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Les fruits de ces travaux avaient été six croiseurs lourds, dont celui à bord duquel elle se trouvait présentement, cinq croiseurs légers et douze malheureux avisos. Cette flottille se serait sans doute noyée dans la flotte que Black Jack avait récemment amenée à Midway, mais, à l’aune de ce dont disposaient maintenant le gouvernement syndic et les autorités locales de cette région de l’espace, elle suffirait à protéger le système stellaire.

Si du moins Iceni pouvait remporter une bataille contre Kolani sans perdre un trop grand nombre de ses vaisseaux de guerre.

Sur l’écran qui venait de s’allumer devant elle, elle pouvait distinguer les orbites de toutes ses forces mobiles. Jusque-là, aucune n’avait tenté de quitter celle qu’on lui avait assignée. Les unités les plus proches du vaisseau amiral de Kolani se trouvaient à dix minutes-lumière de la planète, de sorte qu’elles n’auraient eu un écho des troubles que dix minutes après l’entrée en action de Drakon. L’absence de toute réaction de leur part avant l’écoulement de ce délai signifiait qu’elles n’avaient pas été tuyautées sur l’imminence d’un soulèvement. Kolani avait tenu à concentrer toute sa flottille là-bas, mais Iceni avait usé de son autorité, en avançant des raisons plausibles, pour la scinder en trois petites formations.

La première, qui orbitait à proximité de la planète parce qu’Iceni avait insisté pour disposer d’une force dissuasive bien visible afin d’interdire toute rébellion, abritait trois des croiseurs lourds mais un seul croiseur léger et quatre avisos. Le deuxième groupe, composé de deux croiseurs lourds dont le C-990 de Kolani, de trois croiseurs légers et de quatre avisos, gravitait dix minutes-lumière plus loin de l’étoile. La troisième et dernière, soit un unique croiseur lourd, un croiseur léger et les quatre avisos restants, stationnait près de la principale installation des forces mobiles, une station spatiale orbitant autour d’une géante gazeuse, à une heure-lumière de l’étoile. Au point d’approche maximale de leurs deux orbites, la géante gazeuse se trouverait grosso modo à cinquante minutes-lumière de la planète habitable. Mais, son orbite la ramenant pour l’instant loin derrière, pratiquement à la plus grande distance les séparant, la géante gazeuse se trouvait à près d’une heure-lumière et demie des forces mobiles d’Iceni. Quand ce dernier petit groupe serait en mesure de les atteindre, Iceni et Kolani auraient depuis longtemps tranché le nœud gordien du commandement de la flottille.

« Les informations qui nous parviennent des autres forces mobiles les donnent au stade d’alerte 3, répondit Akiri. Prêtes à cingler normalement, pas au combat, rectifia-t-il avant de s’interrompre une seconde. Bien sûr, elles pourraient être falsifiées à notre intention, exactement comme nous le faisons pour elles. »

Iceni lui adressa un sourire empreint d’une certaine dureté. « Ça mérite d’être pris en considération. Avez-vous rapporté aux autres unités ma présence à bord de ce vaisseau ?

— Oui, madame la CECH. »

Toutes celles qui avaient accepté son autorité devraient donc la contacter dès qu’on aurait liquidé les serpents présents à leur bord. Son regard se reporta sur l’écran. Si les commandants qui lui avaient déjà prêté allégeance s’en tenaient à leurs engagements, alors la moitié des croiseurs lourds, deux des croiseurs légers et cinq des avisos rouleraient pour elle. Hélas, un des croiseurs légers et un des avisos en question orbitaient à une heure-lumière et demie.

Akiri fixait son propre écran, la mine morose. « Le C-818 suivra la CECH Kolani. Elle se sert toujours du C-990 comme de son vaisseau amiral, et je crois que le commandant de cette unité lui reste loyal.

— C’était prévisible, répliqua Iceni. Kolani a gardé par-devers elle les deux croiseurs dont elle était le plus sûre.

— Le C-555 et le C-413… commença Akiri, citant les deux autres croiseurs lourds de ce groupe.

— … me sont loyaux. » Iceni leva légèrement l’index pour désigner l’écran. « Mais, pour le C-625, près de la géante gazeuse, c’est une autre question.

— Je… suis bien incapable d’émettre une hypothèse, déclara Akiri.

— Moi aussi. Je m’attends à ce que sa commandante fasse tout son possible pour éviter de s’engager d’un côté ou de l’autre tant qu’elle ne saura pas qui, de Kolani ou de moi, va l’emporter. Le croiseur léger qui accompagne le C-625 me soutiendrait s’il était seul, mais son statut restera problématique tant qu’il s’entourera de forces mobiles loyales à Kolani. Deux des avisos du groupe proche de la géante gazeuse viennent d’arriver dans le système, et je n’ai aucune idée de l’attitude qu’ils adopteront. »

Marphissa hocha la tête. « Je n’ai parlé avec personne à bord de ces avisos. Ils ont rendu compte à la CECH Kolani, mais nous n’avons jamais travaillé avec eux.

— Mais, madame la CECH, pourquoi avoir éloigné à ce point ces forces mobiles dont vous ne pouviez prévoir le comportement, alors que, plus proches, vous auriez pu les influencer ? » s’enquit Akiri non sans quelque hésitation.

Iceni ne lui fournit pas une réponse directe. « Avez-vous consulté les rapports que nous avons reçus sur la bataille de Prime, vice-CECH Akiri ? »

Celui-ci hésita de nouveau, manifestement pour se remémorer les données incriminées, et Marphissa répondit à sa place depuis sa position sur la passerelle. « Quand le nouveau conseil a été proclamé, certaines des forces mobiles présentes sur site ont tenté de se joindre à lui, mais, dans la mesure où toutes les unités étaient proches les unes des autres, les partisans de l’ancien conseil les ont détruites jusqu’à la dernière. »

Le vice-CECH Akiri opina, tout en adressant à l’adjointe Marphissa un regard agacé. « En effet.

— Alors vous comprenez certainement pourquoi je ne tiens pas à les laisser toutes à la portée de la CECH Kolani et des forces qui lui restent fidèles, laissa tomber Iceni. Je veux être sûre, en cas d’affrontement, d’avoir une petite chance de choisir où et quand nous nous battrons. »

Une fenêtre de com montrant le commandant du croiseur lourd C-555 s’ouvrit devant Iceni. « Nous attendons vos ordres, CECH Iceni. Tout le personnel du SSI de mon unité a été neutralisé à bord.

— Le C-413 a éjecté quelque chose », rapporta un des opérateurs de la passerelle.

Le commandant du C-413 appela à son tour quelques instants plus tard, la mine étrangement sereine. « Nous venons de disposer du dernier serpent, CECH Iceni.