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3 Combattez l'ennemi avec se propres armes.

4 – Utilisez pour l'attaquer les éléments de son propre code de référence.

5 – Lors d'une confrontation verbale, l'humour constitue l'arme la plus efficace. Si l'on parvient à ridiculiser l'adversaire ou, mieux, à contraindre l'adversaire à se ridiculiser lui-même, il lui devient très difficile de remonter au créneau.

6 – Une tactique ne doit jamais devenir une routine, surtout lorsqu'elle fonctionne. Répétez-la à plusieurs reprises pour en mesurer la force et les limites, puis changez-en. Quitte à adopter une tactique exactement inverse.

7 – Maintenez l'adversaire sur la défensive. Il ne doit jamais se dire: "Bon, je dispose d'un répit, profitons-en pour nous réorganiser". On doit utiliser tous les éléments extérieurs possibles pour maintenir la pression.

8 – Ne jamais bluffer si on n'a pas les moyens de passer aux actes. Sinon, on perd toute crédibilité.

9 – Les handicaps apparents peuvent se transformer en les meilleurs des atouts. Il faut revendiquer chacune de ses spécificités comme une force et non comme une faiblesse.

10- Focaliser la cible et ne pas en changer pendant la bataille. Il faut que cette cible soit la plus petite, la plus précise et la plus représentative possible.

10 – Si on obtient la victoire, il faut être capable de l'assumer et d'occuper le terrain. Si l'on n'a rien à proposer de nouveau, il ne sert à rien de renverser le pouvoir en place.

M énagement

Aux jeux de stratégie il faut toujours ménager une part de défaite dans la victoire. Une vrai victoire ne s'effectue que de justesse. Au jeu de go par exemple, l'idéal est de vaincre juste d'un point supplémentaire. Si la victoire est trop écrasante, cela enlève du mérite au gagnant et sous-entend que la partie n'aurait même pas dû se dérouler. En outre une victoire trop écrasante humilie l'adversaire et peut lui donner envie de se venger en trichant la prochaine fois. Aussi si la partie est déjà entamée et qu'on s'aperçoit que son adversaire n'est pas à la hauteur, il faudra lui venir en aide pour qu'il puisse vous vaincre un peu.

V ictoire

Pourquoi autant de gens sont-ils attirés par la chaleur rassurante de la défaite? Peut-être parce qu'une défaite ne peut être que le prélude à un revirement alors que la victoire tend à nous encourager à garder le même comportement. La défaite est novatrice, la victoire est conservatrice. Tous les humains sentent confusément cette vérité. Beaucoup parmi les plus intelligents sont ainsi tentés de réussir non pas la plus belle victoire mais la plus belle défaite.

Hannibal fit demi-tour devant Rome offerte.

César insista pour aller aux ides de mars.

L'armée écossaise de Jacques 1er refusa d'entrer dans Londres qu'elle avait pourtant conquise. Napoléon annonça la retraite à Waterloo alors que la bataille était probablement gagnée. Et que dire de toutes ces stars du show business qui tout à coup tombent dans l'alcool, la drogue, ou le suicide sans aucune raison logique. Ils n'arrivaient pas à supporter la gloire, ils ont donc sciemment organisé leur défaite.

Tirons leçon de ces expériences passées. Derrière beaucoup de soi-disant réussites, il n'y a qu'une volonté de se hisser au plus haut plongeoir pour bien se planter de manière spectaculaire.

S ollicitation paradoxale

Alors qu'il avait 7 ans le petit Ericsson regardait son père qui essayait de faire rentrer un veau dans une étable. Le père tirait fort sur la corde mais le veau se cabrait et refusait d'y aller. Le petit Ericsson éclata de rire et se moqua de son père. Le père lui dit: "Fais mieux, si tu te crois si malin".

Alors le petit Ericsson eu l'idée, plutôt que de tirer sur la corde, de faire le tour du veau et de tirer sur sa queue. Aussitôt, par réaction, le veau poussa en avant et entra dans l'étable.

Quarante ans plus tard, cet enfant inventait "l'hypnose ericsonnienne", une manière d'utiliser la sollicitation douce et la sollicitation paradoxale afin d'amener les patients à mieux se porter. De même, on peut vérifier quand on est parent que si son enfant tient sa chambre désordonnée et qu'on lui demande de la ranger, il refusera. En revanche, si on aggrave encore le désordre en apportant plus de jouets et encore des vêtements et si on les jette n'importe où, l'enfant dira:"Arrête papa, ce n'est plus supportable, il faut ranger".

Si on considère l'Histoire "la sollicitation paradoxale" est utilisée consciemment ou inconsciemment en permanence. Il a fallu les deux guerres mondiales et des millions de morts pour inventer la SDN puis l'ONU. Il a fallu les excès des tyrans pour inventer les Droits de l'homme. Il a fallu Tchernobyl pour prendre conscience des dangers des centrales atomiques mal sécurisées.

P iège indien

Les Indiens du Canada font usage d'un piège à ours des plus rudimentaires. Il consiste en une grosse pierre enduite de miel, suspendue à une branche d'arbre par une corde. Lorsqu'un ours aperçoit ce qu'il croit être une gourmandise, il s'avance et tente d'attraper la pierre en lui donnant un coup de patte. Il crée ainsi un mouvement de balancier et la pierre revient le frapper. L'ours s'énerve et cogne de plus en plus fort. Et plus il cogne fort, plus il se fait cogner. Jusqu'à son K.O. final.

L'ours est incapable de penser: "Et si j'arrêtais ce cycle de la violence?". Il ne ressent que de la frustration. "On me donne des coups, je les rends!", se dit-il. D'où sa rage exponentielle. Pourtant, s'il cessait de la frapper, la pierre s'immobiliserait et il remarquerait peut-être alors, une fois le calme rétabli, qu'il ne s'agit que d'un objet inerte accroché à une corde. Il n'aurait plus qu'à trancher celle-ci avec ses crocs pour faire choir la pierre et en lécher le miel.

C oopération, réciprocité, pardon

En 1974, le philosophe et psychologue Anatole Rapaport de l'université de Toronto émet l'idée que la manière la plus "efficace" de se comporter vis à vis d'autrui est:

1) la coopération

2) la réciprocité

3) le pardon.

C'est-à-dire que lorsqu'un individu ou une structure ou un groupe rencontre un autre individu, structure ou groupe, il a tout intérêt à proposer une alliance. Ensuite il importe, selon la règle de réciprocité, de donner à l'autre en fonction de ce que l'on reçoit. Si l'autre aide, on l'aide; si l'autre agresse, il faut l'agresser en retour, de la même manière et avec la même intensité. Enfin il faut pardonner et offrir de nouveau la coopération.

En 1979 le mathématicien Robert Axelrod organisa un tournoi entre logiciels autonomes capables de se comporter comme des êtres vivants. Une seule contrainte: chaque programme devait être équipé d'une routine de communication, sous-programme lui permettant de discuter avec ses voisins.