Выбрать главу

Il observa encore l’image de Celu, tout en songeant à l’ordre qu’elle lui avait donné de répondre promptement, et accorda à sa réponse le plus haut niveau de priorité hors de tout caractère d’urgence. Tu voulais une réponse rapide ? Tu vas l’avoir.

Un simple vaisseau estafette pourrait-il contenir autant de données ? Il ne serait pas inintéressant de le découvrir, ni de voir pendant quel délai il bloquerait tout le QG en déchargeant la pièce jointe. Geary tapa en souriant sur la touche d’envoi puis se remit au travail.

Par la suite, il se contenta la plupart du temps de parcourir rapidement les messages du QG pour voir s’ils exigeaient une vague réponse, pouvaient être tout bonnement ignorés ou méritaient peut-être qu’on prît des dispositions. Mais, au bout de deux semaines, un très curieux message entra, qui le contraignit à s’interrompre pour le lire : Hautement prioritaire. Prière d’identifier pour cause de transfert tout personnel de la flotte, gradé ou simple matelot, disposant de quelque expertise officielle ou informelle en matière de systèmes de l’hypernet. Une fois identifié, ce personnel devra rester à Varandal jusqu’à sa réaffectation. Transfert ? Arracher ainsi des spatiaux à des vaisseaux s’apprêtant à s’engager dans une mission périlleuse… Une petite minute ! Une foutue petite minute, bon sang de bois !

Geary ignorait combien parmi le personnel de la flotte pouvaient se targuer d’une telle « expertise officielle ou informelle » dans le domaine de l’hypernet, mais il savait au moins que le capitaine de frégate Neeson, commandant du croiseur de combat Implacable, en faisait partie. On le chargeait d’identifier un commandant vétéran en vue d’un transfert deux semaines avant le départ puis de l’abandonner sur place ? Combien d’autres personnels essentiels de la flotte cette dernière exigence du QG allait-elle comprendre ?

Une rapide recherche dans les bases de données fit apparaître une longue liste de noms (une centaine au bas mot d’hommes et de femmes, officiers et spatiaux de première classe) auxquels était affecté un numéro de code subsidiaire indiquant qu’ils avaient quelque talent dans le domaine de l’hypernet. En dehors de Neeson, quatre autres étaient commandants de vaisseau, dont le capitaine Hiyakawa du croiseur de combat Inébranlable. Mais, autant qu’il pût le dire en consultant le barème des compétences, l’expertise en matière d’hypernet restait un domaine mal défini. En le comparant à celui des compétences essentielles d’un sous-off, lequel était en revanche bien défini, Geary secoua la tête d’incrédulité. Je ne peux pas laisser partir ces gens. Pas en si grand nombre. Aucun, même, si je peux mettre mon grain de sel. Pourquoi diable le QG en a-t-il besoin ?

Il appela le capitaine Neeson, avec qui il avait déjà travaillé sur des problèmes posés par l’hypernet. « Capitaine, quel impact pourriez-vous avoir sur un projet de recherche, de développement ou de construction de l’Alliance relatif à l’hypernet ? »

Sur son vaisseau distant de trois secondes-lumière, Neeson parut estomaqué. « Vous parlez de moi personnellement, amiral ? Pas très grand. Aucun, franchement. J’ai bien quelques rudiments sur l’hypernet, théoriques et pratiques, mais c’est très peu de chose comparé aux vrais experts. Je connais une bonne demi-douzaine d’officiers du QG qui m’en remontreraient sur ces questions. Nous n’en avons jamais discuté, mais j’ai pu lire leurs noms sur des travaux de recherche.

— Et s’agissant d’autres personnels de la flotte ? J’ai cru comprendre que le capitaine Hiyakawa avait la compétence nécessaire.

