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Brèfle, je continue, histoire de poursuivre. Je fonce à l’hosto. Découvre la fille en même temps que sa supercherie. L’entraîne…

Une fois dehors, elle me joue « J’aime tes grands yeux » au moulin à poivre.

Puis disparaît.

Ton Cent-ans-d’tonneaux, qu’est-ce il fait ? Il va au rendez-vous, lesté du fameux télégramme. Se trouve en présence du correspondant. L’aborde (Alexandre, comte DE). Et se prend à l’arrière de la capsule le plus bath coup de goumi jamais administré à un perdreau.

Voilà.

C’est provisoirement tout. Relis les pages qui précèdent pour bien te les inscrire dans le cigare pendant que je vais te fignoler celles qui suivent.

La quiète rue Dominique-Beaufils torpeure dans les voiles… (tiens, je te vas ajouter arachnéens, pour le même prix), dans les voiles arachnéens donc, de l’aube.

La façade de la Résidence Carole est éteinte et ses volets clos ressemblent à des paupières baissées. Une phrase pareille, tu l’achèterais chez Hervé Bazin, tu la paierais le quintuple, parole !

Toutefois, une lumière brille dans l’hall. J’approche la porte vitrée. Elle s’ouvre, n’étant point verrouillée, comme l’écrivait Marcel Claudel dans Chapeau Melon et Soulier de Satin.

Une grosse femme, dont je te parie n’importe quoi qu’elle est polonaise, fourbit le carreau à grand dos, car cette femme, non seulement elle est polonaise, mais elle est également « de ménage » tout comme le pain du même blaze.

Elle a un beau visage pareil à un appareil photographique à soufflet replié.

Elle respire fort en astiquant le sol.

Mon arrivée ne la trouble pas. Un regard de vache vêlante et elle serpillière en couronne. Je lui octroie un salut matinal, enjambe son seau, épargne mes semelles à la zone mouillée et file droit comme une bugne jusqu’à la piaule de miss Zoé.

A l’instant (et non pas à l’instar, comme Alice Sapritch dirait) d’y pénétrer, mon ouie est rebuffée par un ronflement.

Alors je pense que, de deux choses l’une : ou bien je me goure de turne ou alors la dirlotte de l’établissement a fait zoner quelqu’un dans la pièce.

Je m’assure du numéro. Pas d’erreur : c’est bien nici.

Délibérément, car j’adore les adverbes, je loquète. Et la bobinette choit.

D’étranges, de fortes, de suspectes odeurs occupent la pièce. Senteurs d’étable, senteurs de chiottes et de caserne. De caverne aussi.

Le ronflement est vigoureux, paroxysmique.

Il te met en confiance comme deux moteurs d’avion tournant sur le même rythme.

Light ! please !

Thank you, sir.

Tu devines ce que je découvre dans le pucier à dessus de cretonne de miss Robinsoncru ?

Merde, il a deviné ! Tu sais que tu deviens un vrai père spicasse, tézigue, dans ton genre ?

Yes, monsieur : Béru !

Il roupille, tout habillé sur le lit. N’a même pas pris le temps de poser ses pompes ni son galure.

L’hippopotame affalé dans la torpeur de son marécage… Le cloaque endormi. La fange compacte.

Alexandre-Benoît Bérurier en écrase.

En broie.

Par quel étrange cheminement l’homme qui remplace l’engrais azoté est-il venu échouer sur cette couche ?

Va falloir qu’il me le dise dans les soixante secondes qui suivent.

Je le secoue.

Tu verrais cette promptitude.

Là que tu juges l’homme. Des réflexes pire que James Bond.

D’ailleurs, le bond, il vient de le faire.

D’une secousse il est à bas du lit, du côté opposé à l’endroit où je me tiens. Feu en pogne. Un poil de retard dans sa lucidité, et ce cachalot me purgeait aux dragées « Flica ». Ses yeux beaux comme deux rubis enchâssés dans du lard, ont heureusement un éclair de compréhension. Le canon de son arquebuse s’abaisse doucement.

— Ah bon, en somme c’est toi ? bafouille Chéri Bibide.

Je me pose en rase-miches dans un fauteuil club un peu épluché des accoudoirs.

