— Je me fous de savoir qui a fondé Fell’s Church. Tout ce que je veux c’est qu’Elena soit humiliée devant tout je monde.
— Quant à Salvatore… , ajouta Tyler, les yeux brillants de haine, il risque de passer un sale quart d’heure quand tout le monde aura la preuve de sa culpabilité. D’ailleurs, tu es sûre que c’est écrit noir sur blanc dans le journal ?
La voix de Tyler était si vibrante de méchanceté qu’Elena en eut froid dans le dos.
— Mais oui ! Je te l’ai déjà expliqué vingt fois : elle a laissé son ruban le 2 septembre dans le cimetière. Stefan la trouvé le jour même. Or, le pont Wickery se trouve juste à côté. C’est donc la preuve formelle que Stefan rôdait dans les parages le 2 septembre, le jour où le vieux a été agressé. Et tout le monde sait déjà qu’il était la quand Vickie et Tanner ont été attaqués. C’est assez clair comme ça non ?
— Ça ne tiendra jamais la route devant un tribunal. Il faut que je rassemble des preuves plus convaincantes.
— Par exemple, demander à Mme Flowers à quelle heure il est rentré cette nuit-là.
— On s’en fout ! La plupart des gens le soupçonne déjà. Le journal parle d’un mystérieux secret : il ne leur faudra pas longtemps pour tirer leurs conclusions.
— Tu le gardes en lieu sûr, j’espère ?
— Non, non. Il traîne chez moi bien en évidence sur la table du salon… Tu me prends vraiment pour une débile, ou quoi ?
— En tout cas, tu l’es assez pour narguer Elena avec des messages à la con.
Ses paroles furent aussitôt suivies par le froissement d’un papier journal.
— Non mais, regarde-moi ça ! reprit Tyler. T’es tarée ou quoi ? Faut que tu arrêtes tout de suite ! Et si elle découvre que c’est toi, hein ?
— Et alors, qu’est-ce qu’elle peut me faire ? Me dénoncer aux flics ?
— Peu importe ! Tu dois m’écouter et attendre patiemment jusqu’à la commémoration. Tu verras la tête qu’elle va faire… Exit la pétasse…
— Et exit Stefan Salvatore. Au fait, qu’est-ce que tu crois qu’ils vont lui faire ? Pas trop de mal, quand même ?
— T’occupe pas de ça. Mes potes et moi, on s’en charge. Contente-toi de jouer ton rôle.
— Oui, mais… il faut me donner une petite avance minauda Caroline.
Il y eut un silence, puis des rires étouffés et un soupir. Elena en profita pour s’éclipser le plus discrètement possible.
Elle gagna son casier et s’y adossa, le cerveau en ébullition. Son ex-meilleure amie voulait que tout le lycée la méprise ! Et elle avait sous estimé le danger que Tyler représentait pour Stefan… C’était loin d’être un pauvre con. Le pire c’est qu’il se servait de son propre journal comme arme contre Stefan ! Elle comprit soudain la signification de son dernier rêve. L’air furieux et accusateur, il avait jeté un livre bleu à ses pieds, avant de partir. Ce qu’elle avait pris pour un bouquin était en fait son journal intime ! Et celui-ci pouvais effectivement accuser Stefan : il détenait la preuve que son petit ami se trouvai sur le lieu des trois agressions… Ça suffisait pour faire de lui le coupable idéal y comprit aux yeux de la police.
Et impossible de leur dire la vérité. On la prendrait pour une folle ! Et s’entendait déjà : « Vous faîtes fausse route, commissaire. Ce n’est pas Stefan l’assassin, mais son frère Damon, qui lui en voulais à mort. Il commet les pires agressions partout où Stefan passe pour faire croire que c’est lui le coupable. Tout ça en espérant le rendre fou et se cache quelque part dans les parages. Peut-être dans te cimetière abandonné on dans la forêt. Mais il est plus probable qu’il se balade sous la forme d’un corbeau… Et au fait, un dernier petit détail : c’est un vampire ! »
Évidemment personne ne voudrait croire un seul mot de cette histoire. Pourtant la petite entaille douloureuse à son cou était la pour lui rappeler que c’était la pur vérité, D’ailleurs, elle se sentait bizarre depuis le matin, un peu fébrile. La tension nerveuse et le manque de sommeil n’arrangeaient rien à son état. Elle avait même des vertiges. On aurait dit les symptômes de la grippe… sauf que ce n’était pas un virus, elle en était sûre. Ce salaud de Damon y était évidemment pour quelque chose.
