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« Je viens chercher ta tête, Val ! » cria le Bricoleur en agitant sa hache. Les circuits de Surveillance transmirent le message à Val, qui suait de peur.

Deux mille gardes de la Sûreté marchèrent sur la galerie du métro.

« Dix contre un », dit Val en souriant. Il referma les sphincters.

La galerie fut à nouveau obstruée.

« Il nous reste encore quarante-cinq kilomètres à faire ! » tonitrua le Bricoleur.

Ses hommes se formèrent en triangle, les porteurs de haches à l’avant, et se découpèrent lentement un passage dans la foule compacte. Quand ils arrivèrent devant le sphincter, celui-ci s’ouvrit. Des gardes surgirent, en rangs serrés ; ils étaient munis d’injecteurs à R.M. Les décharges de drogue frappèrent indistinctement Broncos et Néchiffes. Le Bricoleur se retira ; la masse des Néchiffes se referma derrière lui, empêchant les gardes de le suivre. Lui et sa formation sortirent du métro en coupant par la droite.

Les Broncos blessés et hébétés par la drogue allèrent en rampant chercher refuge dans l’entre-murs obscur et désert.

Champignon poussait dans 1’entre-murs. Il aimait la fraîcheur et les endroits obscurs. L’humidité lui était propice. Dans la suie son pied cherchait Les éléments nourriciers. Ses doigts-basides se recroquevillèrent Et les spores s’en échappèrent. La mort mit fin à sa photophobie ; Champignon dans rentre-murs.

L’arme haute, la troupe du Bricoleur investit la ligne de transport de marchandises. Des têtes néchiffes roulèrent. La mache préposée au trafic leur indiqua les voies d’accès au Cybercentre. Ils programmèrent des capsules de transport, dont chacune emmena dix hommes. Le Bricoleur se trouvait dans la cinquième.

« Rendez-vous à la prochaine station ! » hurla-t-il en refermant l’écoutille. Il raidit ses forces en prévision du rude voyage dans l’obscurité. Des sangles lui fournirent une prise. Balle essaya de s’allumer. Il n’y eut pour résultat qu’une faible lumière fantomatique. Des virages brusques et impévisibles projetaient les soldats et leurs armes contre les parois.

Accélération. Décélération. Arrêt saccadé.

Le Bricoleur banda ses muscles, leva sa hache. Il n’aurait guère été surpris si Val et sa satanée efficacité lui avaient ménagé une réception en force. Quand le panneau s’ouvrit, il découvrit les visages souriants de ses propres hommes.

« Nous avons réussi ! clamèrent-ils. Combien de temps nous reste-t-il ? »

Le Bricoleur consulta Balle.

« Nous avons largement le temps. Le centre nerveux n’est plus qu’à quatre cents mètres environ. »

Le Bricoleur inspecta du regard la station. Des capsules de transport entraient et sortaient des conduits à toute vitesse ; partout, des rails et des chariots. Au fond, des équipes de Nechiffes vaquaient mollement à leurs travaux. Près de lui, des cadavres de Nechiffes baignaient dans leur sang. La troupe du Bricoleur ne se montait plus qu’à moins de cent hommes. Beaucoup étaient légèrement blessés. Certains, abrutis par la Récompense Moléculaire, devaient être soutenus par leurs camarades.

« Montons la spirale, » les exhorta le Bricoleur.

Des archers les en empêchèrent. Les flèches leur interdirent de sortir de la station.

« Amenez un chariot ! » cria le Bricoleur.

Un entassement de caisses leur fit un bouclier. Ils poussèrent le chariot ainsi chargé devant eux, et gravirent la spirale. Les flèches s’enfonçaient bruyamment dans le tendre synthécarton. Les brigades de la fourmilière se replièrent lentement, avec une étonnante discipline.

« Allez-y ! » dit Val dans la salle des commandes.

