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Des princes venus d’ailleurs

Ainsi, les princes venus d’ailleurs avec leurs longues épées de fer s’enrichissent, installés sur des hauteurs qui leurs garantissent une domination sans partage à cinquante kilomètres à la ronde au moins – la plus connue de ces éminences (ou oppida – pluriel de oppidum) est la butte du mont Lassois, en Bourgogne, au nord de Châtillon-sur-Seine. L’observation et l’étude des sépultures montre que deux coutumes sont pratiquées : l’inhumation et l’incinération, les cendres étant conservées dans des urnes enterrées en plein champ ou disposées au flanc des falaises.

L’inconnue de Vix

1929. Comme il en a l’habitude, Jean Lagorgette, géologue, cherche des escargots sur les pentes du mont Lassois près de Châtillon-sur-Seine. Il découvre dans l’entrée d’un terrier des tessons de poterie qu’il situe au temps des premiers Gaulois. Dans les mois qui suivent, ce sont des millions de tessons, fibules, et petits objets en bronze et en fonte qui sont récupérés.

Il faut attendre janvier 1952 pour que soit creusée, au pied du même mont, sur la commune de Vix (Côte d’Or), par René Joffroy, professeur de philosophie, et Maurice Moisson, Bourguignon passionné d’histoire, une tranchée au fond de laquelle est découverte une étonnante sépulture. C’est la tombe d’une femme jeune, une trentaine d’années, elle est allongée là, dans un char, depuis plus de 2 500 ans. Elle est parée de tous ses bijoux : collier et bracelets de perles d’ambre et de serpentine ; aux chevilles des anneaux de bronze ; sur la tête, un diadème d’une surprenante beauté. Les roues du char ont été démontées et placées le long des parois de la tombe. Mais le plus étonnant est un vase de bronze qui a été déposé là, un vase énorme puisqu’il fait 1,64 m de hauteur et que son diamètre est de 1,27 m. Il peut contenir 1 100 litres et fait 208,6 kg !

Des recherches ont permis de dater avec précision l’année de fabrication de ce qu’on a appelé le cratère (le vase) de Vix : -525. Qui était cette femme ? Est-ce son visage d’une beauté étrange et rayonnante qui est représenté par la statuette de bronze du couvercle ? D’où venait ce cratère dont on sait qu’il fut livré en pièces détachées ? D’Asie Mineure, de Grèce, d’Italie du Sud ? Ce qui est certain, c’est que Vix se trouvait sur une route commerciale importante, c’était un lieu de passage obligé. Et il fallait sans doute acheter bien cher la bienveillance des gens du lieu ! Ce cratère serait donc un argument de poids ! Et l’inconnue de Vix ? Peut-être une princesse, sûrement une princesse, très belle… Allons, rêvons un peu !

Le Sens des Celtes

Celte ! Ce mot résonne parfois comme un mystère. Qui désigne-t-il ? Mettons-le d’abord au pluriel : les Celtes, car il s’agit d’un ensemble de peuples dont le point commun est de parler une langue indo-européenne. Ils ont occupé une grande partie de l’Europe ancienne. D’où venaient-ils ? Peut-être des steppes d’Asie centrale vers le VIe millénaire avant J.-C. Installés pendant des siècles en Autriche, notamment près de Hallstatt où ils exploitent le sel gemme et connaissent le travail du fer, ils émigrent dans la région de Sens au sud de Paris, donnant naissance à la tribu des Senones ou Sénons. Sens jouait alors le rôle de capitale des affaires économiques. Au nord se trouvait une tribu vassale : celle des Parisii ou Parisiens.

La civilisation hallstattienne

L’adjectif « hallstattienne » vient du nom de Hallstatt, un petit village d’Autriche situé près de Salzburg. On a trouvé là-bas une nécropole de plus de 2 000 tombes dont les premières datent de -900, où sont déposés de nombreux objets en métal, outils, bijoux surtout, parures, décorations témoignant de la maîtrise du fer à cette époque, et de son utilisation dans les rites funéraires pour honorer les défunts de familles aristocratiques. De semblables tombes ont été découvertes dans la partie est de la France.

Les Celtes : des colons

Le mot « Celtes » apparaît chez Hécatée de Milet, historien et géographe grec du VIe siècle avant J.-C. On le trouve aussi chez Hérodote, autre historien, ami de l’homme politique grec Périclès, vers -450. Ce mot viendrait de l’indo-européen kel-kol : colon, désignant ceux qui sont venus conquérir un territoire déjà occupé. Ce pourrait être aussi un dérivé de l’adjectif keleto qui signifie « rapide », les Celtes se déplaçant sur leurs chevaux, à bride abattue. Au IVe siècle avant J.-C., ils occupent l’Europe d’est en ouest. Dans la littérature grecque, on les appelle les « Galate », c’est-à-dire : les envahisseurs. En -168, Caton l’Ancien, écrivain romain, traduit le Galates grec par le latin Galli. Entre kel-kol, le colon, et le Galate, l’envahisseur, il n’y a pas de différence, tous deux sont venus il y a longtemps des steppes d’Asie centrale. Kel-kol a donné Celte, et Galli s’est transformé en Gaulois. Cependant on a décidé de nommer Celtes tous ceux qui envahirent l’Europe il y a bien longtemps, et de donner à ceux qui s’installèrent sur le territoire français, le nom de Gaulois.

Les Parisiens

Que signifie Parisi ? C’est un mot celte qui désigne le peuple des carrières. Les premiers habitants de Paris ont en effet commencé à creuser des galeries (idée reprise beaucoup plus tard, sous le nom de métropolitain, par un certain Fulgence Bienvenüe…) pour extraire le gypse, la pierre à plâtre qui donnait à toute construction la pâle beauté de l’albâtre. On n’a cessé l’exploitation du gypse qu’au début du XIXe siècle. Cela signifie qu’en près de 3 000 ans, le sous-sol de Paris – la Butte Montmartre notamment – a été transformé en véritable gruyère.

-450 : de nouveaux envahisseurs

Vers -450, voici, après la première vague de -800, de nouveaux envahisseurs venus de l’est qui arrivent en Gaule. Ils s’installent notamment dans une Champagne peu peuplée, apportant avec eux de nouveaux rites funéraires : plus de tumulus ou d’urnes, mais des tombes plates. Les chefs portent un casque à pointe, de bronze décoré d’émail ou de corail, ou bien orné de cornes de taureau ou d’ailes d’oiseau. Les épées sont de meilleure qualité, gravées d’arabesques et de motifs tarabiscotés. Évidemment, des combats s’engagent avec les populations autochtones déjà installées, souvent issues des précédentes vagues de migration. Et le spectacle est étonnant : en effet, par bravade, par conviction d’invincibilité, peut-être même par exhibitionnisme – sait-on jamais… –, les guerriers gaulois vont souvent au combat torse nu, et même sans rien d’autre sur eux que leur épée, ce qui, il faut l’avouer, n’est pas forcément la meilleure façon de parer les coups. Nus, ils sont tout nus ! Et ils avancent au mépris du danger, dans le plus grand désordre, sans stratégie ou tactique. De toute façon, s’ils tombent au combat, seul leur corps meurt, leur esprit passe dans le corps de leur voisin !

La période de La Tène

On a nommé le deuxième âge du fer qui commence en -450 la période de La Tène. Tène est une ville de Suisse située sur les rives du Bas-Lac de Neuchâtel où on a découvert un site datant de cette époque. La période de la Tène qui couvre plus de quatre siècles est divisée en Tène I, de -450 à -300, Tène II, de -300 à -100, et Tène III, de -100 à notre ère.