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se mit à prier. C'était une prière qu'il Et qu'il pouvait, dès lors, réaliser des n'avait encore jamais faite, car c'était une miracles.

prière sans parole, et par laquelle il ne demandait rien. Il ne remerciait pas Le simoun souffla ce jour-là comme d'avoir pu trouver un pâturage pour jamais encore il n'avait soufflé. Pendant ses moutons; il n'implorait pas d'arriver des générations, les Arabes contèrent la à vendre davantage de cristaux; il ne légende d'un jeune homme qui s'était demandait pas que la femme qu'il avait transformé en vent et qui avait failli balayer rencontrée attende son retour. Dans le un campement, défiant la puissance du plus silence qui s'ensuivit, il comprit que le important des chefs de guerre du désert.

désert, le vent, le soleil cherchaient aussi les signes que cette Main avait écrits, qu'ils Quand le simoun eut cessé de souffler, voulaient suivre leurs routes et entendre tous portèrent leurs regards vers l'endroit 202

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où se trouvait le jeune homme. Il n'était plus là, mais se trouvait à côté d'une sentinelle presque entièrement recouverte de sable qui surveillait l'autre côté du camp.

Les hommes étaient épouvantés par la sorcellerie. Deux personnes, cependant, souriaient: l'Alchimiste, parce qu'il avait trouvé son véritable disciple, et le chef suprême, parce que ce disciple avait entendu la gloire de Dieu.

Le lendemain, le chef fit ses adieux au Ils marchèrent toute une journée. A jeune homme et à l'Alchimiste, et les fit la tombée du soir, ils arrivèrent devant accompagner par une escorte jusqu'à l'en-un monastère copte. L'Alchimiste renvoya droit où ils souhaiteraient se rendre.

l'escorte et mit pied à terre.

«A partir d'ici, tu vas aller seul, dit-il. Il n'y a que trois heures de marche jusqu'aux Pyramides.

— Merci, dit le jeune homme. Vous m'avez appris le Langage du Monde.

— Je n'ai fait que te rappeler ce que tu savais déjà. »

L'Alchimiste frappa à la porte du monastère. Un moine tout habillé de noir vint leur ouvrir. Ils s'entretinrent un moment en langue copte, puis l'Alchimiste fit entrer le jeune homme.

« Je lui ai demandé de me laisser utiliser la cuisine pour un moment», dit-il.

Ils se rendirent à la cuisine du monastère. L'Alchimiste alluma le feu, et le moine apporta un peu de plomb, que l'Alchimiste fit fondre dans un récipient en fer. Quand le plomb fut devenu liquide, il prit dans son sac ce curieux œuf de verre 205

jaune qu'il avait. Il en racla une pellicule

— C'est là un remerciement qui va bien de l'épaisseur d'un cheveu, l'enveloppa de au-delà de ma générosité, dit le moine.

cire, et la jeta dans le récipient qui conte-

— Ne parlez jamais ainsi. La vie peut nait le plomb fondu. Le mélange prit une entendre, et vous donner moins une autre couleur rouge sang. L'Alchimiste, alors, fois. »

retira le récipient du feu et laissa refroidir.

Puis il s'approcha du jeune homme.

En attendant, il s'entretenait avec le moine

«Voici pour toi. Pour remplacer l'or de la guerre des clans.

qui est resté entre les mains du chef de

« C'est une guerre qui va durer», dit-il au guerre. »

moine.

Le jeune homme était sur le point de Celui-ci était contrarié. Il y avait long-dire que c'était beaucoup plus qu'il n'avait temps que les caravanes étaient immobili-perdu. Mais, ayant entendu ce que l'Alchisées à Gizeh, dans l'attente de la fin du miste venait de dire au moine, il s'abstint.

conflit.

« Cette portion est pour moi, dit l'Alchi-

«Mais que la volonté de Dieu soit faite, miste. Car je dois retourner en traversant dit le moine.

