Выбрать главу

Ce garçon, comme tu dis s’appel Stefan, poursuivit-elle d’une voix glaciale. C’est le seul ici qui compte pour moi, et je suis heureuse de t’apprendre que nous sommes fiancés !

— Ne sois pas ridicule s’exclama Robert.

— Et ça c’est ridicule ? cria-t-elle en toi fourrant sa bague sous le nez. On va se marier, que ça te plaise ou non !

— Y manquerait plus que ça ! hurla Robert, au bord de l’apoplexie.

Damon, l’air incrédule, lui saisit la main. Il lui suffit de voir l’anneau pour tourner les talons en écumant de rage. Tante Judith qui bafouilla d’indignation.

— Elena, je t’interdis de…

— Tu n’es pas ma mère ! lui balança Elena.

Les larmes lui obstruaient la vue. Elle en avait assez. Tout ce qu’elle voulait, c’était rejoindre Stefan. Il n’y avait que lui qui l’aimait.

Elle plongea brusquement dans la foule avec l’idée d’aller le retrouver à la pension. Elle fut soulagée que Bonnie et Meredith ne la suivent pas.

Le parking était quasi désert puisque la plupart des familles assistaient aux festivités de l’après-midi. Elle repéra Matt en train d’ouvrir sa portière.

— Matt ! Tu t’en vas ?

— Euh… non. Il faut que j’aide Lyman à ranger les tables. Je voulais juste me débarrasser de ce truc, répondit-il en posant son trophée à l’intérieur. Ça va, toi ? s’inquiéta-t-il devant son air traumatisé.

— Oui… ai fait, non. Mais ça ira mieux quand je me serai tirée d’ici. Tu peux me prêter ta voiture ? J’en ai pas pour longtemps.

— Euh, oui, mais… je peux te conduire, tu sais, je vais dire à Lyman que…

— Non ! Excuse-moi, je voudrais être seule. S’il te plait…

Elle lui arracha le trousseau des mains.

— Je te la ramène très vite, promis. Ou Stefan. Si tu le vois, tu peux lui dire que je suis à la pension ? Merci !

Elle claqua la portière sans écouter ses protestations, et fit marche arrière dans un vrombissement de moteur, maltraitant au passage la boîte de vitesses. Matt la regarda partir avec impuissance.

Elena, pleurant à chaudes larmes, conduisait au radar. Une colère terrible la submergeait Elle allait s’enfuir avec Stefan. Ils allaient voir, tous autant qu’ils étaient ! Elle ne remettrait plus jamais les pieds à Fell’s Church ! Tante Judith s’en voudrait à mort, et Robert regretterait toutes les horreurs qu’il lui avait balancées. Mais elle ne leur pardonnerait jamais. Elle n’avait besoin de personne encore moins de tous les gros nuls de ce sale lycée où, du jour au lendemain, elle était passée du statut de star à celui de paria, sous prétexte qu’elle n’aimait pas la bonne personne. Puisque c’était comme ça, elle se passerait de famille et d’amis.

Lorsqu’elle s’engagea enfin dans l’allée sinueuse qui menait à la pension, elle se calma un peu. Enfin, elle n’en voulait pas à tout le monde. Bonnie et Meredith ne lui avaient rien fait. Matt non plus. Elle fut soudain prise d’un rire nerveux. Pauvre Matt, on voulait toujours lui emprunté sa poubelle ambulante ! Il devait les trouver bizarres Stefan et elle.

