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Val s’assit, abattu.

« Entendu, mon vieux. J’allais justement te le proposer. Nous combattrons au sol après les attaques aériennes préliminaires. Ça pourrait être dangereux pour un homme dans ton état.

— Tu as l’air bien sûr de toi », dit Walter, soupçonneux.

Val eut un sourire cruel.

« J’ai tout mis au point avec le C.U. Nous allons donner par faisceau dense des ordres d’autodestruction aux Agrimaches des Broncos, et brancher des champs de force sur les chapeaux de puits. Ils seront ainsi obligés de rester à l’extérieur, et ça devrait déclencher une certaine panique. Nous avons plus de trois mille appareils rassemblés à l’heure qu’il est. Des milliers d’archers seront postés dans les chapeaux de puits, derrière les champs de force. Ce sera aussi facile que de tirer sur les cibles d’entraînement. »

Le gros Walter régla l’audio sur le campement des Broncos. Ils chantaient les louanges d’Olga. Les lèvres de Walter remuèrent : il priait pour qu’ils fussent sauvés.

Hugh rapporta du Garage la batterie rechargée et la brancha sur le vaisseau endommagé. Des lampes s’allumèrent.

« Ça fait cinq appareils bons pour prendre l’air demain », dit-il.

Moïse était assis dans une cabine, vérifiant les instruments. Dans une autre, Curedent s’efforçait de reprogrammer un circuit de stabilisation abîmé.

Les forges rutilaient. Des équipes de terrassiers creusaient des abris dans le sol meuble. Toute la nuit, les lumières des vaisseaux de Chasse dansèrent sur l’horizon ; ils attendaient l’aube pour attaquer.

Le Sage arriva. Il n’avait consacré que quelques minutes à l’observation des cieux, cette nuit, découragé par son échec, par l’échec de Balle, qui n’avait pu sauver son peuple le soir précédent. Il portait un javelot abandonné par un blessé… la première arme qu’il ait jamais tenue. Il était assez impatient de s’en servir.

« Il reste encore une chance, dit-il. Nous perdrons des hommes ; mais Dehors, au moins, nous pouvons combattre sans redouter les drogues. Peut-être même pourrons-nous capturer d’autres appareils. Nos Agrimaches nous assurent une certaine mobilité, en même temps qu’une protection… »

Comme pour répondre à ses paroles, l’un des Hovercraft voisins démarra un compte à rebours et explosa.

« Faisceau dense, signal d’autodestruction ! hurla Curedent. Ecartez-vous des Agrimaches, elles vont sauter ! »

Moins d’une heure plus tard, la première ligne bronco n’était plus marquée que par des carcasses fumantes et des cratères. Certains broncos s’étaient trouvés trop près. Moïse fit reculer son peuple accablé jusqu’à un chapeau de puits.

« Postez des archers derrière ces grilles ! » s’écria-t-il.

L’obscurité qui précédait l’aube ajoutait à la confusion. Des camarades furent séparés, des familles dispersées. Une fumée acre les aveuglait. Les explosions et les incendies accrurent le désarroi de l’armée affamée. Les ventres étaient vides depuis trop longtemps, la chair humaine graisseuse en provenance des cités-puits étant tout juste bonne à provoquer une contraction de la vésicule biliaire.

« Les archers, aux grilles ! » répéta Moïse.

Des gerbes d’étincelles éloignèrent les premiers d’entre eux des portes du Garage. L’odeur d’ozone les renseigna. Moïse entendit le bourdonnement menaçant d’un champ de force libérant de l’énergie dans l’atmosphère.

« Le champ est branché ! les avertit Curedent. La Grande S.T. nous a isolés Dehors. »

Les autres chapeaux de puits se mirent aussi à bourdonner et à crépiter. Moïse, impuissant, regarda son armée se débander en une fuite désordonnée. Des cris et des gémissements s’élevèrent, les plus forts piétinaient les plus faibles.

Dans l’ombre, une voix forte et familière monta, pleine d’assurance.

« Ralliez-vous à moi ! Ralliez-vous à moi ! » hurlait le Sage.

