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Mai 1979 : la chasse au gaspi

Raymond Barre est reconduit dans ses fonctions de Premier ministre. Mais la réussite de ses méthodes est mise à mal par le deuxième choc pétrolier en mai 1979 – le premier, en 1973, avait compromis la croissance, augmenté le chômage et l’inflation. C’est alors qu’est lancée une chasse au gaspi : on cherche par tous les moyens à faire des économies d’énergie afin de limiter les importations de pétrole ; l’adoption de l’heure d’été en 1976 poursuivait déjà cet objectif. Malgré tous les efforts de Raymond Barre, le nombre de chômeurs atteint 1 500 000, et l’inflation est de près de 14 % par an !

Pendant ce temps chez nos voisins

Le 4 novembre 1980, Ronald Reagan devient président des États-Unis, il succède à Jimmy Carter. Le 31 octobre 1984, le Premier ministre indien Indira Gandhi est assassinée. En novembre 1989, le mur de Berlin est détruit, c’est la chute du régime communiste. Le 3 novembre 1992, Bill Clinton devient le 42e président des États-Unis, il est réélu en 1996. En 1994, d’avril à juillet, au Rwanda, des extrémistes hutus massacrent les Tutsis. En décembre 2000, George W. Bush est élu président des États-Unis, son père avait occupé cette fonction de 1989 à 1993.

D’abord un bruit léger, pianissimo, murmure et file…

Une étonnante rumeur commence à ramper, puis à courir dans les salles de presse et un peu partout à partir du mois d’octobre 1979 : le président Valéry Giscard d’Estaing aurait reçu, à plusieurs reprises, et à titre personnel, des diamants de la part de l’empereur de Centrafrique, Bokassa Ier ! Exploitée par l’opposition, cette rumeur ne va pas s’éteindre. Elle se mêle à la campagne électorale de 1981 et remplace la petite phrase de 1974… – sans qu’il faille cependant lui attribuer un rôle décisif ! Valéry Giscard d’Estaing, au second tour des élections présidentielles de 1981, obtient 48,25 % des suffrages, et François Mitterrand 51,75 %.

François Mitterrand : quatorze années de présidence

Aucune hyperbole n’est de trop lorsque François Mitterrand arrive au pouvoir. L’« état de grâce » dure trois ans, la rigueur économique finissant par s’imposer. Elle est d’autant plus difficile à faire passer que le chômage ne cesse de progresser. C’est Laurent Fabius qui est chargé de faire admettre la rigueur aux Français, avant que la droite revienne et que se mette en place la première cohabitation. En 1988 débute un deuxième état de grâce qui porte pour un second mandat à la présidence François Mitterrand, image de la « Fransunie ». Celui-ci tente une ouverture au centre en nommant Michel Rocard Premier ministre qui règle le problème calédonien, instaure le RMI, crée la CSG. Édith Cresson le remplace en 1991. Elle laisse, dans le florilège des déclarations de responsables politiques, quelques métaphores piquantes, et certains jugements à l’emporte-pièce qui contribuent à l’écarter du gouvernement au profit de Pierre Bérégovoy, l’honnête homme dont on connaît la fin tragique.

1981 : la France de Mitterrand

François Mitterrand, né à Jarnac en 1916, est le cinquième d’une famille de huit enfants. Son père, d’abord cadre des Chemins de fer, est devenu industriel vinaigrier. François Mitterrand, en 1981, a déjà une longue carrière politique derrière lui : député de la Nièvre en 1946, il occupe divers postes ministériels – dont celui des Anciens combattants, et celui de l’Intérieur sous Mendès-France – pendant une dizaine d’années. En 1965, aux présidentielles, il met de Gaulle en ballottage. En 1974, aux mêmes élections, il est battu de justesse par Valéry Giscard d’Estaing. En 1981, il est élu à la présidence de la République.

La vie en rose

L’élection du président François Mitterrand, le 10 mai 1981, déclenche des manifestations d’enthousiasme. Le 21 mai 1981, il pénètre seul dans le Panthéon et dépose trois roses sur le tombeau de Victor Schoelcher – qui abolit l’esclavage en 1868 –, sur ceux de Jean Jaurès et de Jean Moulin. Le même jour, le maire de Lille, Pierre Mauroy, est nommé Premier ministre. Son gouvernement va comporter quatre ministres communistes. Le 22 mai, l’Assemblée nationale est dissoute. Le 21 juin, alors que se déroule la première fête de la musique imaginée et lancée par Jack Lang, le parti socialiste remporte la majorité à l’Assemblée nationale aux élections législatives – 285 sièges contre 196 à l’opposition.

10 octobre 1981 : abolition de la peine de mort

Les lois permettant d’appliquer le programme du candidat Mitterrand sont rapidement votées : la peine de mort est abolie le 10 octobre 1981. Le 13 janvier 1982 paraissent les décrets sur les trente-neuf heures de travail par semaine, et sur la cinquième semaine de congés payés. Le 3 mars, les lois Defferre sur la décentralisation sont promulguées. Elles renforcent considérablement la responsabilité des élus dans les départements et les régions ; le président du Conseil général et celui du Conseil régional disposent désormais d’un pouvoir exécutif. Le SMIC – salaire minimum interprofessionnel de croissance, qui a remplacé en 1970 le SMIG – et les prestations sociales sont augmentés afin de relancer la croissance. Mais aucune mesure ne permet d’enrayer l’inflation qui demeure élevée, ni le chômage qui continue de progresser : deux millions de travailleurs sans emploi en 1983.

Pierre Mauroy bloque les salaires et les prix

Le gouvernement Mauroy décide alors d’instaurer la rigueur : blocage des salaires et des prix, augmentation des impôts – la recette Barre. Les rêves de mai 1981 s’évanouissent dans les urnes : la gauche perd trente et une villes de plus de 30 000 habitants aux élections municipales en 1983, et recule nettement aux élections au Parlement européen du 17 juin 1984 – ce jour-là, 43,2 % des Français s’abstiennent de voter – le Front national obtient 11 % des suffrages exprimés.

Quid du grand service public d’enseignement ?

Parmi les projets et promesses du candidat Mitterrand, celui concernant la création d’un grand service public laïc unifié – c’est-à-dire celui de la nationalisation de l’enseignement privé – vient à l’ordre du jour en mars 1984, Alain Savary étant ministre de l’Éducation. Cette éventualité provoque, le 24 juin, à Versailles, le rassemblement de plus d’un million de personnes qui manifestent contre le projet Savary – projet abandonné aussitôt par François Mitterrand qui reconnaît publiquement, le 12 juillet 1984, que la position qu’il avait prise était une erreur. Une semaine plus tard, Pierre Mauroy donne sa démission.

1984 : Faire accepter la rigueur

Laurent Fabius a tout pour réussir. Il réussit d’ailleurs parfaitement, dans un premier temps, la mission que lui confie le Président. Mais l’affaire du Rainbow Warrior et celle du sang contaminé vont nuire à son image et à sa carrière.

Le plus jeune Premier ministre donné à la République

Normale Sup, agrégation de lettres, Sciences Po, ENA, et, à trente-sept ans, le plus jeune Premier ministre donné à la République ! Difficile de faire mieux que Laurent Fabius qui, succédant à Pierre Mauroy, prend ses fonctions le 18 juillet 1984. Tout, dans son attitude, ses interviews télévisées, traduit sa volonté de se concilier l’opinion afin de remplir le rôle que Mitterrand lui a assigné : faire passer la rigueur nécessaire à l’incessante montée du chômage – alors que l’inflation a pu être réduite à 5 %.