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L’Indomptable vibra légèrement : des missiles spectres venaient d’en jaillir pour fondre sur leurs cibles. Les autres croiseurs de combat larguaient déjà les leurs, déployant un tir de barrage dont l’irrégularité tenait aux distances différentes qui les séparaient de l’ennemi. « C’est là que nous allons apprendre de quelle forme de défenses ils disposent », lâcha Desjani.

Quelles qu’elles fussent, elles ne parvenaient pas à arrêter les spectres. De nombreux appareils réussirent sans doute à les esquiver par une légère embardée de dernière seconde sur leur trajectoire, de sorte que les spectres explosaient trop loin de leur cible, mais d’autres se vaporisèrent sous les frappes de l’Alliance, déchiquetés par les ogives, l’impact de la collision et l’explosion de leur propre charge. « Visez-moi l’intensité de ces déflagrations ! s’étonna Desjani. Ces trucs doivent être armés d’ogives monstrueuses !

— Au vu des schémas des destructions, les systèmes de combat concluent à l’existence d’une cuirasse assez conséquente protégeant leur proue, rapporta la vigie des combats.

— Ça ne facilitera pas la tâche aux lances de l’enfer quand elles porteront l’estocade, se plaignit Desjani. Loin s’en faut. »

En son for intérieur, Geary s’émerveilla de la capacité de Tanya à plaisanter en un pareil moment, mais il se contenta de donner acte d’un hochement de tête et d’attendre, en se demandant quelle arme cachée leur réservaient les appareils ennemis. Mais aucune ne déclencha son tir quand ils se rapprochèrent encore des croiseurs de combat de l’Alliance, qui formaient désormais une barrière grossière entre la flotte et les assaillants. « Cinq secondes avant qu’ils n’entrent à portée de tir des lances de l’enfer », annonça l’officier des systèmes de combat.

Les croiseurs de combat ouvrirent de nouveau le feu l’un après l’autre, leurs batteries de lances de l’enfer vomissant des rayons de particules à haute énergie invisibles aux yeux humains. Les appareils extraterrestres de tête tremblèrent quand les tirs firent mouche, désarmant leurs boucliers et perçant des trous dans leur coque, mais ils continuèrent d’avancer.

« Coriaces, ces salauds ! reconnut Desjani.

— Ouais. » Geary gardait un œil sur les extraterrestres et l’autre sur les données qui lui parvenaient des croiseurs de combat. Comme l’avait fait remarquer un peu plus tôt Desjani, les systèmes de combat étaient conçus pour des engagements fulgurants, avec des séquences de tir ne permettant qu’une seule salve, deux au maximum. Les batteries de lances de l’enfer ne pouvaient s’activer que sur un très bref laps de temps avant de surchauffer, et il voyait à présent s’afficher des avertissements sur tous les croiseurs l’un après l’autre.

« Batteries de lances de l’enfer 1A et 2B en sévère surchauffe, rapporta également l’officier en charge sur l’Indomptable. Délai maximum estimé avant désactivation provisoire : dix secondes.

— D’accord, laissa tomber Desjani. Et pour les autres ?

— Maximum une minute, commandant. Mais les systèmes de combat prévoient qu’il ne nous restera plus dans trente secondes que vingt pour cent des batteries de lances de l’enfer opérationnelles. Cinq secondes avant réarmement complet des missiles spectres.

— Tirez-les dès qu’ils seront parés. »

Les spectres bondirent de nouveau de l’Indomptable au moment où les tirs de ses lances de l’enfer faiblissaient puis cessaient. Geary consulta les relevés des autres croiseurs de combat. Léviathan et Dragon avaient déjà perdu temporairement plusieurs batteries pour cause de surchauffe, et les tirs de leurs camarades commençaient de défaillir. Un nombre croissant d’appareils ennemis se volatilisaient sous le tir de barrage des croiseurs de combat, mais ils arrivaient toujours en force, leur nombre à peine entamé.

Bien qu’il sût que ça allait se produire, Geary eut un moment de surprise en constatant que l’Indomptable et les autres croiseurs de combat se retournaient de nouveau pour présenter leur poupe à l’ennemi en même temps que s’éteignaient leurs principales unités de propulsion. Les systèmes de combat de la flotte avaient réussi à déterminer approximativement, à l’avance, le moment où les lances de l’enfer cesseraient de tirer pour cause de surchauffe, de sorte que les instructions de manœuvre s’étaient basées sur ce calcul. La vitesse d’approche de l’ennemi diminuait sans doute spectaculairement, mais les croiseurs ne pourraient pas engager le combat avec autant d’efficacité tant qu’ils lui tourneraient le dos.

Desjani observait la bataille, le menton en appui sur une main. « Et voilà la seconde équipe. »

Les instructions de manœuvre transmises un peu plus tôt à la flotte avaient enfin ébranlé la masse des escorteurs. Des dizaines de destroyers, de croiseurs légers et de croiseurs lourds pivotaient à présent pour présenter leur proue aux extraterrestres, et les croiseurs de combat entreprirent de les protéger. L’ennemi se rapprochant encore, destroyers et croiseurs joignirent leurs tirs à ceux de leurs batteries de poupe.

Les appareils adverses chancelaient sous les coups, disparaissant parfois en de fantastiques explosions tandis que d’autres étaient réduits en pièces. Mais d’autres arrivaient derrière chaque bâtiment détruit. Geary vit les relevés des lances de l’enfer de ses escorteurs virer très vite au rouge de la surchauffe, tandis que les croiseurs de combat tiraient leur troisième salve de spectres. Mais l’ennemi était maintenant si proche que les missiles avaient le plus grand mal à se verrouiller sur eux avant de s’évader du site du combat, et la plupart manquaient leur cible. « À toutes les unités. Cessez les tirs de missile, à moins d’une solution de tir acceptable sur un appareil ennemi. » Leurs lances de l’enfer réduites au silence par la surchauffe, croiseurs et destroyers pivotèrent de nouveau, présentant cette fois leur poupe à l’ennemi et accélérèrent à plein régime pour rejoindre les croiseurs de combat et tenter de se maintenir le plus loin possible des assaillants.

Geary se tourna vers Desjani. « Nous ne les décimons pas assez vite.

— Pas encore. Mais c’est au tour des grands garçons d’intervenir », répondit-elle, la voix de nouveau pétulante.

Une fois déployée en sous-formations, la flotte s’était lentement resserrée, comprimée en une couche épaisse, plus proche de l’ennemi, comprenant les croiseurs de combat et les escorteurs, tandis que cuirassés, transports et auxiliaires s’étiraient plus loin. Les cuirassés pivotaient à présent pesamment pour affronter l’ennemi, tout en décélérant assez pour que les lourds vaisseaux de guerre fussent rapidement dépassés par le reste de la flotte. Seuls les transports et les auxiliaires restaient légèrement en tête, vite rattrapés pourtant par la flotte et les appareils ennemis.