Une petite suite se forma derrière lui, les incantations se firent entendre. La cohorte grossit. Une zone de calme s’établit dans cette mer turbulente de gens saisis de panique.

Moon prit Dan dans ses bras pour lui éviter d’être écrasé.

Curedent luisait d’une manière apaisante.

« Voilà qui est mieux », reconnut le vieux bourru.

Le vent en tournant ramenait les paroles d’un chant venu de l’antiquité. Si le soleil ne se levait pas avant qu’ils aient pu se réorganiser et se réarmer…

Une étrange lueur apparut au sud-ouest, un dôme bleu palpitant s’éleva au-dessus de l’horizon. De bleu clair, le dôme devint violet. Un halo blanc se forma autour de lui.

« Qu’est-ce que c’est ? »

Le Sage répondit : « Un signe. Olga nous envoie un signe. Posez les armes. Nous sommes sauvés ! »

Curedent n’était pas aussi optimiste. « La section d’assaut a échoué. C’est simplement Balle qui a fait exploser son bocal et libéré l’énergie atomique. »

Moon trébucha sur un enchevêtrement de lames et de traits.

« Si seulement on pouvait décider ces gars à reprendre leurs armes… »

Moïse considéra la lueur sur l’horizon ; une secousse fit vibrer le sol sous ses pieds.

« Et ce halo blanc ?

— Du Néchiffe ionisé, dit Curedent. Balle a dû exploser sous une cité-puits. »

La terre trembla à nouveau, plus fort. Le dôme de lumière grandit, le halo s’éleva.

« Protégez-vous le visage », conseilla Curedent.

Chapitre VIII

Déluge de météorites

Walter était assis dans la cabine et suivait la retransmission du lever de soleil sur la côte est. Un soleil de la taille d’un melon révélait l’ombre, grosse comme un noyau de cerise, de Mercure en transit.

« Veux-tu voir un joli spectacle en direct du littoral ?

— Dans une minute », répondit Val, dans l’obscurité, sous le vaisseau. Il polit les plots et brancha l’arbre de transmission. Pendant qu’il se livrait à cette tâche, l’éclairage changea.

« Est-ce déjà le lever du soleil ? »

Walter ne répondit pas. Il était cloué sur sa chaise à fixer la lueur bleuâtre au sud-est.

« Violent orage… Violent orage », annonça leur appareil, en refermant brusquement ses panneaux.

L’écran d’observation ondula tandis que retentissait un grondement assourdissant. Val ouvrit la bouche pour demander quelque chose quand l’impact le souleva du sol dans un jaillissement de cailloux. Ses oreilles tintaient. Il n’entendait rien d’autre. En rampant, il essaya de se dégager de dessous l’appareil. Un nouveau coup de tonnerre. L’engin fut soulevé du sol, puis retomba, lui écrasant la cheville. La lueur bleuâtre grandit, jusqu’à ressembler à un véritable lever de soleil. Puis elle disparut. Les ténèbres retombèrent ; les ténèbres d’avant l’aube. Val hurla, sans entendre sa propre voix, assourdi qu’il était par le coup de tonnerre. Il était immobilisé sous le vaisseau, crachant du sable. Il sentit des ondes de choc passer et repasser sur son corps. Il libéra sa cheville et se traîna à l’écart. Un météore traça dans le ciel noir un sillon de feu. Il tomba dans le camp des Broncos.

Val protégea ses yeux de la violente lumière qui suivit l’impact. Le ciel était à présent parcouru de nombreuses traînées incandescentes. Des bruits sourds d’explosions lui apprirent qu’il avait recouvré l’ouïe. Il martela la porte du vaisseau. Pas de réponse. Il réussit à l’ouvrir : elle était sortie de ses gonds. Il faisait sombre dans la cabine ; tous les instruments du tableau de bord avaient cessé de fonctionner. Walter regardait par le hublot, les yeux écarquillés. Les lueurs jaunes et orangées des météores qui tombaient en pluie jouaient sur son visage sans expression.