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Les Thaïlandais récupérèrent le ballon avec des hameçons et voulurent à nouveau dégager en utilisant leur catapulte pneumatique lorsque l'ailier gauche Burroughs ôta son masque: maquillé en Thaïlandais, son déguisement était remarquable, avec ses yeux bridés et sa peau mate. Le défenseur thaïlandais Lim voulut l'assommer d'un coup de gourdin… Trop tard. Quel suspense. Burroughs eut le temps de livrer la passe à la baronne qui venait juste de se libérer de son carcan d'acier. Elle plongea dans le puits et nagea en apnée pour rejoindre le but thaïlandais. Les piranhas complètement gavés depuis le dégagement de Smith et de Foxbit la regardèrent foncer. Ils avaient besoin d'une pause pour digérer.

Buuuuuuuuuuuuuuut!

1 à 0 en faveur de la Nouvelle-Zélande. Ce fut du délire dans l'équipe néo-zélandaise. Tout le monde s'embrassait, se congratulait et s'étreignait, se déshabillait, se félicitait. Le ballon fut replacé au centre du terrain et un groupe de joueuses thaïlandaises enragées foncèrent sans rencontrer de résistance. Elles séduisirent facilement vingt-quatre joueurs néo-zélandais qu'elles étranglèrent ensuite. Une attaque au lance-flammes leur permit de s'enfoncer dans les lignes adverses.

But!

La sirène de fin de match retentit sur ces entrefaites. Score: 1 à 1. Égalité.

Il importait coûte que coûte de départager les équipes: les joueurs survivants se firent donc face sur la colline pour l'épreuve des tirs au but. En effet, malgré la constante évolution des règles, on n'avait toujours pas pensé à remplacer les tirs au but.

Chaque joueur rescapé disposait d'une catapulte pneumatique au moyen de laquelle il devait envoyer le ballon dans un but placé cette fois-ci à même le sol. Le suspense était à son comble. Une Thaïe se saisit du ballon. À l'aide de ses jumelles, elle estima la distance. Avec son doigt, elle tint compte de la vélocité du vent et plaça enfin le ballon sur la catapulte. Feu.

But!

Le ballon avait frappé le sol avec une telle violence qu'à la place du gardien de but néo-zélandais, on apercevait dorénavant un cratère. 2 à 1. Au tour d'un Néo-Zélandais de tenter sa chance. Il tira et… manqua sa cible. Vagues de cris de joie dans un camp et de sifflets dans l'autre.

Le score final fut donc de 2 à 1 en faveur de la Thaïlande, nouvelle championne du monde de football.

Suite à ce match, les Pompes funèbres générales décidèrent, enthousiastes, de sponsoriser la prochaine rencontre.

Attention: fragile

– Qu'est-ce que c'est que ça?

– Ton cadeau de Noël!

– Oh, papa, tu m'as acheté la panoplie de cow-boy que je t'avais demandée?

Le père eut un instant d'hésitation.

– Pas exactement…

L'enfant courut vers l'objet convoité, défît avec empressement le gigantesque paquet-cadeau et s'empêtra dans le papier fluorescent et le ruban torsadé avant de dégager une boîte en carton.

Il y avait juste inscrit «HAUT», «BAS», puis sur le CÔté «ATTENTION FRAGILE».

Il dévoila une sorte de grand aquarium transparent rempli d'ombre. Sur la partie avant, se trouvait un tableau de bord orné d'une multitude de cadrans et de mots étranges: «fusion», «gravitation», «explosion», «macération», «cuisson chaude», «cuisson froide», «éparpillement», «haute pression», «basse pression», «brume», «foudre électrique».

Les yeux de l'enfant s'arrondirent et se mirent à briller.

– Waaouh, super! C'est une boîte de petit chimiste?

– Non, beaucoup mieux. C'est ce dont tu as toujours rêvé.

