Le tambourinement avait cessé ; assis, impassibles, les Tambourinaires semblaient prêts à attendre – des années, s’il le fallait – que vienne une femme capable de remplacer Miranda. La lumière qu’émettait leur peau avait décru et, au plafond, le médiatron était devenu pâle et indistinct. Carl Hollywood, voyant enfin un rôle à sa mesure, s’avança au centre de l’arène, glissa un bras sous les genoux de Miranda et un autre sous ses épaules, et la souleva dans les airs. Nell se retourna pour les guider hors de la caverne, brandissant devant elle son épée ; mais aucun Tambourinaire ne fit mine de les arrêter.
Ils remontèrent en parcourant quantité de tunnels, choisissant toujours la fourche ascendante, jusqu’à ce qu’ils aperçoivent au-dessus d’eux la lumière du soleil traversant les vagues et jetant des rais de lumière blanche sur le toit translucide. Alors, Nell trancha le tunnel derrière eux en faisant décrire à son épée le mouvement d’une aiguille de pendule. L’eau tiède les inonda. Nell remonta en nageant vers la lumière. Miranda n’avait pas autant de force et Carl était déchiré entre un désir panique de gagner la surface et sa responsabilité envers Miranda. Puis il avisa des ombres qui descendaient vers eux : des dizaines de jeunes Chinoises qui nageaient à leur rencontre, des guirlandes de bulles argentées ruisselant de leur bouche, leurs yeux en amande brillant de malice et d’excitation. Carl et Miranda furent saisis en douceur par toutes ces mains et portés vers la lumière.
Bientôt, New Chusan se dressait au-dessus d’eux, à quelques brasses à peine et, au flanc de la montagne, ils entendirent résonner les cloches de la cathédrale.