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— Stefan ?

Ce fut un moment d’angoisse atroce : penchée au-dessus du sinistre trou, elle attendit une réponse, le cœur battant à tout rompre. Seule la chute de cailloux délogés par ses mouvements vint rompre le silence. Elle allait se relever, découragée, lorsqu’une voix faible résonna tout en bas.

— Elena ?

— Stefan ! S’exclama-t-elle, éperdument, C’est moi ! on va te sortir de là. Ça va ? Tu es blessé ?

Elle était tellement excitée qu’elle faillit tomber au fond du puits à force de se pencher. Matt la rattrapa de justesse.

— Tiens bon, Stefan ! cria-t-elle. On a une corde pour te remonter, Comment tu te sens ?

Un faible rire lui parvint aux oreilles.

— Je me suis déjà senti mieux, répondit Stefan d’une voix presque imperceptible. Mais je suis… vivant. Qui est avec toi ?

— C’est moi ! Matt, cria le garçon, qui s’accroupit au-dessus du trou. Meredith et Bonnie sont là aussi. Je vais te lancer une corde…

Il se tourna vers cette dernière en ajoutant, moqueur :

— À moins que Bonnie n’arrive à te faire sortit par lévitation !

La jeune fille lui donna un petit coup sur la tête.

— C’est pas le moment de rigoler, rétorqua-t-elle. Sors-le plutôt de là !

— À vos ordres, chef !

Il jeta la corde dans le puits.

— Tiens, Stefan, Noue ça autour de toi !

— D’accord, se résigna-t-il.

Il était conscient que son extrême faiblesse allait rendre l’entreprise particulièrement difficile, Ils durent en effet se mettre à quatre pour le sortir ; enfin a trois, car la contribution de Bonnie consista seulement à répéter sur tous tes tons « Allez encore un petit effort », dès qu’ils s’arrêtaient pour reprendre leur souffle.

Au bout d’un quart d’heure éprouvant, les mains ensanglantées de Stefan apparurent enfin. Il agrippa le bord du trou, et Matt l’attrapa sous les aisselles. Tel un pantin désarticulé, il se laissa aller, à bout de forces, dans les bras d’Elena, Il avait les mains glacées et couvertes d’entailles, le teint cireux, et les yeux profondément cernés.

Elena leva un regard angoissé vers ses compagnons.

— On ferait mieux de l’emmener à l’hôpital, déclara Matt, qui partageait l’inquiétude de la jeune fille.

— Non… fit la voix rauque de Stefan.

Il remua faiblement et leva la tête vers Elena.

— Pas… de médecin… l’implora-t-il de ses yeux verts. Promets-le-moi, Elena.

Les larmes brouillèrent la vision de la jeune fille.

— Je te le promets.

Et il perdit connaissance.

4.

— Mais il doit absolument voir un médecin ! protesta Bonnie. T’as vu dans quel état il est !

— C’est hors de question ! Je ne peux rien vous expliquer pour l’instant. On va déjà le ramener chez lui. Il est trempé et frigorifié. On discutera de tout ça là-bas.

Transporter Stefan à travers les bois ne fut pas une mince affaire. Quand ils l’allongèrent enfin sur la banquette arrière de la voiture, les quatre amis étaient à bout de forces, couverts d’égratignures, et trempés par les vêtements dégoulinants du blessé. Elena prit place à ses côtés et lui cala la tête sur ses genoux. Meredith et Bonnie s’installèrent dans l’autre voiture.

Après un court voyage, ils s’arrêtèrent devant la grande bâtisse de brique rouge où logeait Stefan.

— Il y a de la lumière, fit remarquer Matt. Mme Flowers est sûrement debout. Mais la porte doit être fermée à clé.

Elena posa délicatement la tête de Stefan sur la banquette pour sortir de la voiture. A l’étage, les rideaux d’une fenêtre s’écartèrent, et une forme humaine se profila dans l’embrasure.

— Madame Flowers, c’est Elena Gilbert ! Nous avons retrouvé Stefan ! Laissez-nous entrer !

La silhouette resta immobile et silencieuse.

