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— Mon mari et moi, nous avons vu les premiers signes de retour de la vie martienne, me dit-elle.

— Je sais, répliquai-je, désireuse de briller. On nous l’a appris à l’école.

— Ça me fait plaisir. Tu as lu mon livre ?

— Bien sûr !

Elle détourna la tête en la secouant lentement.

— Ces fleurs sont superbes, murmura-t-elle, mais en partie inutiles. Il leur manque les services des abeilles planantes. Mais… c’est joli quand même, tu ne trouves pas ?

Je répondis que je les trouvais très jolies.

— Bien sûr, les arbeiters en pollinisent quelques-unes chaque année, et j’ai le droit de récolter les fruits pour les vendre ou les manger à ma guise, mais ce n’est pas la même chose. Et un fruit me dure tout un an.

Elle me fit avancer jusqu’au bord du quai et prit ma main gantée pour la placer sur un tronc d’un beau vert foncé.

— Elles sont là pour durer, me dit-elle. Elles sont âgées d’un demi-milliard d’années, tu sais. Et ce ne sont que des bébés.

Quelques années après la mort de Casseia Majumdar, j’allai me recueillir devant le monument érigé à ciel ouvert sur la plaine rocheuse entourant l’Université de Mars-Sinaï.

La plaque se trouve au pied des statues de Ti Sandra Erzul, Casseia Majumdar (qui fait un pas en avant, l’expression intense, comme alarmée ou intriguée, la main ouverte) et Charles Franklin. Le reste des Olympiens est derrière. Après la liste de tous les noms, il y a cette inscription :

À tous ceux qui ont contribué à nous faire venir ici pour que nous grandissions libres comme les fleurs du ciel sous le Nouveau Soleil.

Au moment où je lisais la plaque, le sol fut agité d’un léger tremblement. Les statues ne bougèrent pas, mais je vacillai légèrement.

Après cela, le ciel fut encore plus bleu.