Un aide-mémoire : le cromlech
On trouve aussi des dolmens ou « tables de pierre » qui recouvrent une ou plusieurs chambres funéraires, souvent superposées au fil des époques. Enfin, que ce soit dans les champs de menhirs ou isolément en pleine campagne, on peut observer aujourd’hui encore des cromlechs (en breton : « pierres en rond ») ou leurs restes. Ces cromlechs sont orientés précisément en fonction des équinoxes et solstices. Il est probable, selon les dernières interprétations, qu’ils servaient de calendrier, ou d’aide-mémoire afin de reconnaître le temps des labours, celui des ensemencements, celui des fêtes religieuses aussi, et peut-être des sacrifices pour relancer la machine céleste.
- 3700 : trafic de haches
3700 avant notre ère : des habitants autochtones de Chassey en Saône-et-Loire, nommés depuis les Chasséens, se disent depuis déjà plusieurs siècles que, décidément, les Danubiens – individus de petite taille, au crâne et au visage allongés, au nez épaté – et leur beau Danube bleu, deviennent à la fois monotones et envahissants. Ils décident de les repousser au-delà de la ligne Dunkerque-Belfort. Et puis voici que ces Chasséens s’en vont dans toutes les directions avec leurs fort jolies poteries, leur outillage perfectionné, leurs techniques de culture, leurs silos à grains, leurs bœufs. Ils fondent des villages, creusent des puits, et s’activent pour que la démographie sorte de son anémie millénaire, ainsi, 1 000 ans plus tard, en -2700, la population est passée à un million d’habitants sur le territoire français. De plus, le commerce est florissant : les haches fabriquées par milliers dans les PME de Plussulien dans les Côtes d’Armor sont exportées dans la Communauté européenne de l’époque – Angleterre, Allemagne, Italie.
- 2400 : des cités lacustres ?
Belles images que celles des livres de l’école primaire, au siècle dernier : on y voyait des hommes préhistoriques habitant des cités lacustres afin de se protéger des bêtes féroces après avoir cultivé leurs champs dans la campagne environnante. Cette vision datait du XIXe siècle lorsque le niveau du lac de Zurich ayant baissé, on avait découvert un village isolé du rivage, comme une petite île. Mais, à partir de 1940, on commence à comprendre que les cités hâtivement baptisées lacustres ne sont que le produit d’une imagination simplificatrice. De cité lacustre, point ! Les villages ont été bâtis sur la terre ferme bien avant la montée des eaux du lac. Ainsi, celui de Charavines, dans l’Isère, près du lac de Paladru, qui a livré quantité de renseignements sur la vie des hommes du néolithique entre -2400 et -2300 : on y trouve des récipients, des louches, des cuillères, des peignes, des bobines de fil, des litières pour le bétail, des traces de pas d’hommes et d’animaux. Des cuillères ? Oui ! La restauration rapide n’avait pas encore fait faire aux affamés ce progrès formidable : manger avec les mains…
Pendant ce temps chez nos voisins
Nous sommes tout fiers de nos bâtisseurs de huttes, de nos architectes de tumulus, des émouvantes bobines de fil et des bols de nos ancêtres du néolithique. Soit ! C’est légitime. Mais que se passe-t-il ailleurs ? Eh bien, en Égypte par exemple, on élève des pyramides qui, aujourd’hui encore, nous laissent sans voix ! Kheops, Khephren et Mykerinos ! Cette trinité de pierre pointée vers les étoiles, vers l’ailleurs surtout, intrigue et fascine. Comment ont-ils fait ? Un peu plus au nord, les Sumériens, en Basse Mésopotamie, utilisent l’écriture dès -4000 et développent une remarquable architecture religieuse. Mille ans plus tard, ils coulent le bronze et l’étain, inventent la première calculette, la culture par irrigation, les premiers récits de l’histoire de l’homme (création, paradis, déluge : épopée de Gilgamesh), la démocratie, les élections, l’heure de soixante minutes, l’ordonnance médicale, le moulin à eau, le mariage et le divorce… Babylone est fondée en -2300 par les Akkadiens venus de Mésopotamie (non, pas les Acadiens !). Et nous, avec nos bobines de fil et nos petits bols, nos haches et nos tumulus… Humble, l’histoire rend humble…
- 1700 : la France bronze
Le temps des Celtes
Quittons en douceur la préhistoire, entrons dans l’histoire à la faveur de la grande migration des Celtes, population nouvelle qui s’est mise en route vers la mer, vers l’Occident…
-800 : toujours plus à l’ouest
Les voici, ceux qui nous apportent le fer et le mystère de leurs origines – leurs origines qui sont les nôtres…
Une société nomade hiérarchisée
Comme si elles étaient aimantées par le soleil couchant ou par le rêve d’un océan sans fin, les populations situées au-delà du Rhin ont multiplié les tentatives d’incursion ou d’invasion des territoires de la France actuelle. Ces tentatives ont parfois été repoussées, mais le plus souvent, elles ont réussi, et les nouveaux arrivants apportent avec eux des coutumes, un langage, une religion qui modifient de gré ou de force les habitudes des autochtones. Ainsi, en 800 avant J.-C. arrivent les Celtes qui ont stationné pendant des millénaires dans les steppes d’Asie centrale, s’approchant peu à peu de l’Europe, avant de se décider à partir vers l’Ouest…
La domination des chefs guerriers
Montés sur leurs chevaux enfin domestiqués, les nouveaux venus du nord et de l’est de l’Europe vont se répandre peu à peu en Alsace, en Bourgogne, en Franche-Comté. Ils apportent avec eux des armes et des outils de fer, et ils cherchent des sites où se trouve un minerai facile à exploiter, près de forêts. On les trouve donc en Lorraine, dans la région de Châtillon-sur-Seine et dans le Berry. On parle, pour cette époque (-800) du premier âge du fer, ou de la civilisation hallstattienne. Elle est caractérisée par la domination de chefs guerriers qui font construire sur des hauteurs des sites fortifiés non loin des routes commerciales terrestres ou fluviales. Les convois de marchandises y trouvent des relais qui servent d’entrepôt à condition de verser des taxes et participations diverses.