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— Non, proféra-t-il enfin, je suis tout à fait certain qu’il a existé. Mais je ne puis considérer son influence sur la magie anglaise autrement que comme déplorable. Sa magie était d’une sorte particulièrement pernicieuse ; et rien ne saurait me plaire davantage que de le voir tomber dans l’oubli autant qu’il le mérite.

— Et vos serviteurs-fées ? reprit Mr Lascelles. Sont-ils seulement visibles pour vous ? Ou d’autres personnes peuvent-elles les percevoir ?

Sans pouvoir retenir une moue, Mr Norrell affirma ne pas en avoir.

— Comment cela, vous n’en avez pas ? s’exclama une dame dans une robe œillet mignardise, vivement surprise.

— Vous êtes sage, Mr Norrell, déclara Mr Lascelles. L’affaire Tubbs-Starhouse doit représenter un avertissement pour tous les magiciens[22].

— Mr Tubbs n’était pas magicien, objecta Mr Norrell. Et je n’ai jamais non plus ouï dire qu’il prétendît en être un. Mais, eût-il été le plus grand magicien de la chrétienté, il aurait encore eu tort de souhaiter la compagnie des fées. Il n’a jamais existé de compagnie plus pernicieuse ou plus inamicale envers l’Angleterre. Quantité de magiciens trop paresseux ou trop ignorants pour suivre un corpus d’études approprié ont préféré consacrer leurs énergies à acquérir un serviteur-fée – et, une fois qu’ils s’en sont procuré un, ont dépendu de lui pour régler leurs affaires à leur place. L’histoire d’Angleterre regorge de tels hommes et certains, je suis heureux de le dire, en ont été punis comme ils le méritaient. Regardez Bloodworth [23] !

Mr Norrell fit de nombreuses nouvelles connaissances, sans allumer la pure flamme de l’amitié dans le cœur d’aucune d’elles. En général, Londres le trouva décevant ; il ne jetait pas de charmes, ne maudissait personne, ne prédisait rien. Une fois, dans la maison de Mrs Godesdone, on l’entendit déclarer qu’il allait pleuvoir mais, si tant est que c’était là une prophétie, elle se révéla décevante, car il ne plut pas ; en fait, il ne tomba pas de pluie avant le samedi suivant. Il ne parlait presque jamais magie et, quand il s’y risquait on avait l’impression d’écouter une leçon d’histoire et personne ne pouvait le supporter. Il glissait rarement un mot aimable en faveur d’un autre magicien, hormis une fois où il fit l’éloge d’un magicien du siècle précédent, Francis Sutton-Grove[24].

— Moi qui pensais, monsieur, objecta Mr Lascelles, que Sutton-Grove était illisible. J’ai toujours entendu dire que De generibus artium était un pensum absolument illisible.

— Oh ! répliqua Mr Norrell, dans quelle mesure il peut divertir ces dames et ces messieurs, je l’ignore. Quant à un étudiant de magie sérieux, il ne fera jamais trop grand cas de Sutton-Grove. Chez cet auteur, il trouvera la première tentative de définition des domaines de la magie que le magicien moderne devrait étudier, tous exposés par listes et tables. Certes, le système de classification de Sutton-Grove est souvent erroné – peut-être est-ce là ce que vous entendez par « illisible » ? –, néanmoins je ne connais vision plus plaisante au monde que sa douzaine de listes ; l’étudiant peut les parcourir des yeux et songer « je connais ceci » ou « j’ai encore cela à voir », et il a devant lui assez de travail pour quatre, peut-être cinq ans.

L’histoire des statues de la cathédrale d’York devint si rancie à force d’être répétée que le monde commença à se demander si Mr Norrell avait jamais accompli autre chose ; Mr Drawlight fut forcé d’inventer de nouveaux échantillons de sa magie.

— De quoi est donc capable ce magicien, monsieur Drawlight ? s’impatienta Mrs Godesdone un soir où Mr Norrell n’était pas présent.