— Madame Flowers, Stefan est là, insista Elena en désignant la voiture. S’il vous plaît, ouvrez-nous !

— Elena, cria soudain Bonnie du perron. C’est ouvert !

La jeune fille jeta un œil vers son amie, puis regarda de nouveau la fenêtre. À ce moment, le rideau retomba et la lumière s’éteignit.

« Bizarre », se dit-elle. Elle n’eut pas le loisir d’y réfléchir davantage, car elle dut aider Meredith et Matt à extirper Stefan de la voiture, puis à le porter en haut des marches.

À l’intérieur, Elena guida ses compagnons jusqu’à l’escalier qui faisait face à l’entrée. Ils parvinrent tant bien que mal au premier, où ils entrèrent dans une chambre. Là, Elena demanda à Bonnie d’ouvrir une petite porte qui révéla une autre volée de marches, étroites et très sombres.

Tandis qu’ils reprenaient leur ascension, portant Stefan toujours inconscient, Matt fit remarquer en haletant :

— Faut-être dingue pour laisser… la porte ouverte… Après ce qui c’est passé…

— C’est bien ce qu’elle est… , répliqua Bonnie atteignant ta porte en face de l’escalier. La dernière fois qu’on est venue ici, elle racontait des trucs étranges…

Elle poussa un petit cri.

— Qu’est-ce qui ce passe ? S’inquiéta Elena, En arrivant sur le seuil elle eut la réponse à sa question, Elle avait oublié l’état dans lequel Stefan avait laissé sa chambre. Les malles à vêtements gisaient renversées sur le sol comme si elles avaient volé à travers la pièce. Leur contenu était éparpillé un peu partout, ainsi que les objets qui ornaient d’habitude les meubles, eux-mêmes jetés à terre, Le vent glacial s’engouffrait par une fenêtre brisée, Seule rescapée du désastre, une lampe allumée projetait des ombres sinistres au plafond.

— Quel foutoir ! Mais Qu’est-ce qui s’est passé ? S’exclama Matt.

— Je ne sais pas trop, répondit Elena en l’aidant à étendre Stefan sur son lit.

— C’était déjà dans cet état hier soir. Matt, tu veux bien m’aider à le déshabiller ? Il faut trouver quelque chose de sec à lui mettre.

— Je vais chercher une autre lampe, proposa Meredith.

— Pas la peine ! S’empressa de déclarer Elena, On voit assez comme ça. Essaie plutôt d’allumer un feu.

Elle saisit un peignoir qui pendait d’une malle béante, Puis entreprit avec Matt d’ôter les vêtements trempés de Stefan. Lorsqu’elle voulut lui enlever son pull, la vue de son cou la pétrifia.

— Matt… , dit-elle comme si de rien n’était. Pourrais-tu… , pourrais-tu me passer cette serviette ? Dès qu’il tourna le dos pour s’exécuter, elle débarrassa à toute vitesse Stefan de son vêtement et l’enveloppa dans son peignoir. Elle lui entoura ensuite le cou avec la serviette que Matt lui avait tendue. Son cœur bondissait dans sa poitrine. Mon Dieu ! Pas étonnant qu’il soit si faible… ,. Elle devait l’examiner pour évaluer la gravité de son état. Mais c’était impossible avec les autres dans les jambes !

— Je vais appeler un médecin, dit Matt en dévisageais Stefan, Il en a besoin, c’est évident.

Elena fut saisie de panique.

— Non, Matt, surtout pas ! Il… il a une trouille terrible des médecins. Si tu en amènes un ici, il réagira très mal.

C’était la vérité… pour partie, en tout cas. De toute façon, elle seule pouvait aider Stefan. En présence des autres, elle dut se contenter de frotter énergiquement ses mains glacées entre les siennes, tout en réfléchissant au dilemme qui se posait Si elle décidait de protéger le secret de Stefan, elle ne pourrait pas le soigner et il mourrait sans doute. Mais si elle avouait la vérité à ses amis, elle le trahissait Sans compter qu’elle ne savait pas comment ils réagiraient.