour compléter votre instruction. »

La carte murale s’éteignit, pour être remplacée par une vue agrandie du secteur Bleu. Les endroits où l’on avait signalé des Broncos étaient indiqués par des traits et des points.

« Votre zone de Chasse sera moissonnée aujourd’hui. Trois cents kilomètres de long sur huit de large, environ. Altitude moyenne, quatre cent cinquante mètres. On y a repéré huit Broncos la semaine dernière. Rien depuis. » L’image s’évanouit. Celle d’un vaisseau de Chasse filmé en pleine action apparut. L’engin décollait dans un nuage de feuilles et de poussière. « Voici votre appareil, Chien Volant IV, la vue basse, mais bon pisteur, dévoué. On peut compter sur lui. Une fois que vous aurez pris la R.M., asseyez-vous bien droit et il viendra vous ramasser. »

Val s’interrompit et s’éclaircit la gorge.

Walter prit sa suite. Ils suivirent sur l’écran les trois jours de traque d’un chasseur, son triomphe et la mise à mort.

« Vous prendrez note que la proie peut se retourner contre vous quand elle est blessée. Voyez avec quelle férocité elle se bat, même touchée à mort. Soyez toujours sur vos gardes avec ces créatures. Voici quelques plans du trophée. »

Sur l’écran, l’image devint fixe.

« À présent, voici des artefacts trouvés dans les campements broncos. Il y a des ossements de cétacés, et aussi d’humains. Ils mangent n’importe quelle sorte de viande, et vous mangeront si vous n’êtes pas prudent. Là, ce sont des armes : javelots lourds et légers, couteaux en bois, haches en pierre. Elles ne contiennent pas de métal, de sorte que nous ne pouvons les détecter. »

Dag était attentif ; il était plein d’une confiance moléculaire, comme la drogue qui circulait dans ses veines.

« Les plans suivants vous montrent des travaux de poterie et de vannerie, témoignant d’une habileté très primitive. À vivre ainsi en solitaire, chaque Bronco développe une culture qui lui est propre. Ils n’ont aucune unité, même de langage. »

La projection se termina.

« Des questions ? demanda Val.

— Non.

— Bon. Descendez au Garage faire connaissance avec Chien Volant IV, dit Walter. Vous serez le capitaine de cette Chasse. »

Dag se leva et se disposa à partir. « Au fait, fit Walter. Qu’est-ce qui vous a valu le droit à cette Chasse ? »

Dag Foringer sourit, très sûr de lui. « J’ai fluidifié un métro et l’ai détourné vers les synthétiseurs de protéines, économisant ainsi des milliers d’heures de main-d’œuvre. La fissure du Pays Orange s’était déplacée de sept mètres, coupant une des lignes du réseau sud-ouest, tuant plus d’un million de citoyens. J’étais responsable du trafic, ce jour-là. Cet accident aurait pu causer une forte baisse du rendement. Mais j’ai attendu que le nombre des survivants, indiqué par les senseurs, soit descendu de trois décimales. Les senseurs donnent avec précision le nombre de vies pouvant être sauvées ; avec cette assurance, il était inutile d’attendre que chacun des citoyens ait rendu le dernier soupir. Comme il n’y avait aucun moyen de les sortir de là vivants, je les ai dirigés tout de suite vers les presses à pâté. J’ai ainsi fait gagner du temps à tout le monde. »

« Vous avez fait preuve d’une grande compétence, approuva Val. Vous méritez davantage qu’une Chasse. »

Dag sourit à nouveau : « J’ai également eu droit à une augmentation de trois Au-gramme. Mais c’était tellement logique d’agir ainsi que je suis surpris que personne n’y ait songé avant.

— Oh ! quelqu’un a bien dû y penser déjà ! dit Val. Je suis sûr que tous ceux qui ont été contraints à utiliser toute une équipe pour tirer un survivant d’un millier de cadavres ont eu cette idée.

— Mais il faut de la compétence et de l’imagination pour le faire, dit le vieux Walter. Et le fait de les avoir aiguillés vers les synthétiseurs et non vers les digesteurs… économie de calories et raccourcissement de la chaîne alimentaire.

— C’étaient de bonnes protéines, dit Dag.

— Je n’en doute pas. »

Cette nuit-là, Curedent recommanda à Moon et à Moïse de dormir dans un arbre. Ils gagnèrent en hâte un verger de doux-fruits à plusieurs kilomètres de là. Une mer d’Agrimousse blanche recouvrait le sol sur une épaisseur de plus d’un mètre. Cette mousse véhiculait des nutriments et des auxines qui accéléraient la maturation des récoltes. Et ce soir la mousse présentait une particularité supplémentaire : on y avait ajouté des hormones qui provoquaient chez les insectes une métamorphose prématurée. Curedent ne tenait pas à ce que ses protégés soient exposés à leurs effets. Cela pouvait bouleverser leur équilibre endocrinien. Il y avait une certaine similitude entre les structures moléculaires.

L’aurore les trouva devant un déjeuner de doux-fruits, de couleur orange et gros comme le poing.

« Des chasseurs ! » les alerta Curedent.

Ils se laissèrent choir de l’arbre et rampèrent à l’abri d’un fossé de drainage. Dan les rejoignit, en imitant jusqu’à leur façon de se traîner sur le ventre. Moon roula sur le dos et souleva Curedent aussi haut qu’il le pouvait.

« Reste en dessous du niveau du sol jusqu’à ce que nous connaissions leur position exacte », dit-il à Moïse.

Le jeune homme sentit son sang se figer. Il entendit un bruissement dans le fossé, un peu plus bas. Quelque chose se dirigeait vers lui.

Curedent scrutait les alentours.

« Les voilà… avec un vaisseau de Chasse. Ils tournent autour d’une colline, à cinq kilomètres d’ici. »

Moïse restait immobile. Le bruissement se rapprocha. Quelque chose lui toucha la jambe. Il leva les yeux, pour les plonger dans ceux d’une pouliche.

« Ils ont levé quelque chose, annonça Curedent. L’appareil s’est posé une seconde au sommet de la colline, et s’éloigne à présent en prenant de l’altitude. Ils ont sans doute largué un chasseur. »

Lorsque l’engin eut disparu au loin derrière une crête, Moon et Dan rampèrent jusqu’au rebord du fossé pour regarder.

« Du calme, derrière, murmura Moon.

— Pardon », répondit Moïse dans un souffle.

Plusieurs minutes s’écoulèrent.

« Le voilà », dit Moon, en désignant la vallée.

Une silhouette nue se découvrit ; courant avec aisance, elle fit un crochet en direction du fossé.

« C’est bien un Bronco… et on le pourchasse, pas de doute », dit Curedent.

Le fuyard passa à environ huit cents mètres d’eux et dirigea sa course vers le canal. Quand il l’eut atteint, il suivit la berge, à petites foulées, sans avoir l’air de se presser. Alors arriva le chasseur : la nouvelle tenue de camouflage verte et brune, le casque et Parc. Il était gras et soufflait avec force. Il s’arrêta soudain, respira profondément, se reposa quelques secondes, puis reprit la poursuite avec une aisance nouvelle.