— Ah, madame ! s’écria Mr Drawlight. De quoi n’est-il pas capable plutôt… Tenez ! Il y a à peine un hiver ou deux, à York – qui est, comme vous devez le savoir, madame, la ville natale de Mr Norrell –, une grande tempête, venue du nord, a jeté le linge propre de ses habitants dans la boue et la neige, aussi les échevins, pensant épargner aux dames de la ville la peine de tout relaver, ont-ils fait appel à Mr Norrell… Celui-ci a dépêché sur les lieux une bande de fées pour reblanchir le linge… Puis tous les trous des chemises, des bonnets de nuit et des jupons ont été reprisés, et tous les bords effrangés ont été raccommodés, et tout le monde a déclaré n’avoir jamais vu une blancheur si immaculée de vie d’homme !

Cette histoire, en particulier, devint très populaire et fit monter Mr Norrell dans l’estime générale pendant plusieurs semaines cet été-là. Quand Mr Norrell dissertait, comme il lui arrivait parfois, sur la magie moderne, les trois quarts de ses auditeurs supposaient donc qu’il devait évoquer ce genre de tours.

Toutefois, si les ladies et les gentlemen que Mr Norrell fréquentait dans les salons et les restaurants londoniens étaient en règle générale déçus par lui, lui se lassait également d’eux. Il se plaignait sans cesse auprès de Mr Drawlight des questions futiles qu’ils lui posaient et répétait que la cause de la magie moderne n’avait pas avancé d’un pas, malgré les heures qu’il avait passées en leur compagnie.

Par un morne mercredi matin de la fin du mois de septembre, Mr Norrell et Mr Drawlight se tenaient assis tous les deux dans la bibliothèque de Hanover-square. Mr Drawlight était au milieu d’une longue histoire portant sur ce que Mr F. avait dit en vue d’insulter Lord S., et sur ce que Lady L. avait pensé de tout cela, quand Mr Norrell l’interrompit soudain :

— Je vous saurais gré, monsieur Drawlight, si vous pouviez me conseiller sur l’important point suivant : a-t-on informé le duc de Portland de mon installation à Londres[25] ?

— Oh, monsieur ! se récria Mr Drawlight. Il n’y a que vous, si modeste de nature, pour pouvoir supposer le contraire. Je puis vous assurer que tous les ministres ont dès à présent entendu parler de l’extraordinaire Mr Norrell.

— Si c’est le cas, rétorqua Mr Norrell, alors pourquoi monsieur le duc ne m’a-t-il envoyé aucun message ? Non, je commence à croire qu’on doit être ignorant de mon existence. Aussi, monsieur Drawlight, je vous saurais gré si vous m’informiez de toutes les relations que vous auriez au gouvernement et que je pourrais solliciter.

— Au gouvernement, monsieur ? s’alarma Mr Drawlight.

— Je suis venu ici afin de me rendre utile, expliqua Mr Norrell d’un ton plaintif. J’avais espéré jouer déjà un rôle éminent dans la lutte contre les Français.

— Si vous avez le sentiment que l’on vous néglige, monsieur, vous m’en voyez profondément navré ! Mais cela ne se justifie pas, je puis vous l’assurer. Par toute la ville, des ladies et des gentlemen seraient trop heureux d’assister à de petits tours ou à des illusions qu’il vous plairait de nous montrer un soir après dîner. Vous ne devez pas craindre de nous bouleverser… Nous avons les nerfs solides.

Mr Norrell ne répondit rien.

— Voyons, monsieur, reprit Mr Drawlight, avec un sourire doucereux de ses dents blanches et un regard conciliant dans ses yeux bruns liquides, nous n’allons pas nous quereller. Je regrette seulement de ne pouvoir vous obliger, mais, comme vous le constatez, cela n’est pas en mon pouvoir. Le gouvernement a sa sphère, j’ai la mienne.

En réalité, Mr Drawlight connaissait plusieurs gentlemen à divers postes gouvernementaux qui eussent été contents de rencontrer son ami et d’écouter ce qu’il aurait pu dire, en échange de la promesse de Mr Drawlight de ne jamais ébruiter une ou deux drôles de choses qu’il savait à leur sujet. La vérité, cependant, c’était que Mr Drawlight ne voyait aucun avantage personnel à présenter Mr Norrell à ces gentlemen ; il préférait cantonner Mr Norrell dans les salons et les restaurants londoniens, où il espérait, en temps utile, le persuader d’accomplir ces petits tours et autres petits machins que son cercle brûlait de contempler.

