Выбрать главу

« Nous travaillerons avec amour à l'atelier des siècles à venir, nous réorganiserons tous les éléments détruits, nous examinerons soigneusement toutes les ruines cherchant le matériel passible d'être mis à profit et, lorsque les institutions terrestres auront réajusté leur vie dans la fraternité et dans le bien, dans la paix et dans la Justice, conformément à la sélection naturelle des Esprits et des convulsions rénovatrices de la vie planétaire, nous organiserons pour le monde un nouveau cycle évolutif en consolidant avec les divines vérités du Consolateur, les progrès définitifs de l'homme spirituel ».

La voix du Maître semblait remplir les confins de l'infini même, comme s'il la lançait, telle une balise divine de son amour dans les profondeurs de l'espace et du temps, au cœur radieux de l'éternité.

L'exposition de ses augustes prophéties achevée, sa figure sublime s'éleva vers les cieux, tandis qu'un océan de lumière bleutée, mêlée aux sons de mélodies divines et incomparables, envahissait ces zones spirituelles des nuances caressantes des saphirs terrestres.

Pris d'une douce émotion, tous les participants, agenouillés, pleuraient de reconnaissance et de joie, et se remplissaient de courage sanctifié pour les tâches élevées qui leur appartiendrait d'accomplir, au cours incessant des siècles à venir. Des fleurs d'un bleu céleste merveilleux pleuvaient des cieux sur toutes les têtes et se défaisaient en touchant les délicates substances qui formaient le sol de ce paysage d'une souveraine harmonie, comme des lys fluidiques de brume parfumée.

Emue, Livia pleurait. Alors avec ses généreux enseignements, Siméon l'informa des nouvelles missions sanctifiées qui attendaient son dévouement au niveau spirituel.

Mon ami - dit-elle en larmes, les agonies terrestres sont un moindre prix pour ces récompenses radieuses et immortelles !... Si tous les hommes avaient connaissance de telles joies, ils n'auraient d'autre préoccupation que de chercher le glorieux royaume de Dieu et de sa justice.

Oui, ma fille - ajouta Siméon, comme si ses yeux se posaient sereinement sur les tableaux à venir -, un jour, tous les êtres de la terre connaîtront l'Évangile du Maître, et suivront ses enseignements !... Pour cela, nous devrons nous sacrifier pour l'Agneau de Dieu autant de fois que cela sera nécessaire. Nous organiserons des postes de travail avancés parmi les ombres terrestres, nous chercherons à éveiller tous les cœurs endormis dans les pénibles réincarnations aux harmonies sublimes de ces divines aubades !...

S'il le faut, nous retournerons au monde en de sanctifiantes missions de paix et de vérité... Nous succomberons sur la croix infamante ou nous offrirons notre sang en pâture aux fauves de l'ambition et de l'orgueil, de la haine et de l'impiété qui sommeillent dans les âmes de nos compagnons de l'existence terrestre, convertissant ainsi tous les cœurs à l'amour de Jésus-Christ !...

A cet instant, néanmoins, Livia remarqua qu'un groupe gracieux d'entités angéliques distribuait les grâces du Seigneur dans ce paysage fleuri de l'infini organisé dans l'au-delà comme une ère de repos, récompensant ceux qui avaient quitté les angoisses terrestres, après l'accomplissement d'une mission divine.

Tous ceux qui avaient atteint la victoire céleste grâce à leurs efforts dans les martyres sanctifiants, recouvraient à présent des forces morales et désiraient connaître de nouvelles sphères de joie spirituelles, de nouvelles expressions de la vie dans d'autres mondes et recevoir d'autres connaissances dans les temples radieux et sublimes de l'éternité, rétablissant en même temps l'équilibre de leurs émotions.

Avec la magnanimité des messagers de Jésus, des plans sublimes furent élaborés : de nouveaux décors, de nouveaux ateliers d'étude, de nouvelles émotions lors de retrouvailles inoubliables avec des êtres aimés qui avaient précédé les missionnaires du Seigneur dans la nuit obscure et froide de la mort.