— Comment es-tu venu ici, Gros ? Allez, vite, vite ?

Croyez-moi, je ne fais pas exprès, mais c’est vraiment le bouquin des doublons, hein ? Déjà, tout à l’heure, Pinaud qui se pointe à l’hosto… Et puis à présent c’est moi qui bute dans Béru… On pourrait croire, a priori, que mes méninges prennent un bain de soleil. Seulement attends la suite. T’occupe pas du camp du ratthon, mec. Je sais mes détracteurs. Même leurs noms. M’en récite la liste quand je suis aux chiches et que j’ai omis de prendre mon Pursennid Sandoz. Mais je te fais observer que j’ai jamais rien demandé à personne, jamais. Je suis ma route comme je peux, sans m’occuper des autres, sachant tellement que j’en ai rien à attendre, non plus qu’à foutre. Y en a que j’indispose, d’autres, plus nombreux Dieu merci, que je dispose. Tout est donc parfait. Mes détracteurs peuvent se détraquer à leur aise : j’ai plus besoin d’eux. Les ennemis, ça rend service un moment, et puis très vite ils n’ont plus de raison d’être. Les deux grandes forces d’ici-bas, c’est l’absence et l’indifférence. Je les sais. Les ai apprises par cœur, malgré moi. M’en suis fait une combinaison isolante. Les radiations merdeuses ? Tiens, fume !

Excuse pour le dérapage incontrôlé, fiston ! Faut se dire les choses quand elles te viennent.

Bérurier vient de s’asseoir sur le plumard. Il bâille à s’en décrocher la mâchoire, mais c’est seulement son dentier qui choit. Il le ramasse, lui pratique une vidange, et l’enfourne après l’avoir astiqué avec le pan de son veston.

Tandis qu’il procède, je décide quelque chose, mon brave boucanier. Je décide que, jusqu’à présent, et malgré les coups de théâtre fracassants qui se succèdent, le point le plus mystérieux de cette affaire, c’est ce coup de fil reçu par Régina, à la maison. Le plus grand mystère d’entre ces mystères, c’est ce correspondant anonyme qui me recommande de faire attention au pape.

T’es de mon avis ?

Pas forcément ?

Alors c’est que tu es plus truffe que tu n’en as l’air.

— Alexandre-Benoît, je te consacre mes deux oreilles, soupiré-je. Comble-les de ta musique.

Etant facétieux de tempérament, l’Energique m’octroie tout alors une incongruité pareille à l’explosion d’un dépôt de munitions. Ce tribut versé à l’humour, il commence.

Et je te prie de l’écouter attentivement, toi aussi, car si tu perds le fil, compte plus sur moi pour te le renouer, j’en ai ma claque de mâcher pour toi… « Vous qui mâchez toujours et jamais n’avalez », dirait Toto.

Le chéri. L’aimerai toujours, lui. C’est ma faiblesse. Con génial. Un torrent de verbes. O combien de marins…

— Si tu te rappellerais, commence ce bipède nommé Bérurier, en te quittant, j’avais des idées de choucroute dans le bocal ?

— Je t’entends encore, encouragé-je.

— Et moi, tu me connais ? Une idée dans le crâne, faut que je l’obtempère.

— Car tu es un homme d’action, Gros.

— Exaguete. Conséquemment, je sus été rue de Valenciennes pour me mettre les envies à jour. Comme c’est tristounet de bouffer seul, j’ai commandé deux choucroutes.

— Que tu t’es cognées coup sur coup ?

— Dans la foulée. Mais la deuxième, moralement, c’était la tienne.

— Merci.

— De rien, gars, à charge de revanche, la prochaine fois ça sera ta tournanche. Tout en graillant, comme j’étais seul, j’avais le regard baladeur. V’là que mes yeux de velours se posent sur un affichette qu’annonçait le nouvel orchestre féminin du Budapest, sur les boulevards. Au début je m’y intéresse pas, mais toujours mon attention revenait dessus, tant qu’à la fin je finis par remarquer une noirpiaude sur la photo du groupe. Avec des cheveux blonds. Pour lors, le signalement du vieux crabe me revient au cigare. Une Noire blonde, avec un instrument de musique à la main. Tu te rappelles ?