— Je ne connais pas très bien le capitaine Hiyakawa, amiral, répondit Neeson au bout des six secondes de délai consécutives au va-et-vient de la transmission. Mais nous avons un peu parlé. Il est à peu près du même niveau que moi. Le seul officier de la flotte qui aurait pu apporter une réelle contribution à un tel projet, c’était le capitaine Cresida. Non pas à cause de sa formation théorique, mais parce qu’elle était brillante et intuitive. Je ne suis qu’un bûcheur mais, autant que je sache, j’en vaux bien un autre, du moins dans notre flotte.

— Verriez-vous un quelconque projet concernant l’hypernet où votre expérience pourrait apporter un plus significatif ? demanda Geary.

— En dehors de la flotte ? Non, amiral. Je pourrais sans doute servir le café pendant les réunions, mais je ne pourrais guère me montrer plus utile.

— Merci, capitaine. J’apprécie votre objectivité. » La connexion coupée, Geary continua de fixer le point du néant où s’était ouverte la fenêtre de communication. Aucun avantage significatif, donc. Du moins en termes de compétences dans le domaine de l’hypernet. Mais, en revanche, un gros handicap pour moi si je ne disposais plus des aptitudes de ce personnel en d’autres domaines. Et le message du QG ne faisait allusion à aucun remplacement.

Cresida était le seul officier de la flotte qui aurait pu apporter une réelle contribution… Bon sang, Jaylen me manque ! Un excellent officier. Brillante, comme l’a dit Neeson. Mais si, selon lui, alors qu’il reste peut-être le seul de la flotte à connaître l’hypernet, c’était la seule qui possédât l’expertise requise, alors il me semble que je peux de bon droit répondre à ce message en conséquence.

Il tapa sur la touche « Répondre ». « En réponse à votre requête et suite à une évaluation des aptitudes du personnel de la flotte, il s’avère qu’aucun de ses membres, selon moi, ne répond à vos besoins. »

Au pire, on pourrait mettre en cause ses facultés et il en avait l’habitude. Depuis son réveil d’hibernation, on avait douté plus fréquemment de son discernement que lorsqu’il était encore enseigne. Mais éviter à ses vaisseaux la perte d’un personnel dont ils auraient besoin était tout ce qui importait à court terme. Les gens du QG qui avaient pondu cette étrange requête réussiraient peut-être à lui balancer un nouvel oukase avant le départ de la flotte dans deux semaines, mais il pourrait facilement le circonvenir dans le bref laps de temps qui lui serait alors imparti. Quoi qu’il en fût, mieux valait recevoir une admonestation pour n’avoir pas assez consciencieusement répondu à leur requête que transférer tous ces gens juste avant que la flotte ne quittât Varandal.

Au moins la plupart de mes problèmes semblent-ils tenir ces temps-ci au QG plutôt qu’à ma présence dans la flotte.

Nouveau carillon le prévenant d’un appel. Timbal. Ça ne devrait pas être trop méchant.

L’image de l’amiral Timbal apparut, affichant un sourire rassurant. « Bonne nouvelle.

— Je ne crache pas dessus.

— Vos experts arrivent demain.

— Mes experts ? En quoi ?

— En espèces intelligentes non humaines.

— Parce ce qu’on a des experts dans ce domaine ? Nous ne savions même pas qu’il existait de ces espèces jusqu’à ce qu’on découvre les Énigmas, et leur existence n’est confirmée que depuis quelques mois.

— Pas faux, répondit Timbal. Mais la science et l’Académie n’en accouchent pas moins d’experts depuis des siècles. Pas en très grand nombre au cours des derniers, ai-je cru comprendre. Visiblement, la pénurie d’espèces intelligentes non humaines découvertes à l’époque a grandement ralenti la formation d’experts en ce domaine. Mais il en existe quelques-uns. Vous allez apparemment profiter de tous ceux dont dispose l’Alliance. Je me suis laissé dire qu’ils étaient très excités à l’idée de vous accompagner. »

Geary sentit poindre sa vieille migraine. « Combien ?