Mais quand vint son tour d'exprimer ses désirs les plus secrets, après avoir examiné ses sentiments les plus profonds, la noble compagne du sénateur répondit en larmes à l'émissaire de Jésus qui l'interpellait :

Messager du Bien - les merveilles du royaume du Seigneur auraient pour moi une nouvelle beauté, si je pouvais pénétrer leur splendeur en compagnie du cœur qui est à moitié le mien, l'âme sœur de la mienne, que la sagesse de Dieu dans ses profonds et doux mystères, a destinée à ma vie depuis l'aube des temps !...

Je ne veux pas mépriser la gloire sublime de ces régions de félicité et de paix indicibles, mais au milieu de toutes ces joies qui m'entourent, l'âme qui est le complément de ma propre vie me manque !...

Donnez-moi la grâce de retourner aux ombres de la terre et d'élever du bourbier de l'orgueil et des vanités impitoyables, le compagnon de ma destinée !... Permettez que je puisse le protéger en esprit, afin de le ramener un jour aux pieds de Jésus, de manière à ce qu'il reçoive aussi ses divines bénédictions !...

L'entité angélique sourit avec une profonde compréhension et une tendre complaisance, et s'exclama :

Oui - l'amour est le lien de lumière éternelle qui unit tous les mondes et tous les êtres de l'immensité ; sans lui, la création infinie même n'aurait pas de raison d'être car Dieu est son expression suprême... La perspective éblouissante des sphères heureuses perdraient sa beauté divine si nous ne gardions pas l'espoir de participer, un jour, à ses joies illimitées auprès de nos bien-aimés qui se trouvent sur terre ou dans d'autres cercles d'épreuves de l'Univers...

Et tout en fixant son regard lucide dans les yeux sereins et fulgurants de Livia, il poursuivit comme s'il devinait ses pensées les plus secrètes et les plus profondes :

Je connais toute ton histoire et je suis au courant de tes luttes incessantes et rédemptrices lors de tes incarnations passées qui justifient par conséquent ton souhait de continuer, en esprit, à travailler sur terre pour le perfectionnement de ceux que tu as beaucoup aimé !...

L'Agneau de Dieu aussi, a beaucoup aimé l'humanité. Il n'a pas dédaigné l'humiliation, le martyre, le sacrifice...

Va, ma fille. Tu pourras travailler librement parmi les phalanges radieuses qui opèrent sur la face sombre de la planète terrestre. Tu reviendras ici, chaque fois que tu auras besoin de nouveaux éclaircissements et de nouvelles énergies. Tu retourneras auprès de Siméon dès que tu le souhaiteras. Soutiens ton malheureux compagnon dans le long sillage de ses expiations rudes et arrières, car en effet, le malheureux Publius Lentulus n'est pas loin de son épreuve la plus angoissante dans son existence actuelle perdue, malheureusement, par son orgueil démesuré et par sa vanité froide et impitoyable !...

Livia se sentit prise d'une indicible émotion en raison de cette pénible révélation, mais simultanément, elle manifesta, au fond de son cœur sensible et aimant, toute sa reconnaissance pour la miséricorde divine.

Le même jour, en compagnie de Siméon, la généreuse créature retournait sur terre, s'éloignant provisoirement de ces splendides sphères.

Pendant son excursion spirituelle sublime et vertigineuse, elle observa les mêmes perspectives charmantes et éblouissantes du chemin, recevant en extase, des enseignements élevés de la part de son vénérable ami de Samarie.

En peu de temps tous deux s'approchèrent d'une large tache sombre.

Une fois dans l'atmosphère terrestre, Livia sentit la singulière diversité de la nature ambiante, éprouvant des chocs fluidiques très pénibles.

Bien vite, elle remarqua qu'elle se trouvait dans la même Rome de son enfance, de sa jeunesse et de ses amères épreuves.

Il était minuit. Tout l'hémisphère était plongé dans des abîmes d'ombre.

Soutenue par les bras et par l'expérience de Siméon, elle arriva à son ancien palais de l'Aventin dont elle reconnut les marbres précieux.