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22

La célèbre affaire Tubbs-Starhouse portée devant la cour d’assises trimestrielles de Nottingham voilà quelques années. Un homme du Nottinghamshire du nom de Tubbs avait pour désir de voir une fée et, à force de penser aux fées nuit et jour, et de lire toutes sortes de livres spécialisés sur la question, il se mit en tête que son cocher était un homme-fée.

Le cocher, nommé Jack Starhouse, était grand et brun, et décochait rarement un mot, ce qui déconcertait ses compagnons de service et leur donnait à croire qu’il était fier. Il était entré tout récemment dans la maison de Mr Tubbs et prétendait avoir été précédemment cocher chez un vieil homme, un certain Browne, dans un domaine appelé Coldmicklehill dans le Nord. Il possédait un grand talent : il savait se faire aimer de toutes les créatures. Les chevaux étaient toujours très dociles quand il tenait les rênes, jamais rétifs ou agités, et il avait une manière avec les chats inconnue jusque-là des habitants du Nottinghamshire. Il leur parlait en chuchotant ; tous les chats à qui il parlait s’immobilisaient avec une expression de légère surprise, comme s’ils n’avaient jamais entendu paroles plus sensées de leur vie et n’espéraient plus jamais en entendre. Il savait aussi les faire danser. Les chats de la maison Tubbs étaient aussi graves et soucieux de leur dignité que n’importe quel autre groupe de chats, mais Jack Starhouse était capable de leur faire exécuter de folles danses, où ils bondissaient en tous sens sur leurs pattes de derrière et se jetaient d’un côté et de l’autre. Il parvenait à cela au moyen d’étranges soupirs, sifflements et chuintements.

Un des autres domestiques observa que, si seulement les chats avaient été bons à quelque chose – ce qui n’était pas le cas –, tout cela aurait pu avoir un intérêt. Néanmoins, ce merveilleux don de Starhouse avec les animaux ne servait à rien, pas plus qu’il ne divertissait ses compagnons de service ; cela les mettait simplement mal à l’aise.

Que ce fût cette particularité ou sa physionomie aux yeux un peu trop écartés qui ait rendu Mr Tubbs si certain de sa nature féerique, je l’ignore, mais Mr Tubbs se mit à enquêter secrètement sur son cocher.

Un jour, Mr Tubbs convoqua Starhouse dans son bureau. Il lui indiqua qu’il avait appris que Mr Browne était très malade, qu’il l’avait été tout le temps que Starhouse avait prétendu travailler pour son compte – et n’était pas sorti de chez lui depuis des années et des années. Aussi Mr Tubbs était-il curieux de savoir en quoi il avait eu besoin d’un cocher.

Jack Starhouse garda un moment le silence. Puis il avoua qu’il n’avait jamais été au service de Mr Browne. Il dit avoir travaillé pour une autre famille du voisinage. Il avait travaillé dur, c’était une bonne place, il avait été content ; cependant les autres domestiques ne l’aimaient pas, il ne savait pourquoi, cela lui était déjà arrivé. Une des domestiques avait raconté des mensonges sur lui et il avait été congédié. Il avait vu Mr Browne une fois, il y avait des années. Il déclara regretter d’avoir menti à Mr Tubbs, mais n’avait pas su quoi faire d’autre.

Mr Tubbs expliqua qu’il était inutile d’inventer d’autres sornettes. Il savait que Starhouse était un homme-fée et l’assura qu’il n’avait rien à craindre. Il ne le trahirait pas, il souhaitait seulement évoquer avec lui son monde et son peuple.

Au début, Starhouse ne comprit pas ce que Mrs Tubbs voulait dire et, quand il finit par comprendre, il eut beau protester qu’il était un être humain et un Anglais, en vain ; Mr Tubbs ne le crut pas.

