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— Pas les forces mobiles de la présidente Iceni, en tout cas.

— Présidente, hein ? Intéressant. Vous avez raison. Mais, si elles tentent quoi que ce soit, je m’en apercevrai assez tôt pour déclencher un tir de barrage cataclysmique. Pareil si je vois s’approcher quelque chose de suspect. Vous préférez éviter cela, j’imagine.

— Qu’est-ce que vous cherchez ? s’enquit Drakon.

— On dirait bien qu’Iceni et vous comptez régir ce système en tandem. J’aimerais transformer votre duo en un triumvirat. »

Tu fais une grosse erreur en me fournissant une excuse idéale pour tergiverser. Voire une erreur fatale. Drakon se contenta de hausser les épaules sans trop se mouiller. « Je ne peux pas en décider seul. Je dois en parler avec Iceni.

— Prenez votre temps. Je n’irai nulle part. Orbite géosynchrone, rappelez-vous. » Dun éclata de rire. « On se recontacte. »

Drakon fit mine de boxer la fenêtre de com là où elle s’était ouverte puis appela Iceni. Il ne pouvait débattre avec elle de ses propres projets dans la mesure où Dun risquait d’intercepter la communication, mais il pouvait au moins la saupoudrer de quelques phrases codées connues des seuls CECH, signalant qu’il tenait à ce que la réaction s’éternisât le plus possible.

Deux heures plus tard, Malin et Morgan entraient ensemble mais gagnaient immédiatement des angles opposés de son bureau. Malin inclina la tête de côté en la relevant légèrement pour indiquer la direction approximative de la station orbitale. « Notre plan se base sur le fait que le colonel Dun a consacré la majeure partie de sa carrière à des affectations dans l’industrie. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu le commandement de la station. Une fois dans l’armée, elle s’est occupée de systèmes stratégiques.

— Nucléaires ? demanda Drakon.

— Pour la plupart. Planification et conception. »

Morgan sourit nonchalamment. « Elle va s’attendre à une attaque d’envergure. Missiles, gros vaisseaux d’assaut et le reste à l’avenant. Elle n’a aucune expérience des opérations au sol, ni d’ailleurs d’aucune autre.

— De combien de combinaisons furtives disposons-nous encore après les assauts contre le SSI ? s’enquit Drakon.

— Bien assez, répondit Morgan. Le plan en tient compte. »

Drakon l’afficha. Repérer les points cruciaux d’un plan d’opération et s’en imprégner promptement était un talent qu’il avait acquis en travaillant durement. En se noyant dans les détails, un commandant risquait de manquer le tableau général, voire de n’en pas comprendre le sens.

Celui-là au moins faisait sens, mais il ne s’était pas attendu à moins. « Deux forces d’assaut ? »

Malin opina. « Une pour livrer bataille aux soldats qui lui restent loyaux et l’éliminer, elle, par tous les moyens nécessaires, et l’autre pour s’assurer, en sécurisant les commandes et en outrepassant les directives, que la station ne larguera aucun caillou. Nous croyons le colonel Kaï…

— Kaï reste en dehors de cette affaire. Tout comme Gaiene et Rogero. Dun est sans doute trop sûre d’elle, mais nous ne pouvons pas la présumer assez négligente pour avoir omis de faire surveiller mon QG et les positions respectives de mes commandants de terrain. Si l’un de mes trois colonels ou moi-même quittions la planète ou ne nous trouvions plus sur site en train de régler les affaires comme à l’ordinaire, elle l’apprendrait nécessairement. »

Morgan haussa les sourcils. « Ne restent donc plus que ceux à qui je pense, non ?

— Si. Vous deux. Malin prendra la tête de la troupe d’assaut et toi celle de l’autre.

— Dun nous espionne peut-être aussi, fit remarquer Malin.

— Ce n’est pas exclu, mais elle ne dispose pas de ressources illimitées pour surveiller tout le monde ici-bas, et on peut affirmer sans risque qu’elle vous présupposera tous les deux à mes côtés.

