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Jésus récompensera le concours amical et sincère que vous m'avez prêté et que son infinie miséricorde vous bénisse, telle sera toujours ma prière. »

Voici donc quelques annotations personnelles d'Emmanuel transmises à la réception de ce livre. L'humilité de ce généreux Esprit vient démontrer qu'au plan invisible, il faut aussi s'efforcer d'être patient et d'avoir la foi pour arriver à bonnes fins.

Les notes de l'auteur sont une invitation pour que nous sachions tous prier, travailler et croire en Jésus-Christ, sans faiblir dans la lutte que la bonté divine nous offre pour notre rachat sur le chemin de la rédemption.

Pedro Leopoldo, le 2 mars 1939

L'Éditeur

PREMIÈRE PARTIE I

DEUX AMIS

Les dernières clartés de l'après-midi s'étaient posées sur la ville romaine.

Les eaux du Tibre, bordant l'Aventin, laissaient entrevoir les ultimes lueurs du crépuscule tandis que dans les rues étroites, en hâte, passaient des litières portées par des esclaves musclés et véloces.

De lourds nuages s'accumulaient dans l'atmosphère annonçant des averses et les fenêtres encore ouvertes des résidences privées et collectives claquaient bruyamment au souffle des premiers vents de la nuit.

Parmi les constructions élégantes et sobres qui exhibaient de précieux marbres, au pied de la colline, il y avait un édifice qui attirait l'attention des étrangers par la singularité de ses colonnes sévères et majestueuses. D'un simple coup d'ceil à sa façade, vu son architecture et ses proportions, on pouvait imaginer le rang de son propriétaire.

En fait, il s'agissait de la résidence du sénateur Publius Lentulus Cornélius, un homme encore jeune qui, selon la coutume de son époque, exerçait au Sénat des fonctions législatives et judiciaires conformément aux droits qui lui revenaient en tant que descendant d'une ancienne famille de sénateurs et de consuls de la République.

L'Empire, fondé sous Auguste, avait limité les pouvoirs sénatoriaux dont les détenteurs n'exerçaient déjà plus aucune influence directe sur les affaires d'ordre privé du gouvernement impérial, mais l'hérédité des titres de dignité des familles patriciennes avait été maintenue, établissant ainsi plus nettement la séparation des classes dans la hiérarchie sociale.

Il était dix-neuf heures en ce jour du mois de mai de l'an 31 de notre ère. Allongé dans un triclinium en compagnie de son ami Flaminius Sévérus, Publius Lentulus finissait de dîner, tandis que Livia, sa femme, donnait des ordres à une jeune esclave étrusque.

Dans la trentaine, l'hôte était un homme relativement jeune, malgré son profil fier et austère allié à une tunique avec une large bande de pourpre qui imposait un certain respect à ceux qui l'approchaient ; il contrastait avec son ami qui portait le même habit de sénateur, mais laissait entrevoir un âge mûr, illuminé de cheveux blancs précoces qui témoignaient de sa bonté et de son expérience de la vie.

Laissant la jeune femme vaquer à ses occupations domestiques, tous deux se dirigèrent vers le péristyle pour chercher une bouffée d'air frais dans la nuit chaude, même si l'aspect menaçant du firmament présageait une pluie imminente.

La vérité, mon cher Publius - s'exclama Flaminius pensif -, est que tu te consumes à vue d'œil. Il faut que tu prennes la situation en main sans perdre de temps. Tu as déjà fait appel à tous les médecins pour ta fille ?

Malheureusement - rétorqua le patricien désolé -j'ai usé de tous les recours à notre portée - ces jours-ci encore, ma pauvre LMa l'a emmenée se distraire dans notre propriété à Tibur1, où elles sont allées voir l'un des meilleurs docteurs de la ville qui a affirmé qu'il s'agissait d'un cas irrémédiable pour la science de nos jours. Il n'a pas achevé son diagnostic, certainement en raison de sa compassion pour la malade et face à notre désespoir ; mais d'après nos observations nous pensons que le médecin de Tibur présumait avoir affaire à un cas de lèpre.

1 Aujourd'hui Tivoli (Note de l'éditeur).

C'est une hypothèse hasardeuse et absurde !

Toutefois, si nous ne pouvons avoir aucun doute concernant nos ancêtres quant à son origine, tu sais que Rome est pleine d'esclaves issus de toutes les régions du monde et qu'ils sont à notre contact quotidiennement.

C'est vrai... - acquiesça Flaminius amèrement.

Une sombre expression se lisait sur le front des deux amis, tandis que les premières gouttes de pluie étanchaient la soif des rosiers fleuris qui décoraient les colonnes gracieuses et claires.

Et le petit Pline ? - demanda Publius désireux de changer de conversation.

Lui, comme tu le sais, est en bonne santé et atteste d'une grande vitalité ; à tous moments, Calpurnia a du mal à satisfaire les caprices de ses douze ans à peine. Parfois, il est obstiné et rebelle, il désobéit au vieux Parménide, ne se livrant aux exercices de gymnastique que lorsque ça lui plait ; cependant, il a une grande prédilection pour les chevaux. Imagine- toi que sur un coup de tête, il a déjoué la vigilance de son frère et a participé à une course de biges réalisée lors des entraînements quotidiens d'un établissement sportif du Champ de Mars, obtenant l'une des meilleures places. Quand je regarde mes deux enfants, je me rappelle toujours ta petite Flavia Lentulia car tu connais bien mes projets quant au rapprochement des liens anciens qui unissent nos deux familles.