Après cet entretien, quoi que fit Starhouse, où qu’il allât, il trouvait Mr Tubbs qui l’attendait avec cent questions sur les fées et le royaume des fées. Bien que Mr Tubbs se montrât toujours gentil et courtois, ce traitement rendit Starhouse si malheureux qu’il fut contraint de quitter sa place. Alors qu’il n’avait toujours pas retrouvé de travail, il fit la connaissance, dans une taverne de Southwell, d’un homme qui lui conseilla d’intenter un procès à son ancien maître pour diffamation. Dans un fameux arrêt, Jack Starhouse devint le premier homme à être déclaré humain sous la loi anglaise.

Ce curieux épisode se termina mal à la fois pour Tubbs et Starhouse. Tubbs fut puni pour son inoffensive prétention à voir une fée en étant ridiculisé partout où il allait. Des caricatures peu flatteuses de lui furent publiées dans les journaux de Londres, Nottingham, Derby et Sheffield, et des voisins avec qui il était en très bons termes depuis des années ne voulurent plus le connaître. Tandis que Starhouse découvrit rapidement que personne ne souhaitait employer un cocher qui avait poursuivi son maître devant les tribunaux ; il se vit obligé d’accepter des travaux d’une nature des plus dégradantes et ne tarda pas à tomber dans une grande misère.

L’affaire Tubbs-Starhouse est intéressante en particulier parce qu’elle illustre la croyance largement répandue que les fées n’ont pas quitté complètement l’Angleterre. Beaucoup d’Anglais et d’Anglaises croient que nous sommes quotidiennement entourés de fées. Certaines sont invisibles, d’autres se font passer pour des chrétiens et peuvent appartenir à notre entourage. Les savants disputent de cette matière depuis des siècles sans parvenir à la moindre conclusion.

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23

Le serviteur-fée de Mr Bloodworth est venu à l’improviste lui offrir ses services, disant qu’il désirait qu’on l’appelât « Buckler ». Comme tout écolier anglais de nos jours vous l’expliquerait, Bloodworth eût mieux fait de se montrer plus curieux et de se renseigner davantage sur le personnage de Buckler et sur les raisons exactes pour lesquelles il avait quitté le monde des fées sans autre but que de devenir le serviteur d’un magicien anglais de troisième ordre.

Buckler était très habile en toutes sortes d’enchantements, et les affaires de Bloodworth dans la petite ville lainière de Bradford on Avon prospérèrent. Buckler ne causa des difficultés qu’une seule fois quand, lors d’un soudain accès de rage, il détruisit un livre appartenant au chapelain de Lord Level.

Plus Buckler restait chez Woodworth, plus sa force grandissait, et la première chose qu’il fit en acquérant de la force fut de changer d’apparence : ses haillons poussiéreux se métamorphosèrent en un bel habit ; une paire de ciseaux rouillés qu’il avait dérobée à un serrurier de la ville devint une épée ; sa physionomie chafouine, maigre et pie, se transforma en un beau visage humain, et il grandit d’un seul coup de deux ou trois pieds. C’était là, s’empressa-t-il de faire comprendre à Mrs Bloodworth et à ses filles, sa véritable apparence, l’autre étant un simple enchantement dont il avait été la victime.

Par une belle matinée de 1310, alors que Bloodworth était sorti de chez lui, Mrs Bloodworth découvrit une grande armoire dans un coin de la cuisine où auparavant il n’y avait jamais eu d’armoire. Quand elle interrogea Buckler sur sa présence, il répondit aussitôt qu’il s’agissait d’une armoire magique et que c’était lui qui l’avait apportée. Il déclara qu’il avait toujours jugé dommage qu’on n’eût pas plus communément recours à la magie en Angleterre ; il dit que cela le chagrinait de voir Mrs Bloodworth et ses filles laver, balayer, faire la cuisine et le ménage de l’aube au crépuscule alors qu’elles devaient, à son humble avis, siéger sur des coussins, vêtues de robes constellées de bijoux, à déguster des confitures. Voilà qui ne manquait pas de bon sens, songea Mrs Bloodworth. Buckler lui dit combien de fois il avait blâmé son mari de son impuissance à rendre la vie plus facile et plus agréable à Mrs Bloodworth, sans que Bloodworth lui prêtât attention. Mrs Bloodworth répondit qu’elle n’était en rien étonnée.