Dag Foringer tira sur une manette. Ses doigts coururent sur des boutons qui ouvrirent les valves d’une douzaine de conduites. Les eaux d’irrigation se répandirent dans le puits, grossies au passage par l’eau potable et celle des égouts. Balle tressauta. Inondation ! Inondation ! Les mots se répercutèrent dans la tête du Bricoleur.

La muraille liquide s’abattit sur la spirale, entraînant des citoyens aussitôt noyés. Les archers furent balayés. Le rugissement des eaux devint assourdissant. Le magma de cadavres renversa le chariot du Bricoleur, des hommes furent emportés. Les flots les ramenèrent vers la station. Ils lâchèrent leurs lourdes armes de fer ; l’eau montait irrésistiblement.

Elle arracha Balle des mains du Bricoleur. Les derniers mots qu’il entendit n’étaient pas réconfortants : « Tout est perdu, tout est perdu. Fuyez ! Fuyez ! »

Balle s’éloigna dans un tourbillon charriant des cadavres.

Les Broncos essayaient de nager ; des têtes hirsutes et familières apparaissaient à la vue du Bricoleur. Le flot les déporta contre les crapaudines géantes de l’égout avec une telle force qu’ils furent plaqués contre le grillage fait de maillons de cinq centimètres, espacés de quarante-cinq centimètres. Le Bricoleur tenta plusieurs fois de remonter à la surface. Il fut aspiré par un tourbillon vertigineux qui le ramena contre la grille. Epuisé, il passa au travers. Un par un, ses hommes meurtris le suivirent.

« Bon travail », dit Val en tapotant l’épaule de Dag. Ils consultèrent les Scrutateurs : rien. La station de marchandises était nettoyée. Des chariots et

des capsules étaient accumulés contre les grilles, ainsi qu’un fouillis de corps salis.

« Maintenant, nous pouvons nous occuper du campement bronco. Quelle heure est-il ?

— Deux heures, dit Dag.

— Nous attaquerons à l’aube. Désirez-vous participer à la Grande Chasse ? »

Val repartit avec sa garde personnelle pour la base de la flotte aérienne de Chasse. Par le métro, il leur fallut moins de deux heures pour parcourir les quatre cent cinquante kilomètres de distance. Il restait quelques traces des Broncos : des taches de sang et des armes. Les Balayeuses et les Réparateurs étaient à l’œuvre.

Le gros Walter l’accueillit.

Val, rayonnant de plaisir, raconta comment il avait écrasé la section d’assaut bronco.

« Tu aurais dû voir la tête qu’ils faisaient en se débattant dans les tourbillons ! » s’esclaffa-t-il.

Walter était grave.

« J’ai fait quelques calculs, marmonna-t-il. Le sorcier du mont Table avait peut-être raison, après tout. Regarde ces diagrammes. »

Il projeta la carte du Système solaire sur l’écran. Le soleil était au centre, les signes du zodiaque répartis sur la circonférence.

« Dans le système géocentrique, Vénus et Mercure sont en Gémeaux. Mais, par rapport au soleil, ils se trouvent du même côté que nous ; donc » – il tendit le doigt vers le diagramme – « si on se réfère au système héliocentrique, ils sont en Sagittaire. »

Val lui lança un regard mauvais. « Tu n’es qu’un Disciple d’Olga refoulé !… tu vois sa main partout !

— Mais les perles… » protesta Walter.

Val soupira et examina à nouveau les perles.

« D’accord, dit-il d’un ton de défi. Tu as réussi à mettre Mercure et Vénus en Sagittaire ; mais il y a quatre perles, quatre planètes-Jupiter, etc. ?

— La Terre.

— La Terre ? explosa Val. Mais la Terre ne se trouve dans aucun signe !

— Dans le système héliocentrique, si… Nous faisons partie d’une quadruple conjonction planétaire.

— Mais qui peut le voir du soleil ?

— Olga. »

Val leva les mains au ciel, découragé.

« Je n’irai pas au camp des Broncos demain. Je ne peux attaquer un Disciple d’Olga, même à cinq orteils », dit fermement Walter.