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Si seulement il ne s’était pas mêlé des affaires de Waring. C’était ce qui les avait vraiment montés contre lui.

Mais ce genre de réflexion ne le menaient à rien. Pour résoudre ses problèmes, en partie tout au moins, il lui fallait prouver qu’il avait le sens des responsabilités, qu’il pouvait être patient et doux, et qu’il possédait diverses autres qualités qu’appréciaient ses camarades. Pour ce faire, il devait tout d’abord prouver qu’on pouvait compter sur lui, en prenant soin de l’enfant.

Il se demanda brusquement si le Moniteur ne pourrait pas l’aider. Pas personnellement, car on pouvait difficilement s’attendre à ce qu’un psychologue du corps des Moniteurs fût un spécialiste des malades infantiles hudlariennes, mais par l’entremise de son organisation. En tant que police galactique, bonne à tout faire de l’espace, et autorité suprême, les Moniteurs étaient à même de contacter rapidement un être qui connaîtrait les réponses à ses questions. Mais cette créature ne pourrait sans doute être trouvée que sur Hudlar, or les autorités de cette planète étaient déjà au courant du décès des parents de l’enfant, et de l’aide était probablement en route depuis des semaines. Elle arriverait certainement avant celle que le Moniteur pourrait lui apporter.

C’était toujours O’Mara qui devait résoudre le problème.

« À peu près aussi sérieux que la rougeole. »

Mais la rougeole, chez un enfant humain, pouvait être une maladie très grave, si le patient restait dans une pièce froide, ou dans tout autre environnement qui, sans être mortel par lui-même, pouvait devenir fatal pour un organisme dont la résistance était affaiblie par la maladie ou un manque de nourriture. Le manuel prescrivait du repos, un nettoyage des zones atteintes, et rien de plus. À moins que ? … Une chose d’une importance capitale pouvait être sous-entendue. L’on supposait que le patient en question résidait sur sa planète natale durant sa maladie. Dans des conditions ordinaires, cette affection était probablement bénigne et de courte durée.

Mais, pour un nourrisson hudlarien malade, la chambre de O’Mara ne correspondait aucunement à ce que l’on pouvait appeler un environnement normal.

Cette pensée apporta la réponse. Mais il était peut-être déjà trop tard pour la mettre en pratique. Brusquement, O’Mara se leva de sa couchette et se précipita vers le placard qui contenait les combinaisons spatiales. Il pénétrait dans le modèle lourd destiné aux travaux pénibles lorsque le bourdonnement de l’interphone retint son attention.

— O’Mara ! glapit la voix de Caxton lorsqu’il eut répondu. Le Moniteur veut vous parler. Il ne devait le faire que demain, mais …

— Merci, Mr. Caxton, l’interrompit une voix posée et catégorique. Je me nomme Craythorne, Mr. O’Mara. J’avais en effet projeté de vous rencontrer demain, ainsi que vous le savez, mais j’ai réussi à me débarrasser de certaines tâches, ce qui nous laisse le temps d’avoir un petit entretien préliminaire …

« Tu choisis bien ton moment ! » pensa O’Mara, irrité. Il termina d’enfiler sa combinaison, mais sans mettre ni son casque, ni ses gants, puis il arracha le panneau qui couvrait les commandes de réglage d’alimentation en air.

—  … Pour être franc, poursuivit la voix calme du Moniteur, votre affaire n’est que d’une importance secondaire par rapport à ma mission. En fait, je suis principalement chargé de veiller à l’installation des différentes formes de vie qui arriveront incessamment pour servir de personnel à cet hôpital, et de faire tout mon possible pour éviter des accrochages entre elles. Mais pour l’instant je suis libre, et je dois avouer que votre cas m’intéresse, O’Mara. J’aimerais vous poser quelques questions.

« Pour un Moniteur, je peux dire qu’il prend des gants, » pensa une partie de l’esprit de O’Mara, tandis que l’autre moitié notait que les commandes étaient réglées pour convenir aux conditions atmosphériques qu’il désirait. Il laissa le panneau ouvert et commença à retirer une plaque du sol pour pouvoir atteindre les grilles gravitationnelles qui se trouvaient au-dessous.

— Veuillez m’excuser si je travaille pendant que nous discutons, dit-il d’une voix absente. Mais Caxton pourra certainement vous expliquer …

— J’ai déjà parlé du gosse, l’interrompit Caxton, et si vous croyez pouvoir nous faire croire que vous êtes du genre « mère harassée », vous …

— Je comprends, dit le Moniteur. J’aimerais également préciser que vous obliger à vivre avec un bébé FROB, alors qu’une telle chose n’est pas indispensable, peut être considéré comme une punition sadique, et que dix ans devraient être réduits de votre peine pour ce que vous avez enduré durant ces cinq dernières semaines — si vous êtes jugé coupable, naturellement. Par ailleurs, j’estime toujours préférable de voir la personne à laquelle je parle. Pouvons-nous être reliés en vidéo, je vous prie ?

La brutalité avec laquelle les grilles firent passer la gravité de un à deux G prit O’Mara par surprise. Ses bras se replièrent sous lui, et sa poitrine s’écrasa sur le sol. Un hurlement effrayé de son patient, dans la chambre voisine, dut couvrir le bruit, parce que ses interlocuteurs ne le mentionnèrent pas. Il fit la plus magistrale des tractions de l’histoire, et se hissa sur ses genoux.

Il dut lutter pour ne pas suffoquer.

— Je regrette, mais son émetteur vidéo est hors d’usage.

Le Moniteur resta silencieux juste assez longtemps pour que O’Mara comprit qu’il n’était pas dupe, mais qu’il n’accordait pour l’instant guère d’importance à ce petit mensonge.

— Eh bien, au moins, vous pouvez me voir, dit-il.

L’écran de O’Mara s’éclaira.

Un homme jeune aux cheveux coupés ras, et dont les yeux semblaient de vingt ans plus vieux que le reste du visage, y apparut. Les insignes de commandant étaient visibles sur sa tunique vert foncé, ainsi qu’un caducée. O’Mara pensa qu’en d’autres circonstances il aurait certainement trouvé cet homme sympathique.

— J’ai quelque chose à faire dans la pièce voisine, mentit à nouveau O’Mara. Je reviens de suite.

Il régla la ceinture gravitationnelle de sa combinaison sur une répulsion de deux G, qui contrebalancerait exactement l’attraction actuelle et lui permettrait de faire passer la gravité à quatre G sans en être trop incommodé. Il réglerait alors sa ceinture sur trois G, ce qui donnerait une gravité normale apparente de un G.

C’est tout au moins ce qui aurait dû se produire.

Le champ de la ceinture, ou celui des grilles du sol, se mit à varier d’un demi-G, et la pièce devint folle. C’était comme de se trouver dans un ascenseur express constamment arrêté et remis en marche. La fréquence des variations augmenta rapidement, jusqu’à ce que O’Mara fut secoué de haut en bas avec tant de violence que ses dents s’entrechoquaient. Avant qu’il ait pu réagir, une autre complication survint. Les variations en puissance des grilles du sol n’agissaient plus à angle droit de sa surface, mais faisaient des embardées erratiques de dix à trente degrés de la verticale. Aucun vaisseau balloté par la tempête n’avait jamais roulé ou tangué aussi violemment. O’Mara chancela, essaya frénétiquement de se retenir à la couchette, et échoua. Il fut projeté avec force contre le mur. La poussée suivante l’envoya heurter le mur opposé, avant qu’il ait déconnecter sa ceinture-G.

Tout s’immobilisa sous une gravité écrasante de deux G.