à nouveau le désert, et il y a toujours la

— Qu'il en soit ainsi », répondit l'Alchi-guerre entre les clans. »

miste. Quand la préparation eut refroidi, Il prit alors le quatrième morceau et le le moine et le jeune homme regardèrent donna encore au moine.

avec émerveillement: le métal avait séché

« Cette part est pour le garçon qui est là.

tout autour de la paroi interne du récipient, Au cas où il en aurait besoin.

mais ce n'était plus du plomb. C'était de

— Mais je vais chercher mon trésor, dit l'or.

le jeune homme. Et j'en suis maintenant

« Pourrai-je apprendre un jour à en faire tout proche.

autant? demanda le jeune homme.

— Et je suis bien sûr que tu vas le trou-

— C'est ma Légende Personnelle et non ver, dit l'Alchimiste.

la tienne, répondit l'Alchimiste. Mais je

— Alors, pourquoi cette part supplémen-voulais te montrer que c'est possible. »

taire ?

Ils retournèrent vers l'entrée du cou-

— Parce que, deux fois déjà, tu as perdu vent. Là, l'Alchimiste partagea le disque en l'argent que tu avais gagné au cours de ton quatre morceaux.

voyage : avec le voleur, et avec le chef de

« Ceci est pour vous, dit-il en présentant guerre. Je suis un vieil Arabe superstitieux, l'une des parts au moine. Pour votre géné-qui crois aux proverbes de mon pays. Et il rosité à l'égard des pèlerins.

en est un qui dit ceci : "Tout ce qui arrive 206

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une fois peut ne plus jamais arriver. Mais mort dans la dignité. Je peux aujourd'hui tout ce qui arrive deux fois arrivera certai-réaliser n'importe lequel de tes souhaits.

nement une troisième fois." »

«— La vie aussi a été bonne pour moi, Ils enfourchèrent leurs chevaux.

répondit le vieillard. Quand tu m'es apparu en songe, j'ai compris que tous mes

«Je voudrais te raconter une histoire à

efforts se trouvaient justifiés. Car les vers propos de rêves », dit l'Alchimiste.

de mon fils resteront dans la mémoire des Le jeune homme rapprocha son cheval.

hommes dans tous les siècles à venir. Je

«Dans la Rome ancienne, au temps de n'ai rien à demander pour moi; cepen-l'empereur Tibère, vivait un homme très dant, tout père s'enorgueillirait de consta-bon, qui avait deux fils : l'un s'était enrôlé

ter la renommée de celui dont il a pris soin dans l'armée et fut envoyé dans les pro-quand il était enfant et qu'il a éduqué

vinces les plus lointaines de l'Empire.

quand il était jeune homme. J'aimerais L'autre fils était poète et charmait Rome voir, dans un futur lointain, les paroles de par les beaux vers qu'il écrivait.

mon fils."

«Une nuit, le père fit un rêve. Un ange lui apparaissait, pour dire que les paro-

«L'ange toucha l'épaule du vieillard et les de l'un de ses fils seraient connues et ils furent tous deux projetés dans un futur répétées dans le monde entier par toutes lointain. Devant eux, apparut une im-les générations à venir. Le vieil homme mense place où des milliers de gens pars'éveilla en pleurant de joie, parce que la laient une langue étrange.

vie se montrait généreuse à son égard et

« Le vieil homme pleurait de joie.

qu'il avait eu la révélation de quelque

« "Je savais, dit-il à l'ange, que les vers chose qui remplirait de fierté n'importe de mon fils étaient beaux et immortels.

quel père.

Voudrais-tu me dire lequel de ses poèmes

«Peu de temps après, il mourut en ces gens sont en train de réciter?"

tentant de sauver un enfant qui allait être

«L'ange, alors, s'approcha de lui avec écrasé sous les roues d'un chariot. Comme beaucoup de gentillesse, et ils s'assirent il s'était conduit de façon juste et honnête sur l'un des bancs qu'il y avait sur cette tout au long de son existence, il alla tout vaste place.

droit au ciel et y rencontra l'ange qui lui

«"Les vers de ton fils, le poète, ont été

était apparu en rêve.

très populaires à Rome, dit l'ange. Tout le

« "Tu as été un homme bon, lui dit monde les aimait et y prenait plaisir. Mais, l'ange. Tu as vécu dans l'amour et tu es quand s'acheva le règne de Tibère, on les 208