— Super ! » Morgan fléchit les doigts de la main droite comme pour se préparer à passer illico à l’action. « Je veux prendre la tête de la troupe qui la liquidera. »

Malin haussa les épaules. « Ça me va. Vous vous êtes enquis du motif qui avait conduit Dun à son bannissement à Midway, mon général.

— Ouais. Qu’est-ce qu’elle a fait ?

— Nous avons retrouvé son dossier du SSI. Il ne donne aucune raison à cet exil. »

Drakon le fixa. « Aucune ?

— Aucune, mon général. C’est très inhabituel. Je commence à me demander si elle ne serait pas elle-même un serpent opérant en sous-marin.

— Elle ne correspond pas au profil requis, précisa Morgan, mais nous ne pouvons pas l’exclure et, si c’est vrai, alors elle est encore plus dangereuse que nous ne le croyons. Nous avons pu vérifier trop de détails sur sa carrière pour en douter, de sorte que nous connaissons son domaine d’expertise, mais elle pourrait aussi opérer en ce moment même en sous-main pour les serpents, dans le cadre d’un plan de crise.

— Dans quel délai pourrez-vous l’épingler ?

— Nous pourrions dissimuler nos mouvements de troupes en recourant à des navettes régulières pour la station et les installations orbitales proches, mais ça prendra du temps. Vingt-quatre heures. Je tenais à repousser l’assaut jusqu’à ce qu’on ait repéré les blancs dans les états de service de Dun. Mais, maintenant, je veux m’assurer avec certitude qu’on ne lui met pas la puce à l’oreille. »

Morgan incitant à la prudence ? Cette attitude était si peu typique de sa part qu’elle soulignait à quel point il était important de suivre son avis. « Très bien. Vingt-quatre heures. La présidente Iceni et moi-même allons faire durer les négociations avec Dun pour détourner son attention. Je ne veux plus avoir de vos nouvelles avant que vous ayez investi cette station.

— Je peux établir une connexion par laser entre vous et la base de données de la force d’assaut, proposa Malin. Il y aura un léger retard dans la transmission en raison des relais qui interdiront aux gens de Dun de la repérer, mais nous devrons de toute façon nous y résoudre pour la coordination des équipes, et la connexion devrait être sécurisée. »

Alléchant, d’autant qu’il lui faudrait rester assis pendant qu’ils affronteraient le danger sans lui. Il hocha la tête. « Merci. Faites. »

Iceni s’était montrée très douée pour tenir la jambe au colonel Dun en lui faisant miroiter d’importantes concessions qui restaient toujours hors de sa portée. Drakon s’était surpris à admirer son habileté tant et plus. Ça ne signifiait pas qu’il lui faisait confiance, bien sûr. En réalité, à la voir si bien mener Dun en bateau, il se demandait jusqu’à quel point elle ne l’avait berluré lui-même, ou, tout du moins, si elle ne s’en montrerait pas capable lorsqu’elle le jugerait nécessaire.

Il n’avait pas réussi à superviser les troupes qui, entassées avec les cargaisons régulières, étaient acheminées vers la station par des navettes ou des jets. Si Dun les espionnait réellement, elle ne verrait que ce à quoi il assistait lui-même.

Quoi qu’il en fût, c’était un assaut d’envergure. Le colonel Dun n’avait qu’une quarantaine de soldats sous ses ordres à bord de la station, rien que des locaux à l’expérience et l’entraînement limités. Malin et Morgan leur opposaient deux équipes d’assaut de quinze commandos chacune, tous vétérans hautement entraînés. Sans le risque d’un bombardement cinétique de la planète, Drakon n’aurait nourri aucune inquiétude quant à l’issue de l’opération. Mais celle-là était de taille.

Il se vida l’esprit pour se concentrer sur les vidéos qui, sous ses yeux, affichaient les images captées par les combinaisons furtives des commandos. Douze vignettes dans la fenêtre, dont deux lui parvenaient de Morgan et Malin, et les dix autres de chefs d’escouade commandant chacun à une équipe de deux hommes.