En revanche, elle ne pouvait plus l’accuser du vol de son journal Elle ne devait s’en prendre qu’à elle-même, cette fois. Si seulement elle n’avait pas écrit tous ces trucs sur Stefan ! Si seulement elle n’avait pas apporté son journal au lycée ! Si seulement elle ne l’avait pas laissé traîné chez Bonnie ! Si seulement, si seulement…
Mais à quoi bon se lamenter ? Pour l’instant, tout ce qui comptait, c’était récupérer son journal.
10.
La sonnerie ne laissa pas le temps à Elena d’aller se confier à ses amies. Elle dut se rendre directement en classe et affronter seule les regards hostiles, devenus son lot quotidien.
Le cours suivant était celui d’histoire et elle eut toutes les peines du monde à ne pas dévisager Caroline d’un air accusateur. Alaric lui demanda des nouvelles de Matt et Stefan, absents pour la deuxième journée consécutive. Elle feignit l’ignorance, gênée par les têtes tournées vers elle. Ce prof ne lui inspirait décidément pas confiance : son sourire de gamin et sa curiosité déplacée au sujet de la mort de Tanner la mettaient mal à l’aise. Bonnie ne partageait visiblement pas son point de vue : elle ne pouvait détacher les yeux du jeune homme.
En sortant de la classe, elle surprit des bribes de conversation entre Sue Carson et une autre fille :
— Il va à la fac de… je ne sais plus où…
Elena se décida à sortir de son silence. Elle se tourna vers Sue :
— À ta place, j’arrêterais de traîner avec Damon. Je suis très sérieuse, tu sais.
Sa mise en garde fut aussitôt ponctuée de rires embarrassés. Sue était l’une des rares à ne pas avoir fui Elena. À cet instant, on voyait bien qu’elle le regrettait.
— Tu veux dire… , hésita l’autre fille, que tu sors aussi avec lui ?
Elena ne put s’empêcher de s’esclaffer.
— Je veux dire qu’il est dangereux, répliqua-t-elle.
Leurs mâchoires s’affaissèrent sous l’effet de la stupeur. Elena tourna aussitôt les talons pour aller récupérer Bonnie au milieu des admiratrices d’Alaric. Elle l’entraîna vers les casiers, où elles retrouvèrent Meredith.
— Alors, on va s’expliquer avec Caroline ? demanda Bonnie.
— Plus maintenant, déclara Elena. On va chez moi. Je vous raconterai là-bas.
— Alors, c’était vrai ! s’exclama Bonnie une heure plus tard. C’est Caroline !
— Caroline et Tyler, insista Elena. Alors, laquelle d’entre vous prétendait que les mecs ne s’intéressent aux journaux intimes ?
— Finalement, ça nous arrange qu’il mette son grain de sel dans cette histoire, commenta Meredith. Grâce à lui, on à un peu plus de temps pour agir. Une chance qu’il en veuille aux Fell !
— Mais ils sont tous morts ! s’étonna Bonnie.
— Ce n’est pas ce qui le dérange, expliqua Elena. Il m’en avait déjà parlé dans le cimetière. D’après lui, ils ont volé la place de ses ancêtres, ou un truc dans le genre.
— Elena, dit soudain Meredith avec gravité, y a-t-il autre chose dans ton journal qui pourrait nuire à Stefan ? À part l’histoire du ruban, je veux dire.
— Tu trouves que ce n’est pas assez ? rétorqua Elena. Le regard insistant de Meredith commençait à la mettre mal à l’aise. Qu’est-ce qu’elle avait derrière la tête ?