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30 mai 1968 : de Gaulle « Je ne me retirerai pas ! »

29 mai 1968. Vous n’auriez pas vu le général ? Où est passé le général ? Mystère ! Il s’est envolé ! Et ce n’est pas une image : il s’est envolé vers l’Allemagne, plus précisément pour Baden-Baden où sont stationnées les Forces françaises d’Allemagne (les FFA) qui ont à leur tête une vieille connaissance du chef de l’État : le général Massu. Que se disent-ils ? On ne le saura pas, mais dès le lendemain, 30 mai, de Gaulle est de retour. À la radio, il annonce fermement : « Je ne me retirerai pas ! » et le soir, un million de personnes se rassemblent sur les Champs-Élysées pour le soutenir. Il dissout l’Assemblée, annonce des élections qui se déroulent les 23 et 30 juin. Les candidats gaullistes triomphent. Mai 68, c’est fini. Les Français s’en vont tranquillement sur les plages dès le 1er juillet.

1970 : Marianne pleure son chêne abattu

Le 9 novembre 1970, celui qui confia un jour à son ministre de l’Intérieur Alain Peyrefitte : « Toute ma vie, j’ai fait comme si ! » entrait dans la liste prestigieuse des grands acteurs de l’Histoire.

« Si le non l’emporte… »

Qu’imaginer, après 68, pour répondre aux aspirations du pays ? La régionalisation ! De Gaulle y croit et se persuade que le pays l’attend. Elle permettrait une décentralisation qui accorderait davantage de pouvoirs aux élus des vingt et une régions-programme créées en 1964. Par ailleurs, dans les entreprises, une politique de participation est mise à l’étude afin d’associer les salariés aux bénéfices. Tout cela est soumis aux Français par référendum. De Gaulle prévient : si le non l’emporte, il se retire.

« La France est veuve »

Le 27 avril 1969, le non l’emporte – 53,18 %. De Gaulle rentre à Colombey-les-Deux-Églises, pour ne plus jamais revenir. Il meurt le 9 novembre 1970, à quatre-vingts ans. « La France est veuve ! », déclare Georges Pompidou. Jacques Faizant, dans Le Figaro, représente une Marianne – la France – qui pleure sur un chêne abattu. À Notre-Dame, le 12 novembre, une cérémonie religieuse réunit des chefs d’État venus du monde entier.

La pilule, des chansons et des films

Bien des choses ont changé dans les années 60-70. On pense évidemment au projet du chanteur Antoine dans ses Élucubrations, en 1968 : mettre la pilule en vente dans les Monoprix. La pilule contraceptive se banalise à partir de la fin des années 60, conduisant à une liberté sexuelle jamais connue encore. La pilule a été découverte en 1956 aux États-Unis.

La chanson, quant à elle, pense et souffre en ces temps où on écrit encore les textes autant que les mélodies : Brel, en 1959, interprète Ne me quitte pas, Gainsbourg, en 1963, La Javanaise, et Léo Ferré offre au public, en 1970, ce titre magnifique : Avec le temps. Changement de cap avec les yéyés : leurs chansons musclées ou tendres exploitent davantage les rythmes – twist ou slow – empruntés aux Étasuniens que l’écriture ciselée de leurs aînés… Johnny Halliday fait un malheur avec Retiens la nuit ou Le Pénitencier, Sylvie Vartan est La plus belle pour aller danser, Françoise Hardy chante Tous les garçons et les filles de mon âge, Jacques Dutronc Et moi, et moi, et moi..., et le sautillant Claude François Belles, belles, belles.

Des films marquent cette époque : Jules et Jim de François Truffaut en 1962, La Grande Vadrouille de Gérard Oury en 1966, Ma Nuit chez Maud d’Éric Rohmer en 1969, avec Jean-Louis Trintignant, Les Choses de la vie, de Claude Sautet, en 1970, avec Michel Piccoli. La télévision, les réfrigérateurs, les congélateurs colonisent en masse les foyers modestes qui se reconnaissent dans un petit personnage sympathique et futé, né sous les plume et pinceau de René Goscinny et Albert Uderzo en 1959 : Astérix le Gaulois.

Chapitre 24 1969 à 1995 : Le prix de la modernisation : la rigueur

Dans ce chapitre :

Découvrez le débonnaire Pompidou

Visitez la France de Giscard

Faites des économies avec Raymond Barre

Modernisez-vous pendant les quatorze années Mitterrand

Après la disparition de Charles de Gaulle, son Premier ministre Georges Pompidou devient président de la République. L’homme à la cigarette, à la voix grave et ferme plaît à la France qui s’attriste sincèrement de sa mort en 1974. Valéry Giscard d’Estaing le remplace ; il tente d’installer en France ce qu’il appelle la « société libérale avancée », vaste programme qui se réduit, sous la contrainte économique, à la chasse au gaspi de Raymond Barre en 1979. En 1981, François Mitterrand va être élu président de la République, mandat renouvelé en 1988. Deux cohabitions plutôt réussies vont marquer ces quatorze années de présidence.

Pompidou, Giscard : la marche vers la rigueur

Il est difficile de prendre la succession d’un homme tel que Charles de Gaulle. Pourtant, le pari est réussi par l’homme à la cigarette, l’ami des poètes dont la voix grave et le propos précis séduisent une France sensible à la simplicité.

Pompidou et la nouvelle société

Georges Pompidou, issu d’un milieu modeste, image de la réussite d’un fils d’instituteur – Louis-le-Grand, Normale Sup’, reçu premier à l’agrégation de lettres – laisse le souvenir d’un président débonnaire et proche du peuple.

15 juin 1969 : Georges Pompidou président

George Pompidou, Michel Rocard pour le PSU, Gaston Defferre pour le PS, Jacques Duclos pour le PC, Alain Krivine pour les trotskistes, Louis Ducatel, un indépendant, et Alain Poher proposent aux Français d’être parmi eux un successeur au général. C’est Georges Pompidou qui l’emporte le 15 juin, et devient le président de la République. Jacques Chaban-Delmas, ancien résistant, maire de Bordeaux, premier président de l’Assemblée nationale en 1958, est choisi comme Premier ministre.

Nouvelle société, nouvel avion…

Les années 70 sont le temps des grandes réalisations dans le domaine des industries de pointe – Airbus, la fusée Ariane –, le temps de la « nouvelle société » où les patrons et les salariés s’engagent à développer le partenariat social. C’est aussi le temps de l’Europe qui s’agrandit au Royaune-Uni, à l’Irlande, au Danemark – le 23 avril 1972, Georges Pompidou propose aux Français par voie de référendum cette nouvelle carte européenne, il récolte 50 % d’abstentions…

2 avril 1974 : la mort de Georges Pompidou

La gauche ne demeure pas inactive : au congrès d’Épinay, les 11 et 12 juin 1971, François Mitterrand prend la direction du parti socialiste. En 1972, il signe avec les communistes un programme commun de gouvernement. Cette alliance inquiète le pouvoir en place, mais un autre souci commence à s’emparer de tous les Français : le président est malade. Ils l’ont lu dans les journaux, ils l’ont vu à la télévision : Georges Pompidou, physiquement, a changé, son embonpoint traduit l’évolution de sa maladie, une maladie rare – un cancer sanguin, la maladie de Waldenstrom – dont il va mourir le 2 avril 1974, après avoir lutté courageusement, jusqu’au bout.