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D’autres vaisseaux allaient-ils aussi perdre partiellement ou totalement certaines de leurs capacités en se préparant au combat ? « Dès que vous aurez recouvré votre pleine capacité, faites-le-moi savoir. » L’image du commandant du Spartiate disparaissant, Geary lança un appel général à la flotte. « À toutes les unités. En même temps que vous vous préparez au combat, veillez à alimenter vos systèmes l’un après l’autre plutôt que simultanément, afin d’éviter de soumettre vos branchements à une surtension. »

Le capitaine Smyth appelait déjà : « Amiral, les analyses préliminaires montrent que les connexions du Spartiate ont flanché l’une après l’autre assez rapidement. Après la défaillance de la première, les systèmes automatiques d’alimentation en énergie ont tenté de la détourner entièrement sur celles qui restaient. Cela a suffi à en surcharger une seconde, après quoi le même processus s’est reproduit et ainsi de suite. Un des officiers du génie présent sur le Spartiate a activé la commande manuelle à temps pour interdire aux systèmes automatiques de faire sauter toutes les connexions du vaisseau. »

Bien loin de se détendre, Geary sentit poindre une puissante migraine. « Je croyais qu’il existait des sauvegardes automatiques pour pallier ces problèmes.

— Elles existent, mais les connexions ne sont pas les seuls éléments à se détériorer, amiral. En l’occurrence, les sauvegardes automatiques n’ont pas joué. Comprendre la raison de leur défaillance exigera sans doute un certain temps, mais j’ai déjà envoyé à tous les vaisseaux des messages d’alerte de l’ingénierie les prévenant de se tenir à l’affût de tels problèmes. »

Un autre clignotant d’alarme s’alluma. Smyth avait dû le voir aussi sur son écran, car il jeta un regard sur le côté, l’air interloqué. « Le Titan vient de perdre une unité de propulsion principale. Cause inconnue. »

La bataille était imminente, la flotte n’était pas encore entrée en action et déjà ses vaisseaux présentaient des avaries. Le Titan était aussi lent qu’une limace dans le meilleur des cas. Privé d’une de ses principales unités de propulsion… « Capitaine Smyth, je veux que cette unité de propulsion soit réparée et fonctionne de nouveau dans les vingt minutes qui viennent.

— Je ne connais même pas la cause de la panne, amiral ! Sans même parler des réparations exigées !

— Quelle qu’elle soit, vous avez vingt minutes.

— Très bien, amiral. Mais je vous ai parlé il y a des mois de l’émergence de ce problème. Quand nos vaisseaux satureront leurs systèmes en énergie et effectueront des tests en prévision d’un combat, nous risquerons d’assister subitement à une floraison de défaillances similaires. Soyez-en prévenu. »

Smyth n’avait pas raccroché que ses dernières paroles se révélaient prophétiques. De nouvelles alertes s’allumèrent sur l’écran de Geary. Le Fiable (assez ironiquement) rapportait une brusque dégradation de ses systèmes de combat durant un essai préalable à l’engagement. Le Dragon et le Victorieux annonçaient tous les deux la perte d’une batterie de lances de l’enfer due à une rupture de l’alimentation. Le Sorcière avait perdu une partie de la capacité de ses boucliers. D’autres défaillances de l’alimentation survenaient sur les croiseurs lourds Parapet, Chanfron, Diamant et Ravelin, ainsi que sur les destroyers Herebra, Coutelas, Stave, Rifle et Fléau. Un autre problème de bouclier frappait cette fois le croiseur léger Rocket.

Geary se rejeta en arrière, les yeux rivés à l’armada vachourse qui se rapprochait et n’était plus qu’à une minute-lumière de la flotte de l’Alliance. Une bataille qui promettait déjà d’être compliquée venait de le devenir davantage.

Sept

« Il y a au moins un bon côté, fit remarquer Geary, alors qu’il attendait que se fussent écoulées les dix dernières minutes avant la première manœuvre.

— J’aimerais assez le connaître, répondit Desjani.

— Les Vachours ignorent combien de nos vaisseaux sont détériorés et dans quelle mesure. Ils doivent les regarder tous comme une menace effective.

— Sauf ceux dont les boucliers sont affectés, fit-elle remarquer. Les Bofs devraient pouvoir le détecter.

— Ceux-là exceptés, admit-il.

— Que comptez-vous faire si le Titan ne peut plus suivre ?

— Improviser. »

Desjani prit une communication puis lui adressa un signe de tête. « Mon officier des trans jure sur l’honneur de tous ses ancêtres que votre système de communication devrait fonctionner à la perfection, amiral.

— Amiral ! » Le capitaine Smyth semblait vanné, comme si la dernière heure avait été l’équivalent d’une journée de travail intensif. « Nous nous employons à superviser les réparations à distance, mais elles sont innombrables.

— J’en suis très conscient, commandant, répondit Geary. Où en est le Titan ?

— Le capitaine Lommand affirme que ce qu’il a bidouillé devrait résister même en cas de très forte tension.

— Le capitaine Lommand a d’excellents antécédents, admit Geary. Je suis prêt à le croire sur parole. Qu’en est-il du Sorcière ?

Le capitaine Tyrosian pourra-t-elle bientôt pousser ses boucliers à pleine puissance ? » Les auxiliaires restaient un aussi grand sujet d’inquiétude durant un combat qu’un atout prioritaire entre deux batailles. Leurs protections étaient déjà si légères que tout nouvel affaiblissement de leurs défenses devenait un souci majeur.

« Elle y travaille », répondit Smyth.

Ne restait donc plus qu’à patienter, l’œil fixé sur l’écran, en attendant que le rapport de situation d’un vaisseau se remît occasionnellement à jour pour signaler que les soudaines défaillances qui avaient frappé son matériel étaient réparées. Non, ce n’étaient pas les termes qui convenaient. L’expression « soudaines défaillances matérielles » laissait entendre qu’elles étaient inopinées. Mais, ainsi qu’il l’avait appris assez récemment, ces vaisseaux n’avaient été conçus que pour durer quelques années, car on s’attendait à ce qu’ils fussent détruits bien avant terme lors d’un combat. Geary ainsi que la fin du conflit avec les Mondes syndiqués avaient déjoué cette attente en prolongeant, durant les batailles qu’il avait livrées par la suite, la durée de vie de ces mêmes vaisseaux au-delà de la limite qui leur avait été impartie pour rester fonctionnels. Et maintenant leurs composants internes commençaient à s’user. Smyth et ses auxiliaires travaillaient sans doute à en fabriquer de plus solides pour les remplacer, mais l’opération serait longue et difficultueuse.

D’ici là, Geary devrait aller au combat avec des bâtiments dont les systèmes tendaient de plus en plus à présenter de « soudaines défaillances », au bout de deux, trois ou quatre années d’une existence consacrée à guerroyer.

« À toutes les unités, exécutez la manœuvre Alpha un à T 30. » Il avait le plus grand mal à quitter le Titan des yeux à mesure que le compte à rebours s’écoulait. Qu’arriverait-il s’il activait son unité de propulsion rafistolée ? Sa première mauvaise expérience avec le Titan avait déjà impliqué des problèmes de propulsion, et voilà que ça recommençait.