Il la connaissait, il connaissait cette étrangère, savait comment continuer à la faire parler et comment la faire rire.
— Aimeriez-vous prendre une tasse de café ? demanda-t-il enfin. Il y a un bar juste à côté. Et c’est l’heure de ma pause.
— L’heure de votre pause !
Il était cinq heures moins le quart. Elle jeta un regard en direction de l’Étranger.
— Bien sûr ! j’aimerais prendre un café, ajoutât-elle, mais…
— Je serai de retour dans dix minutes, E’nememen Asfah, dit Orr à son patron en allant chercher son imperméable.
— Prenez la soirée, déclara l’Étranger. Il y a du temps. Il y a des retours. Partir, c’est revenir.
— Merci beaucoup, dit Orr, et il serra la grosse main verte de son patron, qui semblait froide à une main humaine.
Il sortit avec Heather dans l’après-midi tiède et pluvieux de l’été. Derrière la vitrine de la boutique, l’Étranger les regarda s’éloigner, pareil à une créature marine qui observait depuis un aquarium ; il les vit passer, puis disparaître dans la brume.