En entendant cette phrase, l'enfant comprit que, encore une fois, il s'agissait d'un cadeau destiné avant tout à son père. À chaque Noël, en effet, son géniteur en profitait pour satisfaire ses fantasmes personnels.

– Il s'agit d'un jouet tout nouveau, plus compliqué et aussi plus cher que tout ce qu'on a connu jusqu'ici.

Avec suspicion l'enfant entreprit d'examiner l'objet sous tous les angles.

– C'est un bocal à poissons tropicaux?

– Presque.

– Une machine à faire des sorbets géants?

– Non. Là tu refroidis.

– Un lieu pour jouer aux petits soldats volants, alors?

– Tu chauffes.

Le jeu de devinettes constituait déjà en soi un premier cadeau.

La curiosité de l'enfant était piquée.

– Une machine à fabriquer des décors pour les poupées?

– Tu brûles.

– Je ne sais pas. Je donne ma langue au chat, décréta l'enfant, agacé.

– C'est une machine à fabriquer des mondes!

Le garçon afficha une mine sceptique, mi-ravi, mi-déçu.

– Regarde la boîte. «Le parfait petit maître de l'Univers.» C'est nouveau, ça va te plaire.

L'enfant, qui se prénommait Jess, sortit les différents éléments, fils électriques, transformateur, piles, livrés avec le jeu.

– Ça a l'air compliqué.

– Tu m'as toujours affirmé que le problème, avec les jouets, c'était que tu t'en lassais trop vite. J'ai pensé qu'avec «Le parfait petit maître de l'Univers», tu serais occupé pour longtemps. Et même, avec un peu de chance, le jeu pourra tenir jusqu'à Noël prochain. Dis donc, tu n'oublies rien?

Le père posa un index sur sa joue et attendit.

– Si, la bise. Oh merci, papa! Je sens que ça va me plaire. En tout cas, pas un seul de mes copains n'a ce truc-là.

Pris d'un second élan d'enthousiasme, Jess se jeta au cou de son père et le couvrit de bisous.

– Bon, je te laisse consulter la notice, je vais lire mon journal au salon.

Et il alla rejoindre sa femme dans la cuisine.

– Je crois que ça va lui plaire, affirma-t-il.

– Il est si difficile. Tu aurais mieux fait de lui rapporter une panoplie de cow-boy comme il te l'avait demandé.

– Tous les enfants ont des panoplies de cow-boy, mais combien possèdent des mondes en kit? rétorqua le père. Je suis sûr que Jess est assez mûr pour comprendre la différence avec un quelconque costume d'opérette. Et c'est plus cher.

Il rit. Mais en fait, il n'était pas mécontent d'avoir consenti ce petit sacrifice pour assurer l'épanouissement intellectuel de son fils.

– Et ils t'ont dit qu'ils en vendaient beaucoup, au magasin? demanda sa femme.

– «Le parfait petit maître de l'Univers»? Non. Il s'agit d'un nouveau produit. Je pense avoir été le premier client à en acheter car le marchand m'a précisé: «Vous me direz si c'est aussi amusant que le prétend la publicité.»

Il alluma sa pipe et ouvrit son journal. Il entendait au loin, dans sa chambre, l'enfant qui ouvrait des boîtes, manipulait des objets. Finalement, au bout de dix minutes, Jess hurla:

– J'y arrive pas! Papa, viens m'aider!

Le père soupira, réprobateur. Il aurait préféré terminer un article passionnant concernant la nouvelle prolifération des rats dans les grandes villes. L'enfant continuant à réclamer de l'aide, il rangea son journal. Après tout, un cadeau de ce genre impliquait un minimum de service après-vente de la part de son donateur. Il se résigna donc.

– Qu'est-ce qui ne va pas?

– Je comprends rien au mode d'emploi. Comment ça marche?

Le père feuilleta le manuel. Ce devait encore être l'une de ces notices mal traduites et mal présentées. Il chaussa ses lunettes et étudia le texte avec plus d'attention.