Buckler lui assura que, si elle pénétrait dans l’armoire, elle se retrouverait en un lieu magique où elle apprendrait des sorts qui lui permettraient d’accomplir ses travaux en un instant, la rendraient belle aux yeux de tous ceux qui la regarderaient, feraient apparaître de gros tas d’or chaque fois qu’elle le souhaiterait, agiraient en sorte que son mari lui obéît en toutes choses, etc.

Combien de sorts y avait-il ? s’enquit Mrs Bloodworth. Environ trois, pensait Buckler. Étaient-ils d’un apprentissage difficile ? Oh, non ! Très facile. Cela prendrait-il du temps ? Non, guère, elle serait de retour à l’heure pour la messe. Dix-sept personnes entrèrent dans l’armoire de Buckler ce matin-là et ne reparurent jamais en Angleterre : parmi elles, il y avait Mrs Bloodworth, ses deux cadettes, ses deux servantes et deux valets, l’oncle de Mrs Bloodworth et six voisins. Seule Margaret Bloodworth, l’aînée des Bloodworth, avait refusé de les suivre.

Le roi Corbeau envoya deux magiciens de Newcasde mener l’enquête sur cette affaire, et nous tirons cette histoire de leurs mémoires. Le témoin principal était Margaret qui relata comment, à son retour, « [son] pauvre père s’était aventuré à dessein dans l’armoire afin de voir s’il pouvait les sauver, alors qu’ [elle] le suppliait de n’en rien faire, et n’en était plus jamais ressorti ».

Deux siècles plus tard, le Dr Martin Pale voyageait dans le monde des fées. Au château de John Hollyshoes (un ancien et puissant prince des fées), il découvrit une enfant d’homme, d’environ six ou huit ans, très pâle et l’air affamée. Elle lui dit s’appeler Anne Bloodworth et se trouvait dans le monde des fées, croyait-elle, depuis quinze jours. On lui avait donné de l’ouvrage, un énorme tas de marmites sales à laver. Elle disait qu’elle y travaillait assidûment depuis son arrivée et qu’après avoir terminé elle rentrerait à la maison retrouver ses parents et ses sœurs. Elle pensait en avoir fini dans un ou deux jours.

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24

Francis Sutton-Grove (1682-1765), magicien théoricien. Il écrivit deux ouvrages : De generibus artium magicarum anglorum, 1751, et Prescriptions et Descriptions, 1749. Même Mr Norrell, le plus grand (et, de fait, l’unique) admirateur de Sutton-Grove, trouvait Prescriptions et Descriptions, où l’auteur tentait d’exposer les lois de la magie pratique, abominablement mauvais, et l’élève de Mr Norrell, Jonathan Strange, l’abhorrait tant qu’il déchira son exemplaire en pièces et le donna à manger à l’âne d’un rétameur (cf. La Vie de Jonathan Strange, de John Segundus, John Murray éd., 1820).

De generibus artium magicarum anglorum était réputé être l’ouvrage le plus ennuyeux du canon de la magie anglaise (qui contient pourtant maints ouvrages fastidieux). C’était la première tentative d’un Anglais pour définir les domaines de magie que le magicien moderne devait étudier ; selon Sutton-Grove, ceux-ci s’élevaient à trente-huit mille neuf cent quarante-cinq, et il les a tous cités sous différents chapitres. Sutton-Grove annonce le grand Mr Norrell d’une autre manière encore : aucune de ses listes ne signale la magie traditionnellement attribuée aux oiseaux ou aux bêtes sauvages, et Sutton-Grove exclut expressément ces sortes d’enchantements pour lesquels la coutume préfère recourir aux fées, par exemple, à seule fin de ramener les morts à la vie.

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25

Le duc de Portland, Premier ministre et président du Conseil des ministres (1807-1809).