Elle pleurait et riait en même temps, à présent. Et dire qu’elle était dans tous ses états alors qu’elle aurait dû être en train de fêter le fiasco monumental de Caroline ! La tête qu’elle avait faite ! Ce serait génial de revoir ça en vidéo. Elle se remit peu à peu de ses émotions, et la fatigue lui tomba dessus d’un seul coup. Elle se gara et s’appuya contre le volant en essayant de ne plus penser à rien. Une fois ses esprits repris, elle descendit de la voiture. Elle allait attendre Stefan dans sa chambre. Ensuite, ils retourneraient au lycée pour essayer de réparer le mal qu’elle avait fait à tante Judith. La pauvre ! Elle s’en était pris plein la figure devant tout le monde…

« J’ai vraiment pété les plombs ! » se dit Elena. Mais elle avait encore les nerfs à fleur de peau. La preuve quand elle trouva porte close et que personne ne répondit coups de sonnette insistants, ses yeux s’embuèrent nouveau. Mme Flowers devait elle aussi assister aux festivités. Avec le froid, elle n’avait aucune envie de poiroter sur le perron… Il ne lui restait plus qu’à attendre dans la voiture.

Elle jeta un coup d’œil au ciel. Le temps s’était dégradé depuis le matin : des nuages noirs avançaient dangereusement, et une épaisse brume montait des champs voisins. Le vent le renforçait de minutes en minutes agitant violemment les branches d’arbres. Bientôt les bourrasques plaintives se changèrent en hurlements.

Elena lança des regards inquiets autour d’elle. Avec la tempête qui s’était levée, elle percevait une pression anormale autour d’elle. C’était comme si une force mystérieuse avait empli l’atmosphère. Elle gagnait en puissance, s’approchait de plus en plus, et se refermerait bientôt sur elle…

Elena se retourna. Elle scruta les chênes qui se balançaient derrière la pension. Au-delà, il y avait la forêt, puis la rivière et le cimetière. Elle sentait sans la voir une présence au loin… quelque chose de maléfique.

— Oh, non… , murmura-t-elle, terrifiée.

Une silhouette invisible, gigantesque, se cabrait pour mieux fondre sur elle. C’était le mal en puissance, une créature animée d’une furie bestiale qui voulait la vider de son sang.

Un jour, Stefan lui avait parlé de cette soif irrépressible qu’il subissait malgré lui. À cet instant, elle comprit ce que cela voulait dire. Elle la ressentait… dirigée contre elle.

— Non !

La force malfaisante se dressait maintenant haut au-dessus de sa tête. Elena ne voyait toujours rien, mais c’était comme si des ailes gigantesques se déployaient de part et d’autre pour l’étouffer.

— Non !

La chose plongeait vers elle. Folle de terreur, elle se précipita vers la voiture et s’acharna hystériquement sur la serrure tout en luttant contre les éléments. Le vent déchaîné, lui perçait les tympans, visage lui brouillaient la vue. La clé finit par tourner dans la serrure. Elena se rua à l’intérieur et s’y barricada. Sauvée ! Elle se jeta ensuite en travers des sièges pour s’assurer que les portières arrière étaient hermétiquement fermées.

Mais la tempête grondait tel un océan en furie, ballottant la vieille voiture en tous sens.

— Arrête, Damon !

Son cri se perdit dans les mugissements du vent. Elle plaqua les mains sur le tableau de bord dans un effort dérisoire pour stabiliser la voiture. Les coups de boutoir redoublèrent de violence.

Soudain, à travers la vitre arrière qui s’embuait, elle distingua une silhouette. Elle était terrifiante. Les contours étaient flous, mais ca ressemblait à un immense oiseau de neige et de brume qui fondait sur elle !

— Démarre ! Vite ! s’ordonna-t-elle.

Par miracle, le véhicule asthmatique démarra du premier coup. Elena fit demi-tour dans un crissement de pneus. Elle avait la créature à ses trousses, de plus en plus gigantesque dans le rétroviseur. Il fallait absolument qu’elle retourne en ville : Stefan s’y trouvait forcément, et il était sa seule planche de salut.

A l’instant où Elena déboulait en trombe sur la route Fell’s Creek, un éclair aveuglant déchira le ciel, accompagné d’un coup de tonnerre assourdissant. Dans un fracas un chêne s’abattit à quelques centimètres de son pare-chocs, lui barrant ma route vers la ville. Elle était prise au piège. Impossible de s’en sortir… A moins que.